Geodis a été choisi, vendredi 13 avril 2012, pour reprendre Sernam, le transporteur en difficulté.
Le tribunal de commerce de Nanterre a examiné, à 17 heures la seule offre en lice, celle de la filiale de logistique de la SNCF, qui a présenté mardi 10 avril 2012 une offre améliorée pour Sernam, en redressement judiciaire depuis le 31 janvier 2012. C'est officiel, Geodis reprend le Sernam. Mais le sort des 1.400 salariés reste encore incertain.
Geodis reprend le Sernam, transporteur de marchandises implanté à Chalon, Auxerre et Gevrey-Chambertin. Ancienne filiale de la SNCF, le Sernam avait été privatisé en 2005 et acquis par le fonds Butler Capital. Mais la société n'a pas résisté à la concurrence exacerbée du secteur, combinée à la crise économique. Geodis avait accepté, mardi 10 avril 2012, de mettre davantage sur la table pour la reprise du fonds de commerce: 500.000 euros contre 50.000 euros initialement, selon lui (certaines sources ont évoqué une somme de départ de 96 euros), auxquels s'ajouteraient 250.000 euros proposés par BMV, sa filiale à 30%.
Mais Geodis n'a pas amélioré sa proposition en matière d'emploi, en n'offrant toujours de sauvegarder que 826 postes.
Sernam compte encore 1.441 employés, contre 1.600 fin janvier, après une série de départs liés aux difficultés financières de l'entreprise. Selon une source proche du dossier, l'offre inclurait en réalité le maintien de seulement 622 postes et le reste en reclassements. Pour les salariés non concernés par l'offre de reprise, une cellule de reclassement sera mise en place.
Le ministère du Travail a aussi réuni à plusieurs reprises différents acteurs du secteur du transport et de la logistique, SNCF, la Poste, fédérations patronales et entreprises pour mettre sur pied une Bourse à l'emploi. La SNCF, où la rotation des salariés est importante, estime à environ 500 les postes qui pourraient correspondre à des profils d'employés de Sernam. Les postes offerts seront "réservés" à ces derniers, a assuré Maxime Dumont, secrétaire général de l'Union fédérale route CFDT.
Dans tous les cas, les salariés sont assurés de toucher leurs payes en avril, selon l'avocate du Comité d'entreprise Aline Chanu. L'issue du dossier Sernam est éminemment sensible à l'approche de l'élection présidentielle, le gouvernement souhaitant éviter à tout prix des licenciements à moins de dix jours du premier tour. Il avait déjà fait en sorte que le candidat à la reprise de Sernam n'ait pas à rembourser 642 millions d'euros d'aides d'Etat jugées illégales par la Commission européenne, comme le demandait le patron de Géodis, Pierre Blayau. Sa deuxième condition pour le dépôt d'une offre tenait à la date de prise de contrôle de l'entreprise. M. Blayau exigeait d'en avoir la jouissance 28 à 45 jours après la décision judiciaire. Mais il a dû se résoudre à proposer une reprise en main dès le 7 mai.