Depuis 5 heures ce matin, les salariés de la centrale électrique à charbon manifestent leur colère.
Montceau (71): grève à la centrale Lucy
Les salariés de la centrale Lucy ont manifesté pour que la centrale thermique continue son activité. Une journée de blocage, avec distribution de tracts sur la RCEA. Une délagation a été reçue en mairie de Montceau.
Au lendemain d'un Comité Central d'Entreprise très houleux, un cinquantaine de salariés de la centrale Lucy ont décidé de passer à l'action. Une grève débutée tôt ce jeudi 27 septembre, pour manifester leur colère.
Vers 10 heures, ils ont décidé de bloquer la RCEA (Route Centre Europe Atlantique) au niveau de l'échangeur du Magny à Montceau-les-Mines, à un kilomètre de leur centrale. Un barrage filtrant qui a été levé à 11 heures.
Le conflit porte sur un plan social qui devrait impacter, dès le 11 octobre prochain, la SNET (Société Nationale d'Electricité et de Thermique, qui fait partie du groupe allemand E.ON). Selon les syndicats CGT, FO, CFTC et CFE-CGC, qui dénoncent l'attitude de leur direction et redoutent un plan social sans précédent dans le secteur, le mouvement concerne aujourd'hui l'ensemble des sites de la SNET en France. Voici des extraits du communiqué qu'ils ont lu hier lors du CCE :
"Que ce soit au niveau local ou national, vous ne respectez pas vos obligations concernant la remise de documents, pire, vous vous exonérez volontairement de vos responsabilités d'employeur dans plusieurs domaines. (...)
A la veille d'annonces aussi importantes pour l'avenir des sites, et attendues par le personnel inquiet pour son avenir, vous refusez de transmettre le projet de réorganisation aux élus du CCE, ce qui leur ôte toute possibilité d'analyse. (...)
En réponse à votre attitude depuis le CCE du 3 avril, l'intersyndicale a déposé un préavis de grève prenant effet le 26 septembre, et prendra ses responsabilités pour tenter de sauvegarder l'outil de travail et les emplois."
Les salariés d'E.ON France, filiale du numéro un allemand de l'énergie, étaient en grève nationale jeudi contre le projet de fermeture de cinq unités à charbon et la suppression de 538 emplois. "La grève est suivie par plus de 80% des salariés. Les unités sont arrêtées et il n'y a aucune production de gaz ou de charbon qui sort", a affirmé à l'AFP Jean-Pierre Damm responsable FO chez E.ON France.
En juin dernier, la direction de la filiale française a confirmé aux 885 salariés vouloir fermer cinq tranches sur les sept que comptent ses quatre centrales à charbon héritées de la Société nationale d'électricité thermique (SNET, Saint-Avold en Moselle, Hornaing dans le Nord, Lucy en Saône-et-Loire, et la centrale de Provence, à Gardanne dans les Bouches-du-Rhône).
E.ON France considère officiellement que ces centrales à charbon sont condamnées à cause du durcissement prévu d'ici 2015 de la législation environnementale européenne. Un comité central d'entreprise est prévu le 11 octobre où "un projet de réorganisation"
des "activités industrielles de production d'électricité en France ainsi qu'un projet de mesures d'accompagnement social", sera présenté aux partenaires sociaux, a assuré la direction à l'AFP.
Les syndicats devraient recevoir "dans les jours qui viennent" le contenu du projet de la direction, a précisé M. Damm. Le ministre Arnaud Montebourg va recevoir les fédérations syndicales avec les élus des secteurs concernés dans les quinze jours, a ajouté le syndicaliste. Mi-août, le numéro un allemand E.ON a confirmé ses objectifs pour 2012, à savoir un excédent brut d'exploitation entre 10,4 et 11 milliards d'euros et un bénéfice net hors exceptionnels compris entre 4,1 et 4,5 milliards d'euros.
Le bras de fer entre les salariés et la direction se poursuit donc. En avril dernier, les manifestants de Lucy s'étaient déjà invités à un CCE à Paris pour se faire entendre.