A.Montebourg, ministre du Redressement productif, au secours des salariés de Fralib. Unilever est contraint de négocier.
Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a annoncé vendredi 25 mai 2012 aux salariés en lutte depuis plus de 600 jours contre la fermeture de l'usine Fralib que son propriétaire, Unilever, acceptait de reprendre les négociations sur des scénarios de reprise.
Venu "à la demande du président de la République et du Premier ministre", Arnaud Montebourg s'est exprimé aux portes du site devant une centaine de salariés, sur les 182 initiaux, qui s'opposent à la fermeture décidée par Unilever faute de compétitivité par rapport à ses usines en Belgique et en Pologne.
"Unilever a pris l'engagement de ne pas demander l'évacuation du site" après la date butoir du 1er juin fixée à la mi-mai par la justice en réponse à une réoccupation de l'usine par les salariés, et "les machines ne partiront pas aussi longtemps que les négociations dureront", a affirmé le ministre. "Notre objectif est de défendre notre outil industriel et tous les emplois qui risquent d'être supprimés", a-t-il insisté.
"Fralib et Unilever se rendront à la table ronde souhaitée par le ministre du Redressement productif", a confirmé le groupe, assurant qu'il voyait là "une bonne nouvelle" et ajoutant qu'il reportait "à fin juin" toute demande d'expulsion des salariés de l'usine, la seule en France à produire les thés Lipton et les infusions L'Eléphant.
Outre celui de M. Montebourg, plusieurs ministères participeront à la dite table ronde: ceux de la Solidarité, de l'Emploi et de l'Agriculture. Sous la houlette d'un médiateur de l'administration, seront étudiés différents scénarios de reprise, au premier chef un projet de coopérative des salariés, mais aussi celui d'un fabricant de chips local qui créerait quelques dizaines d'emplois. Avec une clause de revoyure dans un mois.
"Cette table ronde, c'est ce qu'on veut depuis 605 jours, on ne peut être que satisfait", a réagi Gérard Cazorla, secrétaire CGT du comité d'entreprise. "Le vent a tourné pour Unilever. Ils avaient leurs alliés dans l'ancien gouvernement pour nous liquider. Aujourd'hui, les portes s'ouvrent alors qu'elles étaient verrouillées depuis longtemps", a-t-il ajouté. Les salariés avaient enregistré "une première victoire" jeudi 24 mai 2012 avec l'annonce de la préemption du terrain de l'usine par la communauté urbaine de Marseille, dont le président socialiste Eugène Caselli était aux côtés de M. Montebourg vendredi, parmi d'autres élus PS.
La justice avait validé, le 20 avril 2012, un troisième plan de sauvegarde de l'emploi préparé par Unilever, après avoir retoqué les deux premiers. La CGT, largement majoritaire dans l'usine, avait fait appel. L'envoi de lettres de licenciement à 80 salariés et des préparatifs à un déménagement des machines avait surtout incité le syndicat à réoccuper le site au lendemain du second tour de la présidentielle, tout en appelant François Hollande, qui avait affiché son soutien aux salariés de Fralib durant la campagne, à tenir ses promesses.
Le projet de coopérative des salariés, soutenu par les collectivités locales mais que la direction d'Unilever juge non rentable, vise à développer une production plus naturelle à l'aide des machines en place. Il nécessite aussi que le groupe leur cède