"La loi Evin a fonctionné sur le tabac, mais pas pour le vin", estime le président de la Région Bourgogne.
Le sénateur PS de Côte-d'Or et ancien ministre de l'Agriculture a fait ce mea-culpa lors d'un colloque initié par l’association Vins et Société qui s'est tenu à l’Assemblée Nationale le 29 novembre 2011.
Ce colloque avait pour thème " La Loi Evin 20 ans après : mission accomplie ? Enjeux et perspectives pour la filière viti-vinicole". Lors de son intervention, François Patriat a déclaré : "Je plaide coupable, puisque j'ai voté cette loi. A l'époque, il s'agissait de publicité, et voilà que toutes les formes de communication y sont mêlées. La loi Evin a fonctionné sur le tabac, mais pas pour le vin. Pour moi, dans ce domaine, elle est une mauvaise réponse. Je le dis : si c'était à refaire, je ne revoterais pas la loi Evin ! Et s'il le faut, moi je suis prêt à ré-ouvrir le texte de loi."
Des voix de plus en plus nombreuses s'élèvent pour demander que la loi Evin soit précisée, modifiée ou réécrite. Les opposants dénoncent une baisse de la consommation de vin qui frappe "bon nombre de professions rattachées à ce secteur d’activité – restaurateurs, acteurs du tourisme, etc". Mais, cette même loi "semble avoir provoqué, chez les jeunes consommateurs, un nouveau comportement, plus inquiétant, celui du binge drinking (biture expresse)", disent-ils.
"La bêtise aurait été de persévérer"
"Je ne suis guère étonné de ce grand mea culpa de François Patriat", déclare Daniel-Etienne Defaix, vigneron à Chablis. "C’est un homme juste, responsable de ses paroles et même de ses erreurs comme il vient de le prouver, c’est tout à son honneur ! Bravo pour ce courage monsieur Patriat ! La bêtise aurait été de persévérer sur un chemin purement idéologique", poursuit Daniel-Etienne Defaix.
"Depuis 25 ans nous sommes une poignée de professionnels à "pleurer" des panneaux "Chablis" sur l’autoroute A6 sans que rien ne bouge (si ce n’est des promesses de tous bords que nous ne comptons plus) : une fois, c’est de la faute à la société des autoroutes ; une autre foi, c’est de la faute à la loi Evin, voire même parfois, c’est de la faute à l’Europe ! Bref, c’est toujours de la faute de l’autre et tout le monde s’en satisfait en silence ou râle en salon, mais rien ne bouge", déplore le viticulteur icaunais.
"Loin de vouloir dédramatiser les méfaits des abus en tout genre, l’heure semble venue à une remise en question de cette loi considérée par beaucoup comme trop « englobante » ou « généralisante » aux dépens de toute une économie, mais aussi d’une culture et d’une Histoire, celle de notre pays", conclut Daniel-Etienne Defaix.