La tentative de suicide d'une enfant est à l'origine de cette campagne de sensibilisation aux dangers du net.
Les dangers du web pour les mineurs
La Haute-Saone lance une opération de communication à destination des enfants sur les riques qu'ils encourent sur internet. Une première en France qui fait suite à un drame évité de justesse.
Les autorités du département lancent une campagne de prévention face aux usages illégaux sur le web. Objectif : expliquer aux enfants que tout n’est pas permis sur Internet. Une première en France.
Tout est parti d’une affaire qui aurait pu très mal se terminer au printemps dernier. Des photos dénudées d’une fillette de 11 ans, scolarisée dans un établissement de Haute-Saône, circulent par MMS entre les élèves de sa classe. Rapidement les clichés font le tour de la cour du collège. Puis les images se retrouvent sur internet. Et là c’est l’escalade : les insultes et les commentaires graveleux pleuvent sur les réseaux sociaux. La jeune fille tente de se pendre.
C’est cette tentative de suicide qui a convaincu les autorités de Haute-Saône d’agir. Pour la première fois en France, préfecture, gendarmerie, Justice, Education nationale et associations lancent une campagne de prévention sur les risques liés à internet.
« Il ne s’agit pas de diaboliser l’informatique, mais de faire de la pédagogie », souligne le Préfet de Haute-Saône, Eric Freysselinard. Le représentant de l’Etat dans le département, lui-même très actif sur les réseaux sociaux, est convaincu de l’utilité d’Internet. « C’est un vecteur de communication comme un autre, poursuit l’adjudant de gendarmerie Jean-Louis Lamboley. Tout dépend de ce que l’on en fait. Comme dans la vraie vie, cela peut être le meilleur comme le pire ».
Une aide d’urgence par téléphone gratuite
Le pire, c’est justement ce qui peut pousser une préadolescente au suicide. Insultes, piratage, non-respect du droit à l’image : l’enchaînement de toutes ces infractions peut avoir des conséquences terribles. « Dans la plupart des cas, heureusement, ces affaires n’en arrivent pas à de telles extrémités, précise le procureur de la République de Vesoul, Jean-François Parietti. Mais informer avant qu’il n’y ait des catastrophes, cela permet d’éviter des catastrophes ».
Voilà pourquoi les autorités ont mis en place un numéro de téléphone gratuit pour venir en aide aux enfants et aux parents : le 0800 200 200. Cette plateforme est complétée par un site internet www.info-familles.netecoute.fr et par un dépliant qui sera distribué dans tous les collèges et lycées de Haute-Saône.
« Ne donne jamais ton mot de passe »
Ce petit fascicule destiné aux élèves détaille les principaux risques qu’ils peuvent rencontrer sur internet. « Un pseudo peut cacher n’importe qui, sois vigilant ». Ou encore : « Ne donne jamais ton mot de passe ». Autant d’exemples de mauvaises rencontres que les enfants pourraient faire sur le web avec des adultes malintentionnés.
Mais le dépliant insiste aussi sur la cyber-délinquance que les mineurs peuvent eux-mêmes perpétrer. « N’oublions pas que les jeunes peuvent être agressés, mais qu’ils peuvent aussi être les agresseurs », rappelle le Préfet. Aussi pour éviter d’autres tentatives de suicide, la brochure explique qu’il est interdit de poster des insultes sur les réseaux sociaux, d’usurper l’identité de quelqu’un sur Facebook, ou encore de diffuser des vidéos ou des photos sans l’autorisation de celui qui se trouve sur l’image. Le ton est parfois même un peu plus sévère : « Que ce soit sur ton blog ou sur les réseaux sociaux, tu peux être sanctionné par la loi ».
Des séances pédagogiques dans les collèges et lycées.
« Le problème, c’est que les enfants n’ont que rarement conscience des infractions qu’ils commettent, soupire Jean-François Parietti. Ils ne s’en rendent compte que lorsqu’ils sont confrontés à une procédure judiciaire ». Pour faire changer les mentalités dans les cours d’écoles, des séances pédagogiques seront donc organisées prochainement dans les collèges et lycées de Haute-Saône.
Des associations comme l’UDAF 70 (union départementale des associations familiales) ou l’ANPAA (association nationale de prévention en alcoologie et addictologie) interviendront en classe. Des gendarmes pourraient aussi les seconder pour faire évoluer le regard des jeunes sur Internet. « Mais pour que cela fonctionne, il faut aussi que les parents jouent leur rôle », continue l’adjudant Jean-Louis Lamboley. Trop souvent en effet, les enfants surfent dans leur chambre sans dire aux adultes ce qu’ils font sur internet. Dans de nombreux cas, les parents sont même totalement démunis, car ils ne maîtrisent pas du tout l’informatique.
Là aussi les autorités ont décidé de faire de