Comment expliquer la présence de cette espèce au beau milieu du Doubs ? Après avoir été trouvée par des agents municipaux en service le lundi 22 août, la tortue serpentine a été recueillie par le centre Athénas.
« On l’a trouvé dans un cours d’eau, le raccourci a été vite fait, on lui a donné un nom de tortue Ninja, Donatello ». La tortue, Clément l’a trouvé dans un ruisseau de sa commune. Il est agent technique à la mairie de Pouilley-les-Vignes, près de Besançon (Doubs).
Ce jour-là, lui et son collègue Quentin, ont pour mission de dégager un panneau de signalisation. Au moment de retirer le lourd objet de l’eau, Clément aperçoit un mouvement. « Je vois une bête partir à toute vitesse, rapidement, je l’identifie comme une tortue ».
"Impressionnant"
Oui mais voilà, quelques secondes plus tard, la bête n’est plus là. Disparue. L’eau est trouble désormais, remuée par les travaux de maintenance. Quentin, de son côté, est dubitatif. « Au début, il ne m’a pas cru », sourit Clément.
Le lendemain, les deux collègues retournent sur le site. Elle est bien là. « A la surface de l’eau, paisiblement installée. » La récupérer s’avère plus difficile que prévu. « Une fois réveillée, elle était ultra-tonique, je l’ai saisi avec des gants bien costauds. Le peu de fois où nous l’avons manipulée, elle tendait son cou, elle claquait le bec, c’était assez impressionnant à voir ». Mieux vaut ne pas laisser traîner sa main.
Des hivers froids
Le maire est prévenu de cette rencontre inattendue, le centre Athénas aussi. Ces derniers sont spécialisés dans le sauvetage d’animaux sauvages. Ils acceptent immédiatement de prendre en charge l’animal.
L’histoire, aussi surprenante soit-elle, n’a rien de drôle pour le centre Athénas. Identifiée comme tortue serpentine, cet animal n’a aucune raison de se retrouver en plein cœur du Doubs. « C’est une espèce d’Amérique du Nord, elle est en mesure de supporter des hivers froids, et même le gel d’un plan d’eau en vivant en semi-léthargie sous la glace », détaille Gilles Moyne, directeur du centre Athénas situé dans le Jura.
"Dangereuse et invasive"
L’animal est donc adapté au climat franc-comtois. Avec ses 20 kilos et ses 80 centimètres de long, cette tortue a de quoi impressionner. « C’est une espèce considérée comme dangereuse et invasive. Elle peut couper le doigt d’une personne. C’est un prédateur opportuniste. Lorsqu’elle ouvre son bec (8 cm), elle peut attraper poissons, amphibiens, petit rongeurs, des oiseaux… elle a une détente d’environ 20 cm, c’est comme ça qu’elle capture ses proies. »
Trafic d'animaux sauvages
Pourquoi et comment cette tortue s’est-elle retrouvée en plein milieu d’un ruisseau du Doubs, à des milliers de kilomètres de son habitat naturel ? Pour le directeur du centre Athénas, « c’est vraisemblablement un animal qui a été vendu et importé illégalement. C’est une espèce trafiquée parce c’est un commerce très juteux », déplore Gilles Moyne. « Détenir des animaux sauvages, c’est une hérésie. Les tortues ne sont pas des éléments de décor. Elle s’est peut-être sauvée de son lieu de détention, ou alors elle a été jetée dans la nature. » Le centre Athénas cherche désormais un lieu de confiance pour l’animal