INTERVIEW. Vaccination : "Il est encore possible d'atténuer fortement la quatrième vague" en Bourgogne-Franche-Comté

Le directeur général de l'Agence régionale de santé de Bourgogne-Franche-Comté, Pierre Pribile, fait le point sur la campagne de vaccination contre le Covid-19 alors que le variant Delta poursuit sa diffusion au sein de la population.

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La vaccination s'accélère dans notre région, comme partout en France. Est-ce qu'il y a une réelle prise de conscience, ou est-ce qu'il ne faut pas encore un peu accentuer la marche ?

Pierre Pribile, directeur général de l'Agence régionale de santé de Bourgogne-Franche-Comté : Il y a un véritable rebond de la vaccination depuis l'allocution présidentielle du 12 juillet. Pour vous donner un ordre de grandeur, la semaine précédent l'intervention du président de la République, on avait réalisé à peu près 50 000 primo-injections. La semaine de son intervention, 75 000. Et la semaine suivante 100 000. Et on est encore sur un rythme supérieur cette semaine. Donc le rebond est important et il dure dans le temps.

Ce rebond est essentiellement marqué chez les personnes les plus jeunes. Les tranches d'âge qui jusqu'à présent étaient les moins bien protégées. Chez les 12-17 ans, on atteint un taux de primo-vaccination de près de 40 %, ce qui est déjà bien. Et nous invitons bien entendu les jeunes à aller se vacciner sans attendre la rentrée. D'une part, parce que ça facilitera la rentrée scolaire, et d'autre part parce que l'objectif est de vacciner le plus tôt possible pour endiguer les contaminations et passer cette quatrième vague qui monte.

Je comprends ce sentiment de contrainte qui pèse sur les jeunes et sur leurs familles, du fait des conditions d'organisation de la rentrée, ou tout simplement de la perspective du pass sanitaire. Mais je les invite aussi à considérer qu'il s'agit d'un acte citoyen, parce qu'en se protégeant soi-même, on évite d'être un facteur contaminant vis à vis d'autrui.

C'est vrai que ces jeunes sont moins que d'autres en situation de risque de formes graves, mais être la courroie de transmission d'une maladie, c'est finalement courir le risque d'être soi-même un facteur de contamination d'une personne fragile, qui elle pourra décéder. C'est un acte citoyen, c'est un acte de solidarité que d'aller se faire vacciner tout de suite.

Chez les 18-49 ans, on est maintenant à près de 65 % de vaccination. C'est un net progrès, mais là encore, il faut continuer à augmenter cette couverture vaccinale pour espérer endiguer cette quatrième vague.

Pour les personnes les plus âgées, on est presque à 89 % de couverture vaccinale. L'objectif fixé de 90 %, on va presque l'atteindre. De ce côté-là, il n'y a pas trop d'inquiétudes ?

Chez les personnes de plus de 65 ans, le taux de vaccination est presque de 90 %. C'est un excellent résultat. Pour autant, les 10 % de personnes non vaccinées courent aujourd'hui un réel risque. Puisque les contaminations augmentent, et la probabilité pour elles d'être contaminées augmente. Elles ont un risque fort de développer une forme grave, de devoir être hospitalisées voire de mourir de la maladie.

Il n'est donc pas trop tard pour ces personnes de se faire vacciner. C'est même assez urgent.

Quel serait le levier à actionner pour que les gens prennent conscience que c'est maintenant qu'il faut se vacciner ?

Je pense que la prise de conscience est là. On le voit dans les chiffres de vaccination. Dès qu'on ouvre des rendez-vous, ils sont pris. Les dispositifs sans rendez-vous sont plutôt bien fréquentés. Nous avons réinjecté à nouveau 90 000 doses cette semaine et la semaine prochaine, pour ouvrir encore davantage de rendez-vous et donner plus de volume aux dispositifs sans rendez-vous.

On est quand même dans une course contre la montre. Ce qui justifie de ne pas attendre, c'est la quatrième vague. Si on n'avait pas cette propagation du variant Delta, on pourrait se permettre d'attendre et de faire ça progressivement.

Le variant Delta avait pris de l'avance tout au long du mois de juillet. Le rebond de la vaccination fait maintenant que nous sommes revenus dans la course avec ce variant.

Il est encore possible d'atténuer fortement cette quatrième vague et notamment son impact hospitalier à condition que ce rythme de vaccination reste élevé. Pour l'instant, c'est le cas.

Pierre Pribile, ARS Bourgogne-Franche-Comté

Il y a une petite inquiétude dans le Territoire de Belfort. Comment peut-on expliquer la hausse du taux d'incidence qu'on y observe ?

Il est difficile d'expliquer les différences de dynamique épidémique entre territoires. C'est souvent multifactoriel. À l'heure où nous parlons, le département du Territoire de Belfort présente le taux d'incidence le plus élevé de la région, au-delà de 150. Mais l'accélération de la vaccination est aussi une réalité dans ce département. Nous venons d'ouvrir 3 500 rendez-vous supplémentaires dans ce département, de façon à ce que cette accélération non seulement se poursuive mais s'amplifie.

On n'a pas perdu cette course contre le variant Delta. On peut encore la gagner, maintenant la balle est dans le camp de chacun de nos concitoyens. Il faut se faire vacciner bien sûr, mais aussi remonter son niveau de vigilance, son niveau de respect des gestes barrière.

Je rappelle quand même qu'on n'a encore rien inventé de mieux que ces gestes barrière combinés à la vaccination pour lutter contre cette reprise de l'épidémie.

Les taux d'incidence augmentent fortement. Ils ont plus que doublé en une semaine dans notre région. On est quand même en retard par rapport aux régions les plus impactées, notamment les régions littorales. C'est une bonne nouvelle parce que ça retarde d'autant le pic épidémique dans la région. Pendant ce temps, la couverture vaccinale augmente. Donc on a encore vraiment de bonnes chances d'atténuer cette vague épidémique.

Mais la vague est déjà là. Ce que nous cherchons à attenuer, c'est l'impact hospitalier, faire en sorte qu'on ait le moins possible de personnes âgées – ou atteintes de pathologies qui les rendent plus fragiles – concernées. La balle est dans notre camp en vaccinant le plus possible et en respectant les gestes barrières. Pour éviter d'être soi-même contaminé lorsqu'on est fragile ou d'être soi-même contaminé et contaminant lorsqu'on n'est pas fragile.

L'objectif des 50 millions de vaccinés fin août est-il atteignable ?

L'objectif national fin août est d'avoir vacciné 50 millions de personnes [avec une première dose, NDLR]. Dans notre région, cela veut dire autour de 2 millions de personnes vaccinées. On est déjà à 1,75 million. Donc oui, cet objectif est totalement tenable, à condition bien sûr que tous nos concitoyens qui ne sont pas encore vaccinés se saisissent de tous ces rendez-vous, de toutes ces possibilités y compris sans rendez-vous.

Je rappelle également la possibilité de se faire vacciner chez son pharmacien, son médecin, son infirmier. Toutes ces possibilités sont ouvertes et nous permettront d'atteindre cet objectif fin août.

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