Un collectif d’associations adresse une lettre au Procureur de la République du Jura. Ils craignent qu'une enquête judiciaire n'ait pas été ouverte après la découverte d'ossements de lynx à Fontenu dans le Jura. Le Centre Athénas, a quant à lui, porté plainte.
L’enquête est-elle ouverte ? C’est la question posée par un collectif d’associations de défense de la nature au Procureur de la République de Lons-le-Saunier, dans une lettre du 6 février 2020. Après la découverte d’ossements, pouvant appartenir à un lynx en novembre 2019, La Société Française pour l’Étude et la Protection des Mammifères, FERUS, France Nature Environnement, l’Association pour la protection des animaux sauvages, Jura Nature Environnement, le Pôle Grands Prédateurs et SOS Faucon Pèlerin Lynx se sont coordonnés pour interpeller le haut-magistrat et mettre en lumière les conséquences du braconnage.
« Destruction illégale »
Le 13 novembre 2019, dans le gouffre de Prévalot, à Fontenu, des spéléologues trouvent des canines, un crâne et des poils. Tous appartiendraient à des félins. Le crâne, de grande taille, serait celui d’un lynx. « Plusieurs blessures ont été relevées telles qu’une canine et des cloisons osseuses internes du crâne cassées et désaxées », rappellent les associations. Ces dégâts laissent à penser à une « destruction illégale ».
Ce n'est pas le seul cas de braconnage de lynx. Dans le massif des Vosges, un cadavre de lynx a été découvert le 16 janvier 2020. Il a été abattu à Fellering dans le Haut-Rhin, potentiellement « par arme à feu », d’après une autopsie. Le Centre Athénas et FERUS ont déjà porté plainte. Malgré la réintroduction de l'espèce dans le Massif des Vosges, seuls trois mâles seraient encore en vie.
Le Centre Athénas, qui n'est pas signataire du courrier, va plus loin dans un communiqué de presse, daté du 7 février 2020. « Si la découverte de cadavres révèle l’évidence du braconnage, l’apparition récurrente de jeunes orphelins est une autre manifestation de ces destructions volontaires d’adultes », détaille l'association, qui avait déjà dénoncé le braconnage en novembre 2019. Elle poursuit : « on tente de remettre en cause l’existence même de lynx orphelins pour nier l’existence du braconnage en théorisant sur de supposés abandons pourtant jamais observés ni décrits en Europe. »
« Pour dénoncer le braconnage et tenter d’y mettre un terme, le Centre Athénas privilégie toujours l’action de terrain et l’action judiciaire aux protestations indignées sans suite", ajoute l'association dans son communiqué. » Pour ces trois cas de braconnage supposé, le Centre Athénas a orté plainte auprès du Procureur de la République du Jura, tout en rappelant qu'une seule procédure judiciaire a été menée à son terme. Les autres affaires ont souvent été classées sans suite en raison d'un délai de traitement de plus de six mois.
Le Plan National d'Actions Lynx
Les braconnages se multiplient selon les associations. Les lynx semblent toujours menacés, malgré le Plan National d'Actions Lynx. Ce plan d'action permet de « lutter contre la destruction illégale de lynx » en renforçant les moyens d'enquête, d'appliquer une « nouvelle politique pénale » pour améliorer l'application de la réglementation sur les braconnages, et de « sensibiliser tous les niveaux du système judiciare à la gravité de la destruction et des perturbations intentionnelles envers le lynx ». Dans sa lettre, le collectif d'associations déplore que « très peu de procédures judiciaires aboutissent à l’identification et à la condamnation des responsables. »
Pour le Centre Athénas, « le Plan national d’action (PNA) à venir exclut tout renforcement de population et prévoit de faire passer en force le PPP, programme irresponsable de capture de lynx pour une étude à finalité cynégétique. ». L'association enfonce le clou dans son communiqué : « Jamais depuis sa réapparition le lynx n’a été aussi menacé, en raison de lobbies pesant sur les décisions publiques. »
Une lettre avant un recours en justice. Les associations écrivent : « dans le cas où malheureusement aucune investigation ne serait en cours sous votre autorité, nous en prendrons acte et nous vous informons par la présente que nous nous engageons à porter plainte. »