En avril 2024, un feu de forêt a ravagé 16 hectares de forêt à Chassal (Jura) et avait menacé les habitations en bord de forêt. Pour éviter que cela ne se reproduise, une zone de pare-feu de 50 mètres a été créée derrière le lotissement pour protéger les habitants.
En avril dernier, à Chassal, 16 hectares de massifs forestiers avaient pris feu lors d'un incendie. Cette commune est classée à risque pour les feux de forêt, comme une cinquantaine d'autres sur le département.
Lors de cet incendie, le lotissement avait été menacé par les flammes, et cela avait beaucoup inquiété Jean-François Demarchi, le maire de Chassal. "En avril, on a eu vraiment peur, avec des conditions qui nous ont fait craindre et on n'a pas envie de revivre cela. On ne pensait pas être touché par un incendie et encore moins à cette période. À ce moment-là, on commençait la réflexion, car on savait qu'on était à zone à risque, et l'incendie a accéléré le processus", confie l'élu.
Une zone de pare-feu pour protéger les habitants
Pour "protéger" les habitants de la commune si la situation venait à se reproduire et en collaboration avec les services de l'État et l'ONF, l'Office National des Forêts, l'élu se tourne alors vers une zone de pare-feu comme solution.
"Sur une bande de 50 mètres de large, nous avons retiré la végétation afin de créer une discontinuité entre la partie habitée et la partie boisée, pour que les secours puissent défendre le bâti, grâce à cette zone de rupture", explique Florent Dubosclard, directeur de l'ONF du Jura. Pour ce faire, la végétation a été broyée et quelques arbres ont été laissés, "pour rester dans un contexte naturel, tout en gardant une certaine distance de manière à ce que les arbres ne propagent pas l'incendie", poursuit Florent Dubosclard.
Sur la zone de l'incendie d'avril dernier, ce qui a brûlé a été broyé, dans l'objectif de réduire la masse de combustible en retirant les arbres calcinés, mais aussi d'effacer les stigmates du feu. "Il y a un aspect esthétique, pour tourner la page et restaurer un paysage plus agréable pour les riverains, tout en conciliants les enjeux environnementaux", souligne le directeur de l'ONF dans le département. À travers ce dispositif, l'idée est à la fois de limiter le risque, d'améliorer la défendabilité de la zone bâti et aussi de répondre à des enjeux paysagés.
Zone à risque
La préfecture a établi une liste de 58 communes à risque de feux de forêt. Si le département était peu concerné par le sujet, les feux de l'été 2022 ont déclenché un plan d'action préfectoral. Ces zones de pare-feu ont déjà été aménagées sur certaines communes, comme à Maisod, dans le lotissement le Mont du Cerf qui surplombe le lac de Vouglans. Du côté de Lect, une piste accessible aux camions de pompier a été aménagée sur un massif vulnérable et dépourvu de chemin d'accès, afin qu'ils puissent intervenir en cas d'incendie.
Être identifié comme une zone à risque de feu de forêt important, on ne pouvait pas l'ignorer. Le rôle de l'élu est de voir ce qu'on peut faire. On ne peut pas connaître le risque, et derrière ne rien faire.
Jean-François Demarchi, maire de Chassal
Pour Jean-François Demarchi, cet incendie a été un accélérateur dans la réflexion, et il espère, en créant cette zone de pare-feu, donner l'exemple aux autres communes concernées par ce risque. "Je pense que c'est une bonne chose, quelque part, au niveau pédagogique. Ça peut inciter les collègues qui sont dans la même situation."
Pour Florent Dubosclard, "les communes concernées doivent réfléchir à l'aménagement de leur territoire. Et ce qui a été fait à Chassal peut éveiller les consciences et provoquer des réflexions pour aménager les territoires. En tout cas, c'est l'objectif".
Si ces aménagements ne peuvent être garantis à 100 %, Florent Dubosclard se montre plutôt confiant puisqu'ils sont préconisés dans le sud de la France. "Si c'est préconisé pour le sud, cela peut qu'être bien dimensionnée dans le secteur. Ils sont adaptés aux conditions que l'on connaît dans le Jura", précise-t-il.
L'élu précise également qu'il a effectué une sensibilisation auprès des habitants, en plus de la réalisation d'un plan de sauvegarde communal, pour affronter ces situations et "ne pas rester démunis face à la situation". L'État a soutenu le financement à hauteur de plus de 50 % avec le Fonds Vert et la commune de Chassal a financé le reste.
Les travaux ne sont pas tout à fait terminés. Après la création de la zone de pare-feu, une piste d'accès est nécessaire afin d'entretenir le massif et évacuer bois sec. Mais aussi pour "permettre aux pompiers du SDIS 39 de monter plus haut" en cas d'incendie, précise le maire.