"C'est 1 000 personnes qui sont dans la forêt" : des maires du Jura en détresse face au trafic de champignons lactaire

Chaque année, la cueillette du lactaire sanguin, un champignon particulièrement apprécié en Espagne, provoque des perturbations dans les forêts du Jura. Les maires d'Aiglepierre et Pretin, touchés par ce phénomène, témoignent de leur agacement.

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2024 est une année à champignon. "En 2023, du fait de la sécheresse, on n'avait pas de lactaire sanguin sur le territoire, par contre cette année, il y en a une foison", témoigne Claude Romanet, maire de Pretin, à nos journalistes Stéphanie Bourgeot et Florence Petit. Problème : ces champignons, pas très appréciés en France, attirent des travailleurs d'Europe de l'Est qui viennent les ramasser et les vendre en Espagne.

Selon Claude Romanet, les travailleurs salissent la forêt et dégradent l'environnement. À cause de la barrière de la langue et de leur nombre, les habitants du village de Pretin craignent de parler avec les travailleurs.

Une cueillette illégale et dangereuse pour la biodiversité

Ces derniers ramassent illégalement les champignons puisque la loi fixe une récolte maximale équivalente à cinq litres par personne et par jour. Cette règle a été établie notamment parce que la cueillette excessive peut menacer l'équilibre de la biodiversité.

Depuis le début du mois d'octobre, les gendarmes du Jura contrôlent presque quotidiennement les forets du département pour lutter contre cette cueillette illégale.

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Le maire de Pretin, Claude Romanet, ne s'oppose pas à la venue de ces travailleurs sur sa commune. Il aimerait simplement que les forêts restent propres et voudrait un moyen de mieux communiquer avec eux. "Moi, je suis prêt à dire "venez" mais il faut qu'il y ait un responsable", précise-t-il l'élu.

Une caution contre une cueillette ?

Il propose même de demander une caution pour s'assurer que les forêts puissent rester propres après leur passage. "On peut leur demander 3 000, 4 000 euros de caution et puis derrière, on fait un constat et on leur redonne" dit-il.

La commune de Pretin est loin d'être la seule concernée par cette problématique. Aiglepierre, à 3 km de là, voit aussi arriver chaque année nombre de travailleurs étrangers. "Sur la forêt de Poligny, c'est 1 000 personnes qui sont dans la forêt", témoigne Jean-Marie Renaud, maire d'Aiglepierre.

C'est gênant dans le fait qu'ils dégradent et salissent la forêt.

Jean-Marie Renaud, maire de Pretin

Selon l'élu, la présence de ces travailleurs freine aussi la venue de promeneurs qui souhaiteraient profiter de la forêt. "Il y a une crainte de ces personnes même s'il n'y a jamais eu d'agressions avérées", précise-t-il.

Les cueilleurs : "des gens qui sont vulnérables, exploités"

D'autre part, les conditions de travail de ces étrangers sont particulièrement difficiles : "Ce sont des gens qui sont vulnérables, exploités. Ils viennent avec femmes, enfants, vieillards et les conditions de vie sont déplorables".

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En fonction de la pousse des champignons, ils peuvent rester de 15 jours jusqu'à un mois. "Je les ai rencontrés l'année dernière avec mon premier adjoint, ils étaient très polis, très corrects". Pour réguler le trafic, l'élu a fait poser des barrières pour empêcher l'accès de la forêt aux véhicules. "Ça a fonctionné", note-t-il. 

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