TEMOIGNAGE. Conduite sous stupéfiant et suspension de permis : "On ne peut pas laisser les meurtriers sur les routes" se félicite cette mère d'une jeune victime

La Première ministre Elisabeth Borne a annoncé ce lundi 17 juillet des mesures de durcissement de la répression des conduites addictives au volant, notamment la suspension automatique du permis et la création de l'infraction "homicide routier". À Saint-Amour, les parents de Louis, décédé d'un accident de la route en 2021, ont fait du combat de la sécurité routière le leur.

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Ce lundi 17 juillet, Elisabeth Born a annoncé plusieurs mesures de répression routière, en particulier contre la consommation de produits psychotropes : "Nous allons rendre automatique la suspension du permis de conduire en cas de conduite sous l'emprise de stupéfiant" a-t-elle annoncé. La veille, la Première ministre a déjà fait savoir que le gouvernement voulait créer une nouvelle infraction "homicide routier", qui permettrait de reconnaître également le statut de "victime routière"

"C'est une excellente nouvelle" réagit Lydie Montury, "à un moment donné, on ne peut pas laisser les meurtriers sur les routes". En 2021, cette mère de famille a perdu l'un de ses deux fils, Louis, dans un accident de la route. Son frère jumeau, Paul, vit avec les séquelles de ce même accident. Une voiture qui roulait à vive allure et s'était déportée sur la gauche a percuté la trottinette que les deux garçons de 12 ans utilisaient. Depuis, ils ont fait de la sécurité routière leur combat. 

Quelqu'un qui sait qu'il a consommé des substances et qui prend le volant, pour moi, il a conscience de ce qu'il fait. C'est criminel

Lydie Montury, mère du jeune Louis décédé d'un accident de la route

Homicide routier, "psychologiquement, c'est bien"

Autre annonce phare de ce Comité interministériel de la sécurité routière, révélée dès dimanche soir, la création d'une infraction "homicide routier". Une décision "à forte dimension symbolique" avait fait savoir Matignon. Jusqu'à présent, les mises en examen à la suite d'un accident de la route ayant entrainé la mort étaient qualifiées "d'homicide involontaire". "Nous, en tant que parents de victimes, entendre parler d'homicide involontaire ou de blessures involontaires, c'est horrible" confirme Lydie Montury. 

"Que c'est involontaire, pour un juriste, ça s'entend, mais pour une victime, ce n'est pas entendable" ajoute son mari, Robert Montury. Lui aussi se réjouit de ce nouveau qualificatif, "psychologiquement, c'est bien", mais il émet des réserves, en particulier "qu'est-ce qu'il faudra dans le dossier ? Avec quelle facilité on pourra employer cette qualification ?". 

"Ce n'est pas le tout de créer des infractions, il faut aussi recréer des brigades accidents" estime le père endeuillé. "On peut avoir un outil juridique bien fait, mais si on a personne pour bien faire et traiter derrière, ça ne sert à rien". Très impliqué dans l'association de victimes de la route Marilou, pour lui, la question des moyens attribués aux enquêteurs est primordiale : "il va falloir qu'il y ait des procédures spécifiques, un sentiment d'écoute convenable, un temps pour rendre la procédure acceptable et des gens spécialisés pour les gérer".

Prise en charge des victimes ? 

"Il faut aussi une réelle prise en charge des victimes" poursuit Robert Montury. Après le terrible accident qui a frappé leur famille, il raconte avoir été "mal reçu, mal orienté". "J'avais l'impression de les faire chier parce que mon gamin était mort. Pas d'accompagnement, pas de mot gentil, on ne prend pas contact avec moi, quand je les tiens au courant de mes démarches, j'ai l'impression de les faire chier" dénonce-t-il.

"La seule prise en charge positive qu'on a pu avoir, c'est parce que Paul a été transporté au CHU de Besançon" avance sa femme. "C'est la psychologue du SMUR et le médecin qui a constaté le décès de Louis, qui nous ont reçu dans le bureau pour nous expliquer pourquoi il est décédé".

"Quelque chose qui devrait être instauré, c'est le délai raisonnable de traitement" déclare Robert Montury. "Dans le mois qui suit l'accident, l'enquête devrait être bouclée. C'est anormal que les gens, au bout de six mois, parfois un an, puissent ne toujours pas avoir été convoqués par les services de polices, parce que les policiers ont déjà 200 dossiers à gérer"

Au volet prévention, la Première ministre a annoncé que les cours d'ASSR, de sécurité routière, seraient désormais donnés dès la sixième. Une demande que le couple avait formulée au ministre des Transports lorsqu'ils l'avaient rencontrés en mars dernier.

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