Le président de la République a réuni mardi 8 novembre à l'Elysée les dirigeants des entreprises les plus polluantes de France. Parmi elles, l'une se situe en Franche-Comté, Solvay à Tavaux (Jura). Objectif : les inciter à accélérer leur décarbonation via des aides.
Ils sont responsables de 10 % des émissions de gaz à effet de serre de la France. Les patrons des cinquante sites industriels les plus pollueurs étaient réunis mardi 8 novembre à l'Elysée. Emmanuel Macron leur a proposé 5 milliards d’euros d’aides supplémentaires pour les encourager à passer la vitesse supérieure en matière de décarbonation. Parmi les sites industriels concernés, l'un est installé en Franche-Comté, il s'agit de Solvay à Tavaux (Jura).
Le président de la République a promis au total 10 milliards d’euros d'aides si ces industriels doublent leurs efforts en matière de réduction d'émission de dioxyde de carbone. Objectif, les faire passer en dix ans de 43 millions de tonnes de CO2 émis par an à 20 millions de tonnes. En contrepartie, le chef de l’état attend des feuilles de route dans les six mois, site industriel par site industriel et filière par filière.
"Nous avons déjà investi dans la transition énergétique"
Implanté sur 10 sites en France, le groupe industriel belge de chimie Solvay espère bien bénéficier de ces aides. "Si nous ne sommes par pris au dépourvu puisque nous avons déjà investi dans la transition énergétique, ces aides pourraient nous permettre d'aller plus vite et plus loin tout en restant compétitif, c'est positif", réagit François Pontais, président de Solvay France.
ll y a quelques mois, le groupe a annoncé un investissement de 300 millions d’euros pour faire de l'usine jurassienne le premier site européen de PVDF (polyfluorure de vinylidène), une catégorie de plastique qui sert de liant et de membrane dans les batteries électriques. La plateforme industrielle de Tavaux, qui emploie 630 salariés, fabrique des produits chimiques fluorés et des polymères. Ces produits sont utilisés notamment dans l’industrie alimentaire, l’industrie pharmaceutique, l’aéronautique ou le secteur automobile. Une activité qui consomme beaucoup d'énergie, notamment vapeur produite à partir de gaz. Récupération des chaleurs perdues générées par la fabrication, électrification des procédés industriels, recyclage des déchets de procédés, l'usine travaille déjà à réduire sa consommation énergétique.
Une centrale à biomasse en projet à l'usine jurassienne de Solvay
Face à la crise de l'énergie, le site industriel espère éviter un rationnement en gaz au risque de devoir redémarrer la production au charbon arrêtée depuis 2020 à Tavaux. "Nous allons tout faire pour ne pas redémarrer le charbon, tant pour des raisons économiques qu'environnementales", explique François Pontais.
Pour accélérer sa transition énergétique, l'usine jurassienne prévoit également d'investir dans une centrale à biomasse. Elle travaille avec l'Ademe sur ce projet qui pourrait prendre " deux à trois ans" avant de voir le jour, précise François Pontais, président de Solvay France.
Déjà sorti du charbon en Allemagne et en Italie, le groupe Solvay a la même ambition pour son site de Dombasle-sur-Meurthe, dans le Grand-Est. Le ministre de l'économie Bruno Lemaire s'y est rendu ce jeudi 9 novembre avec Roland Lescure, ministre délégué à l'Industrie. Ils ont notamment visité le chantier en cours d'une chaufferie qui permettra de valoriser 350.000 tonnes de combustibles solides de récupération. Des déchets qui d'habitude sont enfouis et qui là, vont servir à de la valorisation énergétique. Le groupe Solvay prévoit de décarboner l'ensemble de ses sites d'ici 2040.