La nature fait son grand retour dans les zones du massif du Jura ravagées par les feux de forêts de l'été 2022. Le phénomène est impressionnant autour du lac de Vouglans, où les massifs de fleurs abondent, moins de deux ans après le sinistre. Le photographe Julien Arbez y a immortalisé le retour de la végétation.
Sur les abords du lac de Vouglans, dans le département du Jura, la végétation abonde. Des arbustes, des massifs de saponaires – des fleurs roses et parfumées – et des orchidées poussent dans tous les recoins. "Le sol éclate de couleurs. Les abeilles et les bourdons ne savent plus où donner de la trompe", décrit Julien Arbez, photographe professionnel, venu immortaliser le lieu à la fin de mai sur un site de la commune de Cernon.
Pourtant, il y a moins de deux ans, la nature autour du lac était dévastée. En août 2022, un important feu de forêt avait ravagé toute la zone, ne laissant que la roche et des troncs d'arbre calcinés. "Il n'y avait plus de terre et de végétation, c'était un paysage lunaire", se souvient Julien Arbez, qui avait visité l'endroit après l'incendie. "J'avais pris des photos. On aurait dit qu'elles étaient en noir et blanc". En conséquence, toute la faune avait disparu aussi.
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Écosystème résilient
Mais depuis le début du printemps, les plantes font leur grand retour sur l'ancien terrain sinistré. "C'est impressionnant. On a été agréablement surpris par la résilience de cet écosystème et sa rapidité à se reconstituer", évoque Florent Dubosclard, directeur de l'Office national des forêts (ONF) dans le Jura. "Lorsque la matière organique brûle, elle se minéralise et les minéraux deviennent immédiatement accessibles à la végétation restante", qui s'en nourrit, explique-t-il. "C'est comme un coup d'engrais".
Sur les 1 000 hectares brûlés en 2022 dans le Jura, le phénomène est particulièrement visible sur les quelques-uns qui entourent le lac de Vouglans. "Ce qui m'a particulièrement surpris, ce sont les odeurs. On croirait avoir le nez dans un bouquet !", témoigne Julien Arbez, qui réside à 40 kilomètres du lac et s'est rendu sur place fin mai.
"C'est un endroit que je suis depuis qu'il a brûlé. J'y étais allé à l'automne après l'incendie. Le sol était décapé, il y avait seulement quelques tâches de verdure et à peine quelques traces de chevreuil", raconte le photographe. "L'autre jour, un copain est passé à vélo dans la zone et m'a dit que tout avait repoussé. Je me suis dit : j'y vais demain, ça a l'air trop beau !"
"Baume au cœur"
Le résultat, une série de photographies affichant le retour de la riche végétation sur le site, a été publié sur les réseaux sociaux par le photographe. Les réactions, nombreuses, sont très positives. "Cela fait plaisir de voir cette renaissance de la vie", commente une internaute. "C'est une splendeur !", écrit une autre. "Ça m'arrive rarement d'avoir autant de commentaires sur une publication. C'est parce que j'apporte un message super positif : la vie reprend, ça mets du baume au cœur", avance Julien Arbez.
Anticipant cette renaissance, l'ONF a lancé après l'incendie une étude sur la résilience de la végétation dans le massif du Jura. "On manquait de connaissances locales sur les feux de forêt. On a mis en place cet observatoire pour acquérir de la connaissance", explique Florent Dubosclard. 300 arbres témoins, calcinés en 2022, ont été sélectionnés par l'office, qui observe leur évolution.
Si cette étude n'a pas encore fourni ses conclusions, elle a déjà apporté son lot de savoir. "Ce qui ressort, c'est qu'il y a peu de variabilité entre les essences", annonce le directeur de l'ONF. "On pensait que les essences avec une écorce épaisse, comme le chêne, seraient mieux protégées des flammes que celles avec une écorce épaisse, mais ce n'est pas vraiment le cas", informe-t-il.
Julien Arbez, de son côté, garde précieusement ses clichés. "J'en mettrai peut-être une ou deux dans un bouquin sur la végétation", lance-t-il.