Entretien avec Mickaël Azoulay : le seul repreneur potentiel de MBF Aluminium dénonce la frilosité des banques

Ce mardi 25 mai, le tribunal de commerce de Dijon doit se prononcer sur le sort de MBF Aluminium, la fonderie de Saint-Claude dans le Jura. Menacée de fermeture, l'usine emploie 280 salariés. Un seul repreneur potentiel a présenté une offre, Mickaël Azoulay, un entrepreneur lyonnais d'origine.

 

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"Aujourd’hui mon dossier manque de fonds propres" répète Mickaël Azoulay. Le seul repreneur potentiel de MBF Aluminium, avec deux associés minoritaires, a déjà mobilisé 500 000 euros au capital social de la fonderie. Une somme insuffisante qui n'offrirait pas toutes les garanties selon le tribunal de commerce de Dijon qui souhaiterait 1 million d’euros. Le tribunal de commerce de Dijon doit se prononcer ce mardi 25 mai sur la seule offre de reprise de l’usine de Saint-Claude dans le Jura. Si l'unique candidat accepte de se livrer à notre rédaction, il le fait d'abord et avant tout pour dénoncer selon lui "la frilosité des banques régionales et leur manque de soutien à une entreprise locale". Pour trouver ses financements manquants, l'entrepreneur dit avoir démarché six établissements bancaires. Parmi ces banques, une seule aurait pris la peine de lui répondre... par un refus. "Les autres m'expliquent qu'elles n'ont pas le temps d'analyser mon dossier", s'agace-t-il. A la veille de l'audience, il en appelle aux banques régionales "qui communiquent largement sur leur soutien au développement de l'économie régionale" dit-il. 

Qui est Mickaël Azoulay ?

L'entrepreneur est lyonnais d'origine mais ne vient pas du secteur automobile. Il cherche pour la première fois à reprendre une société existante. En visitant la fonderie de Saint-Claude le 13 avril dernier pour la première fois il explique avoir été séduit et intéressé par le savoir-faire des salariés et l'outil de production. 

"J'ai été touché par les personnes qui m'ont reçues, des salariés aujourd'hui totalement délaissés par leur direction générale actuelle"

Mickaël Azoulay, unique candidat à la reprise de MBF Aluminium

229 emplois CDI conservés sur 272

Son projet de reprise prévoit de conserver 229 CDI sur 272. Le candidat a reçu des lettres de soutien de chacun des trois syndicats. Sans expérience dans l'industrie automobile il estime qu'il a réussi à monter une offre de reprise capable de sauvegarder l’outil de travail et les emplois.

Côté salariés, on accueille avec beaucoup d'espoir cette offre. Selon eux, le projet de Mickaël Azoulay n’est pas sérieusement étudié. Ces derniers demandent au tribunal de commerce d’accepter la seule proposition de reprise d'actifs effectuée à ce jour.

Le soutien des salariés

« On n'a qu’un seul repreneur potentiel et on a l’impression que tout le monde lui met des bâtons dans les roues », regrette Koray Sukran, délégué syndical SUD à l’usine MBF Aluminium. “Sous prétexte qu’il n’a aucune connaissance du milieu, et, je crois, surtout qu’il ferait partir un peu trop de l’encadrement, ça ne va pas”, s’énerve le représentant syndical SUD. Latifa Jouini, monteur régleur de moules dans l'usine explique qu'elle n'a pas encore rencontré l'unique candidat à la reprise mais s'est sentie "rassurée lorsqu'il a expliqué à l'intersyndicale qu'il s'occuperait de la vente et laisserait aux salariés le savoir et la connaissance".

Le pari de la diversification

Mickaël Azoulay s'est fixé un cap, il souhaite diversifier les produits fabriqués par la fonderie. Outre  les carters d'embrayage de véhicules hybrides, électriques et hydrogènes, il vise d'autres produits notamment des carters d'engins agricoles ou encore des pièces aluminium de deux roues et trottinettes électriques. Demain après-midi, mardi 25 mai il se rendra à Dijon. Le tribunal de commerce de Dijon devrait rendre sa décision concernant l'unique offre de reprise de MBF Aluminium. 

Le spécialiste de l'injection sous pression pour l'automobile comptait encore 800 salariés dans les années 2000. Aujourd'hui elle emploie 272 salariés. Après des semaines de mobilisation, 54 jours au total, les salariés de la fonderie ont installé des bouteilles d’oxygène et de gaz à l’intérieur de l’usine et menacent de faire sauter les bâtiments si une solution de reprise n’est pas actée le 25 mai. "Quand il n'y a plus d'espoir on tente le tout pour le tout", déclarait l'un des salariés. Manifestations, opérations escargot, blocage de péage, les salariés se battent depuis des semaines multipliant les actions. Quatre d’entre eux avaient également entamé une grève de la faim devant le ministère de l’économie mardi 18 mai avant de la suspendre à la demande de leurs collègues. Ils dénoncent l’immobilisme des constructeurs français PSA et Renault, leurs deux grands donneurs d’ordre. Les syndicats accusent notamment Stellantis (ex PSA) d’avoir diminué les commandes de pièces (carters d'embrayage pour moteur hybride) prévues à leur entreprise et ainsi les mettre en difficulté. Leur mobilisation sans faille vise notamment à attirer l’attention du gouvernement, actionnaire de Stellantis.

 

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