Pour sauver leur entreprise, les salariés de MBF Aluminium avaient déjà lancé une grève de la faim. Ce vendredi 21 mai, ils ont installé des bouteilles de gaz et d'oxygène dans leur usine, à Saint-Claude dans le Jura. Ils menacent de la faire sauter si l'offre du seul repreneur n'est pas acceptée.
Voilà des semaines qu’ils se mobilisent, enchaînant les actions, pour attirer l’attention des pouvoirs publics sur le sort de leur fonderie, qui emploie 280 personnes, et qui est sérieusement menacée de fermeture. Ce vendredi 21 mai, des salariés de MBF Aluminum, à Saint-Claude dans le Jura, ont disposé des bouteilles d’oxygène et de gaz dans leur usine. Alors que le tribunal de commerce de Dijon s’est donné jusqu’au 25 mai pour se prononcer sur l'unique offre de reprise, arrivée tardivement, ils menacent de faire sauter le bâtiment. “On est prêts à tout sacrifier”, affirme Koray Sukran, délégué SUD. “Aujourd’hui, on voit les signaux au rouge”, explique-t-il, “On demande que ça se décante, que les signaux passent au vert, sinon, on reste là”.
On n'a qu’un seul repreneur et on a l’impression que tout le monde lui met des bâtons dans les roues.
Au centre de la colère des salariés : le sentiment que le projet de Mickaël Azoulay, le seul à vouloir reprendre la fonderie, n’est pas sérieusement étudié. “ Il est arrivé en disant ‘J’ai une certaine somme’, et là on lui en demande le double, en disant ‘Si vous n’avez pas, ça va coincer’, mais il y a d’autres repreneurs qui avaient beaucoup moins”, s’énerve Koray Sukran. “Sous prétexte qu’il n’a aucune connaissance du milieu, et, je crois, surtout qu’il ferait partir un peu trop de l’encadrement, ça ne va pas”, souffle le représentant syndical. Pour les salariés, si Mickaël Azoulay n’est pas un spécialiste de la fonderie, et que son projet ne sauverait que 229 des 280 emplois, son offre devrait être acceptée. "L'expérience et le professionnalisme, ce sont ceux qui sont dans les ateliers, ceux qui se démènent qui les ont !”. “Même si l’équipe dirigeante ou proche de l’ancienne direction s’en va, la boutique tournera quand même”, affirme Koray Sukran.
Le sort de MBF Aluminium doit être scellé ce mardi 25 mai. Les salariés qui occupent l’usine craignent que le tribunal de commerce de Dijon préfère liquider les actifs de l’entreprise, plutôt que de donner une chance au repreneur. Le représentant dénonce “tous les vautours, tous ceux qui veulent faire les fossoyeurs en attendant que MBF se casse la gueule, et qui veulent venir récupérer les outils de production et les murs”.
Des salariés en grève de la faim
Depuis une cinquantaine de jours, les salariés de MBF sont largement mobilisés. Ils ont organisé des manifestations, des opérations escargot, un tour de France des fonderies, un blocage de péage, et quatre d’entre eux ont même déjà commencé une grève de la faim. Leurs représentants accusent notamment Stellantis (ex PSA) d’avoir diminué les commandes prévues à leur entreprise, et de les mettre en difficulté. Ces actions visaient notamment à attirer l’attention du gouvernement, actionnaire de Stellantis.
Depuis le mardi 18 mai, quatre salariés mènent donc une grève de la faim. “On a quatre camarades qui risquent leur vie, et apparemment ça ne choque personne”, tacle Koray Sukran, “on ne voulait pas rester inactifs, alors qu’eux risquent leur vie là-bas”. Ils ont d'abord été devant le ministère de l'Economie, en espèrant pouvoir rencontrer Bruno Le Maire. "On pensait qu'avec l'initiative de la grève de la faim, on aurait pu être reçu", explique Naïl Yalcin, représentant CGT et gréviste de la faim, "mais non, ça n'a rien changé, il n'en a rien à foutre".
Ce vendredi, ils se sont rendus à Nevers, dans la Nièvre, dans l'espoir de rencontrer le président de la République qui y était en déplacement. "On a essayé de voir notre président de l’interpeller" raconte le délégué CGT, "J'ai l'impression qu'il n'y a que le chef de l'Etat qui pourrait demander à Renault et à PSA de garder une filière fonderie en France et MBF dans ce giron-là". Mais ils ont dû se contenter d'une réunion avec l'un de ses représentants, à la préfecture. "Jusqu'à maintenant, on était dans une logique de construction, de dialogue et de discussion. Mais s'il faut en arriver là, ben on y arrive."