A la frontière franco-suisse, le Préfet du Jura a fait fermer par arrêté l'accès à un parking situé en France, mais qui donne accès aux remontées mécaniques suisses. Deux recours ont été déposés par l'exploitant suisse.
C'est un petit coin blanc de paradis. Enneigé. Avec vue imprenable par beau temps sur le massif du Mont-Blanc. Suisses comme Français viennent skier ici chaque hiver. La neige est là en abondance depuis la fin décembre, mais les télésièges qui mènent vers le sommet de la Dôle sont condamnés à l'arrêt. Ils sont pourtant en Suisse. Pourquoi un tel scénario ? Car le parking des Dappes (650 places) qui dessert la remontée hélvète est situé sur le sol français, dans le département du Jura et il est interdit d'accès par la France pour cause de pandémie.
L'incompréhension côté suisse où le pays a laissé les remontées mécaniques ouvertes
"On ne comprend pas qu'une autorité française décide que les Suisses ne peuvent pas skier sur leur territoire. C'est une décision unilatérale", tempête Gérard Produit, responsable du Tourisme à l'exécutif de la région de Nyon. Les télésièges de Télé-Dôle, appartiennent à la région suisse de Nyon (ouest). "A la mi-décembre, nous avons organisé une séance entre la France et la Suisse pour présenter le plan Covid" de la Dôle, explique Patrick Freudiger, directeur de Télé-Dôle. Mais depuis fin décembre, un arrêté de la préfecture du Jura, reconduit jusqu'au 3 février, interdit l'accès au parking, empêchant l'accès aux remontées mécaniques de la Dôle.
La préfecture du Jura invoque la crise sanitaire et le risque du brassage de skieurs
Selon la préfecture du Jura, ce parking situé le long de la frontière franco-suisse est "de nature à favoriser le rassemblement de plus de 6 personnes dans l'espace public en France, le brassage de groupes et donc la circulation du virus".
Côté français, on argumente avec les données épidémiques. La Bourgogne-Franche-Comté est l'une des régions les plus touchées par les deux vagues. Elle a le plus fort taux d'occupation des lits en réanimation au niveau national, le Jura "est actuellement l'un des 4 départements français dans lequel le taux d'incidence est supérieur à 300".
On est pris en otage
Gérard Produit, responsable du Tourisme à l'exécutif de la région de Nyon
Les Suisse dénoncent l"imbroglio juridique" et une situation ubuesque, car le parking se trouve sur territoire français mais est, historiquement, une parcelle de propriété privée suisse. Le parking a d'ailleurs été refait en 2020, grâce un investissement suisse dans le cadre du projet transfrontalier de création du domaine Jura sur Léman.
Deux recours déposés devant le tribunal administratif de Besançon
Télé-Dôle a déposé le 22 janvier deux recours, un référé-suspension et une demande d'annulation - devant le tribunal administratif de Besançon. Une audience est prévue le 1er février.
La région de Nyon a elle envoyé un courrier au préfet le 21 janvier demandant un "dialogue dans les plus brefs délais" afin de discuter des solutions et des "compensations financières" pour Télé-Dôle.
Selon son directeur, les remontées suisses ont déjà perdu 40 jours d'exploitation - près de la moitié de la saison - soit un préjudice de 300.000 francs suisses (278.500 euros). Or la société ne peut prétendre à une aide financière de la Confédération, puisque l'exploitation du domaine a été autorisée.
L'Ecole suisse de ski de la Dôle, qui dispose d'une vingtaine de moniteurs a dû fermer tous les cours collectifs, et fait face au même casse-tête.