C'est un spectacle incroyable qui émerveille les promeneurs en sous-bois pendant l'hiver. Des "cheveux de glace" sont apparus ces derniers jours dans les forêts de Bourgogne-Franche-Comté. On vous explique ce phénomène rare qui est dû à un champignon mystérieux.
"Le père Noël a perdu sa barbe !", alerte Julie Carraud sur sa page Facebook. L'animatrice nature, installée à Saint-Seine-L'Abbaye (Côte-d'Or) publie un étonnant cliché. D'incroyables filaments glacés, d'un blanc immaculé, coiffant une branche de bois mort. "Pendant vos promenades, observez ces chevelures, c'est très joli, mystérieux et rigolo, car si on y touche ça fond", indique-t-elle en commentaire.
Un champignon mystérieux
Aussi surprenant soit-il, le phénomène est bien connu. Mais cette "glace capillaire" reste une formation de glace assez rare. On doit en effet ces "cheveux de glace" à un champignon (Exidiopsis effusa) qui pousse sur du bois mort dans certaines conditions météo, notamment une humidité élevée et des températures juste en dessous du point de congélation, et seulement sur certaines essences, comme le chêne ou le hêtre.
En 1918, c'est un astronome et météorologue allemand, Alfred Wegener, qui a pour la première fois identifié le rôle de ce champignon sur le bois en décomposition pour expliquer ce curieux mécanisme. Mais il a fallu attendre 2015 pour qu'une équipe de chercheurs suisses et allemands, le physicien Christian Mätzler, la chimiste Diana Hofmann et la biologiste Gisela Preuss, élucident enfin le mystère.
Attention fragile
Olivier Faivre, 67 ans, connaît bien cette "barbe à papa" hivernale. Accompagnateur en montagne depuis une quinzaine d'années, le Jurassien sillonne les forêts autour de son village de Grande-Rivière, près de Saint-Laurent-en-Grandvaux (Jura). Ce dimanche 17 décembre 2023, il randonnait en famille quand il a pu saisir cette étrange chevelure glacée en sous-bois.
Il faut vraiment que les conditions météo soient réunies , comme ces derniers jours. Cela montre combien notre nature peut être extraordinaire. Je ne suis pas un spécialiste mais je trouve toujours très chouette de pouvoir faire découvrir ces petites choses étonnantes qui se cachent dans nos forêts.
Olivier Faivre, accompagnateur en montagne à Grande-Rivière (Jura).
Mais attention, cette "sculpture" éphémère est très fragile. "C'est extrêmement fin, prévient Olivier Faivre. Dès qu'on le touche, ça se délite !"
"C'était féérique"
Toujours sur les réseaux sociaux, Laurent Vernoux dévoile toute une série de "chevelures de glace" repérées à Bonlieu (Jura) samedi 16 décembre. Et il livre même des explications supplémentaires. "Le métabolisme de ce champignon est tel qu'il sécrète de l'eau, précise-t-il encore dans sa publication, partagée également sur la page Facebook "J'aime mon Jura". Cette eau prend trop de place et est donc exsudée par les pores du bois."
Mais le passionné dit surtout toute son émotion face à ce spectacle étonnant. "C'était féérique, raconte cet horticulteur qui travaille au service des espaces verts de la ville de Bourg-en-Bresse (Ain), à France 3 Franche-Comté. Je connaissais le phénomène, mais je n'en avais jamais vu autant. Il faut vraiment que toutes les conditions soient réunies et que la température soit constante. C'était sur le parcours de 12 km des Cascades du Hérisson."
Il y en avait partout au sol mais aussi accrochés aux arbres, sur les branches mortes. Cette symbiose entre l'eau et le bois, la finesse de la chose, c'est merveilleux ! Je regrette de n'avoir pas pris plus de photos.
Laurent Vernoux, horticulteur à Bourg-en-Bresse (Ain).
De quoi pousser tous les promeneurs à redoubler d'attention lors de leurs prochaines balades en forêt. Et à profiter des prochains jours pour essayer de débusquer ces cheveux blancs qui disparaîtront très vite avec le retour de la pluie annoncé en milieu de semaine.