INTERVIEW. Biathlon : "C'est une page énorme que je dois tourner", Anaïs Bescond se confie après avoir annoncé la fin de sa carrière

La biathlète jurassienne, multiple médaillée olympique, a annoncé vouloir mettre un terme à sa belle et longue carrière à la fin de cette saison. Avec toute la spontanéité qu'on lui connaît, elle a accepté de répondre à nos questions.

À 34 ans, Anaïs Bescond, pensionnaire de l'EMHM-Morbier dans le Jura, a annoncé sa retraite sportive en Coupe du monde, à l’issue de la mass start d’Oslo, ce dimanche 20 mars.

La Jurassienne raccroche les skis après une magnifique carrière de 15 ans au plus haut niveau, marquée par trois médailles aux jeux Olympiques de Pyeongchang (Corée-du-Sud) en 2018 mais aussi par 57 podiums en Coupe du monde de biathlon. 

Sarah Rebouh : Comment allez-vous ?

Anaïs Bescond : Ça va, même si je suis un peu fatiguée de cette fin de saison. À la suite de la Chine on est repartis sur trois semaines de courses et, pour moi, cette fin de carrière annoncée. Je pense que je suis quelqu'un d'assez sentimentale. J'ai eu beaucoup, beaucoup de larmes la semaine dernière et ce n'est pas fini. (rire)

Comment s'est déroulée votre prise de décision ?

Je n'avais pas vraiment anticipé. Je n'avais pas envisagé la suite. J'ai pris la décision en mars. Ce n'était pas facile parce que j'aime énormément ce que j'ai fait dans cette discipline. J'étais assez déchirée. Je voulais prendre ma décision mais je voulais annoncer ça sur les skis. Je tenais à dire au revoir et le faire en conscience lors de la dernière course.

Qu'est-ce qui vous a finalement fait trancher ?

Plein de petites choses m'ont décidée. Le biathlon, c'était ma passion, mon travail... mais une passion vraiment ! Je vivais ça au quotidien depuis... depuis toujours en fait. Ça a grandi avec moi, cela a pris de plus en plus de place au fil des années, et c'est une passion vraiment énergivore.

Repartir pour un an, c'était prendre le risque que cela ne se passe pas aussi bien que cette année. Il y a des avantages d'être plus âgée car je suis pleine d'expérience : je me connais, je sais comment ça se passe. Il n'y a pas de secret. Mais c'est peut-être aussi le frein. Par exemple, rien dans le programme de l'International Biathlon Union (IBU) de l'an prochain ne me fait vraiment vibrer. Il n'y a pas de nouveautés. 

J'ai vraiment réfléchi. J'avais autant de raisons de continuer que d'arrêter finalement.

Anaïs Bescond, biathlète

Est-ce que ça a changé quelque chose de vivre ça au même moment que Simon Desthieux, qui a lui aussi annoncé la fin de sa carrière sportive le week-end dernier ?

J'étais assez tiraillée au mois de mars. Je n'arrivais pas à le faire, à le dire. Et Simon est venu nous voir et a annoncé ça pendant qu'on mangeait. Je ne m'y attendais pas du tout. Du coup, il a dit ça et je me suis dit que ça allait m'aider à partir. Il m'a rassurée un peu. Je l'ai annoncé le lendemain. On a eu quelques jours intenses avant d'officialiser notre départ, c'est clair (rire).

On s'est entrainés sur le même site pendant des années avec Simon. On a grandi et évolué ensemble, et avec sa copine Célia Aymonier, qui est une copine à moi aussi. C'est chouette d'avoir partagé tout ça. Des joies, des peines, on en a traversé, alors c'est cool de le faire les deux en même temps. 

Avec du recul, comment avez-vous vécu vos jeux Olympiques ? 

J'étais contente de mon début de saison. À l'approche des Jeux, j'avais réussi à avoir une bonne présence. Les Jeux ne se sont pas passés comme j'aurais voulu du tout. Je suis très triste d'être la seule de l'équipe de France a être rentrée sans médaille, mais je relativise (Anaïs Bescond n'a pas été sélectionnée pour le relais mixte, NDLR). J'ai eu des Jeux fantastiques en Corée. Pékin donne encore plus de valeur à ce que j'ai fait en Corée finalement.

Quel est le plus beau moment de votre carrière ?

C'est hyper difficile à dire. Les JO de PyeongChang en 2018, c'était l'apogée. Je suis notamment rentrée avec une médaille d'or en mixte. C'était juste génial. Mais il y a eu aussi quelques petits points d'orgue durant ma carrière. Ma première victoire, qui est d'ailleurs ma seule victoire en individuel, était énorme et les championnats du monde à Oslo aussi [Anaïs Bescond a remporté le sprint d'Antholz-Anterselva en 2013-2014 et possède également un titre de championne du monde, remporté en 2016 à Oslo avec le relais mixte, NDLR].

Qu'avez-vous prévu pour les mois qui viennent ?

Dans un premier temps, je vais terminer ma carrière aux Championnats de France [du 1er au 3 avril 2022, les meilleurs athlètes nordiques tricolores seront réunis aux Rousses, dans le Jura, NDLR]. Ce sera une jolie fête pour clôturer tout ça et en plus à domicile ! C'est vraiment une chance. Après, je vais prendre des vacances. Enfin, avant ça je vais aller voir mes collègues de l'armée. Là, je suis en route pour Chamonix. L'armée m'accompagne depuis 15 ans, ils m'ont fait confiance.

Je vais aller discuter avec eux de ce que je vais pouvoir faire après le biathlon aussi. Ensuite, je prendrai un petit peu de vacances, car ça va me faire du bien. Il va me falloir un petit peu de temps pour digérer tout ça, car c'est une page énorme que je dois tourner.

Un dernier mot pour la fin ?

(Elle réfléchit) Rappeler l'importance que l'armée a eu dans ma carrière. C'est génial ce qu'ils font pour les athlètes. La Fédération française de ski aussi. Il n'y aurait rien eu de tout ça sans la Fédération, c'est clair. J'ai tellement de gens à remercier... La liste serait longue et je ne veux pas en oublier, mais beaucoup de gens ont jalonné ma carrière. Je tiens à remercier tout le monde. 

► France 3 Franche-Comté sera en direct des Championnats de France aux Rousses, du 1er au 3 avril 2022.

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