Le cinéma indépendant de la fraternelle de la Maison du Peuple a souffert, comme beaucoup d’autres, des périodes de confinement, de jauges limitées et de port de masques obligatoire durant la crise sanitaire. Les gérants de l'unique cinéma de la ville du Haut-Jura ont pris la décision de fermer les portes pour trois semaines.
Les chiffres sont là, parlants et sans équivoque. Il y a une baisse de la fréquentation des salles de cinéma de la fraternelle. 38.000 personnes s’étaient déplacées pour voir un film en 2019, elles n’étaient plus que 28.000 en 2022. Le film Avatar en sortie nationale le 14 décembre 2022 et ses 2.000 entrées a permis de relever un peu la tête. Cela correspond à une baisse de -27% de la fréquentation. Avant la sortie du film Avatar, la baisse était de -30 à-35%.
Avatar, c’est l’arbre qui cache la forêt. On est dans une situation très préoccupante où le cinéma est déficitaire en 2022.
Christophe Joneau, directeur de la fraternelle
Selon AFP, au niveau national, en 2022 les cinémas auraient retrouvé les trois quart de leur fréquentation d'avant-Covid avec 152 millions d'entrées. Mais ces chiffres sont loin de ceux durant la période de pré-Covid avec 207.9 millions d'entrées en moyenne entre 2017 et 2019, selon le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC).
Plusieurs facteurs ont conduit à cette baisse de fréquentation
- La perte d’habitude liée au Covid-19. Certains cinéphiles ont perdu le goût du film projeté en salle.
- La crainte de la contamination est forte aussi. Toujours présent, le Covid, on préfère l’éviter en fuyant les salles closes.
- La baisse du pouvoir d’achat. En tarif plein, le ticket est à 7.50 euros et pour une population très impactée par la crise économique, ça compte.
- En milieu rural, il y a aussi le souci de la mobilité. Le prix du carburant freine l’envie de se déplacer.
- Le développement des abonnements sur les plateformes comme Netflix.
La fermeture des trois salles de cinéma va permettre à l'association d’économiser. Les salles ne seront que peu chauffées, la facture d’énergie sera plus légère.
Un cinéma de proximité pourtant essentiel
A la fraternelle, le cinéma est projeté dans trois salles. Une grande salle de 200 places, une de 110 places et une plus petite de 60 places. Et puis c’est tout. Rien d’autres à Saint-Claude et à moins de 30 kilomètres. Pour voir un film, si ce n’est à Saint-Claude, il faut se rendre à Oyonnax à une trentaine de kilomètres ou à Lons-le-Saunier à 60 kilomètres.
Dans un courrier datant de début décembre 2022, sur leur site, les membres du conseil d’administration, déplorent la situation actuelle tout en rappelant les fonctions de leur cinéma.
« C’est un cinéma de proximité, à taille humaine, avec une programmation riche et diversifiée… 50% des produits de l’association sont issus de son activité. »
Alors sans entrée d’argent, impossible de faire tourner la fraternelle.
Cette fermeture est comme un message envoyé à la population et aux collectivités.
Christophe Joneau, directeur de la fraternelle.
D’ailleurs la population est revenue en décembre montrant sa solidarité. Ce lieu de vie est important pour beaucoup de Saint-Claudiens. C’est un atout pour la ville et le bassin de vie.
En janvier, traditionnellement les cinémas sont moins fréquentés, c’est une tendance générale.
Pas de séance en janvier donc à la fraternelle mis à part pour les scolaires dont les créneaux sont maintenus.
A la réouverture le 1er février, le film "Astérix et Obélix : l'Empire du milieu" devrait remplir le cinéma.
Des idées déjà pour la suite
Le cinéma de la fraternelle de Saint-Claude est ouvert 7 jours sur 7. Il est fermé seulement quatre jours fériés dans l’année. Le 1er janvier, le 1er mai, le 15 août et le 25 décembre.
Une idée sur laquelle on travaille serait de réduire le nombre de jours d’ouverture.
Christophe Joneau, directeur de la fraternelle.
Il est aussi demandé de l'aide de la part de la municipalité et de la communauté de communes.
La fraternelle espère que des solutions seront trouvées pour continuer à faire fonctionner le cinéma et l'association, les poumons culturels de la ville de Saint-Claude.