Les chasseurs du Jura, comme dans d’autres départements souhaitaient pouvoir poursuivre certaines de leurs activités. L’Etat et la Préfecture du Jura s’apprêtent à répondre favorablement à leur demande. Au grand regret, des associations de protection de la nature.
Revoir des chasseurs et leurs fusils dans les champs et les bois alors que le confinement de la population française est de mise. Un scénario qui passe mal, chez les amoureux de la nature privés de balades au grand air. Et chez les défenseurs des animaux. Le centre Athénas spécialisé dans les soins aux animaux sauvages dénonce un traitement de faveur fait aux chasseurs et une inéquité avec la population. Et demande l'arrêt de l'agrainage des sangliers par les chasseurs.
Pour Guillaume François, photographe et président du Centre Athénas, la demande de dérogation déposée par les chasseurs du Jura est regrettable. “La nature, la faune a subi cet été 10 semaines de sécheresse qui a mis à mal les populations d’animaux, réduisant les zones de refuge. Le confinement des chasseurs aurait permis un peu de répit à la nature” estime Guillaume François. “Le fond du problème, c’est l’agrainage, le nourrissage des sangliers par les chasseurs qui en 45 ans a multiplié la population de sangliers par 19” ajoute-t-il.
Les chasseurs défendent une mission d'intérêt général pour l’agriculture notamment
Pour Christian Lagalice, président de la fédération de chasse du Jura, cette dérogation demandée en plein confinement n’a rien de choquant. Novembre est la période où les chasseurs prélèvent le plus d’animaux. “Cette demande a été faite dans le cadre de la prévention des dégâts aux cultures causés par les sangliers, la prévention des dégâts forestiers causés par les cervidés. Si on reste un mois sans chasser ces espèces, on risque d’avoir des dégâts très importants” estime le chasseur. Selon la fédération de chasse du Jura, les animaux ont causé en 2019, 450.000 de dégâts dans les cultures, qu’il a fallu indemniser.
La Préfecture du Jura accordera la dérogation aux chasseurs dans la semaine
La secrétaire d’Etat à la biodiversité a annoncé que ces dérogations seront accordées, elles seront limitées au strict minimum pour réguler certaines espèces bien définies. Les zones de chasse autorisées et les prélèvements seront définis au niveau local.
“On a besoin des chasseurs pour leur mission d'intérêt général qui sont la régulation des espèces qui causent le plus de dégâts sur les cultures comme les sangliers, les cervidés” argumente David Philot, préfet du Jura. “La chasse loisir, la vennerie ne sera pas autorisée, de même que l’agrainage des sangliers en forêt pour éviter qu’ils aillent dans les champs” ajoute le Préfet qui promet des contrôles des chasseurs notamment sur les respects des mesures sanitaires. Repas, réunions, buvettes ne seront pas autorisées aux chasseurs qui reprendront le fusil pendant cette période de confinement. Le port du masque sera également obligatoire ainsi que la distanciation sociale.
Le Jura est particulièrement touché par la seconde vague de l’épidémie. Ce 3 novembre, le taux d’incidence est de 625 nouveaux cas pour 100.000 habitants, 1250 nouveaux cas dans la tranche des plus de 65 ans, indique le centre hospitalier de Lons-le-Saunier.
En Haute-Saône, les agriculteurs se félicitent des dérogations à venir pour les chasseurs
Les agriculteurs du département espéraient une autorisation pour tuer les animaux qui font des dégâts sur leurs cultures. Ils avaient alerté la Préfecture en ce sens. Une commission chasse réunie ce mardi 3 novembre et composée notamment de la DDT, des chasseurs, des forestiers et des agriculteurs a émis un avis favorable pour poursuivre certaines activités cynégétiques en période de confinement, tout en respectant un protocole sanitaire stricte en cette période de crise.
La FDSEA de Haute-Saône par la voix de son représentant Arnaud Grandidier se félicite de cet avis et a exprimé son soulagement."Les dégâts observés dans plusieurs secteurs sont déjà considérables alors imaginez les conséquences si la chasse aurait été suspendue durant plusieurs semaines, une catastrophe économique !" réagit la FDSEA de Haute-Saône dans un communiqué.