Après une première mise en garde il y a 7 ans, la Cour des comptes s'alarme de la « vulnérabilité croissante » de certaines stations de ski, comme les Monts Jura, en dénonçant les réponses inadaptées de leurs gestionnaires.
Dans son rapport annuel publié mercredi, la Cour des comptes déplore qu'« à l'évidence », ses recommandations de 2011 aient été « peu entendues, notamment celles invitant ,à privilégier les voies d'un développement durable ».
Entre 2015 et 2017, elle a contrôlé la gestion des 17 domaines skiables examinés dans sa première enquête, dont le chiffre d'affaires de 568, 3 millions d'euros pèse 53% du total des remontées mécaniques des Alpes du nord. L'échantillon inclut notamment les domaines de Chamonix et Megève en Haute-Savoie, de grandes stations savoyardes comme Courchevel ou Tignes, et des beaucoup plus petites situées dans le Vercors ou le Jura.
Le rapport constate « un statu quo, voire l'aggravation de certains déséquilibres » liés à un modèle de développement ayant « atteint ses limites », dans un contexte financier et météorologique parfois difficile qui touche d'abord les sites de moyenne et basse montagne.
Politiques tarifaires « mal maîtrisées », investissements « privilégiant le court terme »... Elle dénonce également la généralisation de l'enneigement artificiel, solution « partielle et onéreuse ». Confrontées à une pénurie de neige ces dernières années, les stations y ont eu abondamment recours, ce qui pose des problèmes d'approvisionnement
en eau.
Même si les flocons abondent cet hiver, « l'aléa climatique s'accroît » et rend nécessaire de « faire évoluer rapidement » la gouvernance des domaines. Elle repose pour l'heure sur une « pluralité de collectivités » et « un cadre de gestion peu adapté à l'importance des enjeux », face à des « opérateurs puissants » comme la Compagnie des Alpes ou la Compagnie du Mont-Blanc.
Maintenir une activité économique en montagne est « indispensable » mais s'adapter « à un futur où le ski et les sports de neige ne seront plus l'unique ressource » exige « un développement équilibré » et « une solidarité renforcée entre les territoires », estime la Cour, qui conseille aux stations de basse altitude de se rapprocher des grandes agglomérations voisines pour développer un tourisme de proximité « diversifié et mieux réparti entre les saisons ».