La punaise réticulée du chêne a été observée pour la première fois en Bourgogne-Franche-Comté, sur de nombreux chênes à proximité immédiate des autoroutes en ce début d'automne 2024. Inoffensif pour l'homme, l'insecte ne serait pas encore une menace pour les arbres de la région.
Elle est minuscule. Elle ne mesure pas plus de 3 millimètres. Et pourtant, elle ne manque pas de mordant. La punaise réticulée (Corythucha arcuata), appelée aussi tigre du chêne, menace plus que jamais nos forêts.
La méchante petite bête a en effet été observée pour la première fois dans la région, en ce début d'automne 2024, sur de nombreux chênes à proximité immédiate des axes de circulation, prévient la Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (DRAAF) de Bourgogne-Franche-Comté.
"C'est très récent, confirme à France 3 Franche-Comté Bruno Guespin, correspondant observateur du Département de la santé des forêts (DSF) pour l'ONF dans le Jura. On l'a trouvé surtout sur les aires d'autoroute, car c'est un insecte qui est véhiculé par l'homme."
Première apparition en France en 2017
Originaire d’Amérique du Nord, ce bioagresseur exotique est en effet en train de coloniser toute l'Europe. Il a été signalé dans le nord de l'Italie dès l'an 2000, puis dans le sud de la Suisse en 2002. Il s’est ensuite propagé en Turquie en 2003, en Bulgarie en 2012, en Allemagne et en Espagne en 2021.
L'insecte a été détecté pour la première fois en France en 2017 dans la région de Toulouse. Depuis, sa progression a été très rapide dans le Sud-Ouest et avec les premiers cas recensés en 2023 en région Auvergne-Rhône-Alpes. Un an plus tard, le voilà présent dans les départements de Côte-d’Or, de Saône-et-Loire, du Doubs et du Jura. "Mais il reste en lisière de forêt pour l'instant", précise Bruno Guespin. Sur la carte fournie par la DSF, on le repère ainsi tout le long de l'A36 et de l'A39.
Un "ravageur primaire"
Malgré son surnom inquiétant, le tigre du chêne ne constitue pas encore un réel danger pour le moment. Mais attention, pas question de prendre la menace à la légère. "C'est un ravageur primaire qui s'attaque aux arbres en bonne santé, explique Mathieu Mirabel, le responsable régional du Département de la santé des forêts. C'est un insecte qui fait plusieurs générations par an et qui va vite pulluler."
On sait déjà qu'il va se disséminer dans toutes les chênaies. Il fait blanchir les feuilles et il va diminuer la capacité de photsynthèse des arbres. Dans quelles proportions ? C'est toute la question.
Mathieu Mirabel, le responsable régional du Département de la santé des forêts (DSF) de Bourgogne-Franche-Comté.
"C'est le problème de tous les bioagresseurs exotiques, ajoute Mathieu Mirabel. Quand ils arrivent dans un nouvel écosystème, il y a toujours une déstabilisation du milieu et il faut voir quel est l'impact à court, moyen et long terme." La vigilance est donc de mise même si la punaise réticulée reste bien moins vorace que les chenilles, capables de dévorer tout un feuillage.
On connaît le tigre du platane qui lui vient d'Asie et qui lui ressemble. C'est un défoliateur mais il n'occasionne pas de gros problèmes de santé pour les arbres. Mais on attend de voir.
Bruno Guespin, correspondant observateur du Département de la santé des forêts (DSF) pour l'ONF dans le Jura.
L'apparition de cette punaise dans la région n'est cependant pas une bonne nouvelle pour des peuplements forestiers déjà éprouvés par l'oïdium, les chenilles, la sécheresse et la canicule. "C'est un facteur supplémentaire, reconnaît Bruno Guespin. Et c'est le cumul qui peut faire pencher la balance."
"On va suivre la dynamique des populations", assure de son côté Mathieu Mirabel. Il souligne que des études ont été lancées par l'INRAE de Bordeaux pour évaluer les conséquences de cette prolifération de punaises réticulées sur la croissance et la vitalité des chênes.