Les scolytes continuent de décimer les conifères du massif du Jura malgré un été plutôt pluvieux

Depuis 2019, la forêt du massif jurassien subit de plein fouet une épidémie de scolytes, ces petits insectes qui ravagent les épicéas. Une situation qui, cette année encore, a des conséquences dramatiques.

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Des arbres rouges, des aiguilles qui prennent une teinte brune… Les scolytes ont un impact de plus en plus visible sur les forêts du massif du Jura. Depuis 2019, une épidémie ravage les épicéas de la région. Ces petits insectes détruisent des milliers d’arbres en creusant des galeries dans le cambium (une fine couche sous l’écorce) afin d’y déposer leurs œufs.

Avec la météo assez pluvieuse de ce début d’été 2024, les professionnels espéraient une accalmie de l’épidémie. Des espoirs très vite douchés par la réalité, le scolyte typographe, qui est le scolyte le plus agressif, s’est propagé. Il a alors attaqué tous les arbres, même ceux qui étaient en bonne santé. 

“Entre 2022 et 2023, l’épidémie a triplé”

L’épidémie de scolytes est développée dans tout l’est de la France, mais particulièrement dans le massif jurassien. “Ce massif a trois particularités importantes qui font que l’épidémie est au plus haut : sa composition en épicéa, le caractère des sols qui est très superficiel, et des forêts peu habituées à subir des sécheresses” explique Mathieu Mirabel, responsable de la santé des forêts en Bourgogne Franche-Comté auprès de nos journalistes Philippe Arbez et David Martin. 

Aujourd’hui, la situation est donc loin d’être idéale. En effet, “entre 2022 et 2023, l’épidémie a triplé au-dessus de 1000m d’altitude” ajoute Mathieu Mirabel. Chaque année, les spécialistes craignent de voir la forêt toujours plus impactée. “Ce qui est nouveau, c'est la répétition de grosses attaques, années après années” détaille Sabine Lefevre, conseillère forestière à la chambre d'agriculture du Doubs et du Territoire de Belfort. 

Et 2024 n’a pas manqué à l'appel. Les scolytes se sont multipliés dès la première quinzaine d’avril en raison de fortes chaleurs, les pluies des mois suivants n’auront pas suffi à endiguer l’épidémie. 

Un impact important sur la filière du bois

Alors quelles solutions reste-t-il pour préserver nos forêts ? D’abord, les autorités mettent en place un suivi des essaimages “cela nous permet d’identifier à quel moment les insectes s’envolent et quand ils attaquent les arbres. Ainsi, on analyse quel est le moment le plus judicieux pour surveiller les arbres attaqués et ainsi les exploiter (les couper) à temps, pour mener une lutte active” raconte Sabine Lefevre.

L’une des solutions préventives est de diversifier la composition de la forêt, avec différentes espèces d’arbres. Il faut aussi varier la structure des forêts avec des arbres âgés et des arbres plus jeunes.

Mathieu Mirabel

Responsable de la santé des forets en Bourgogne Franche-Comté

Cette épidémie impacte durablement la vente de bois. Aujourd’hui, un arbre "scolyté" ne vaut plus que 15 euros à la vente, contre près de 70 euros pour un épicéa en pleine santé. “C'est un gros problème économique, on pensait que ça allait passer en l’espace de trois ans, aujourd’hui au bout de six ans le problème subsiste” témoigne Christian Bulle, président des forestiers privés de Franche-Comté.

Aujourd’hui, pour limiter la casse, il faut limiter au maximum la monoculture d’épicéa et envisager une plus grande variation d’espèces d'arbres.

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