INSOLITE. "On n'a pas de pertes humaines, normalement" : même pas peur des zombies, on vous invite à passer une nuit chez les morts-vivants dans le Jura

Prêts pour le grand frisson ? Après le succès de la première édition l'an passé, une nouvelle "Zomby Night" est organisée les 5 et 6 avril 2024 à Mont-sous-Vaudrey (Jura). Attention, la nuit s'annonce terrifante pour les 1500 courageux qui vont relever le défi.

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Ils vont jouer à se faire peur. En pleine nuit, autour d'un château, dans un parc de 10 hectares infestés de morts-vivants. Lors du premier épisode l'an passé, ils avaient été 1 300 à relever le défi. Ils devraient être cette fois 1 500 à participer à la prochaine "Zombie Night" les 5 et 6 avril 2024 à Mont-sous-Vaudrey (Jura). Mais combien en réchapperont, c'est toute la question !

"On n'a pas de pertes humaines, normalement, sourit Arnaud Lavrut. On n'est plus devant la télé là, on est dans les bois. Même si on essaie de se convaincre que c'est faux, des morts-vivants qui grognent dans le noir, qui titubent, qui vous sautent dessus, ça fait quand même peur !"  À 37 ans, le Jurassien est plutôt content de son coup. C'est lui qui a eu cette curieuse idée d'organiser cette course d'orientation nocturne "en territoire zombie". 

Un décor à faire peur

Professeur des écoles de métier, il avait déjà créé en 2012 un labyrinthe dans un champ de maïs à Foucherans (Jura) dans la ferme familiale. En mai 2023, il a imaginé ce nouveau jeu grandeur nature, le premier du genre en Bourgogne-Franche-Comté. "Au départ, on voulait faire des nocturnes dans le labyrinthe de maïs, mais papa n'est pas trop chaud, raconte-t-il à France 3 Franche-Comté. Alors, on a cherché un autre lieu. Et le propriétaire du château nous a ouvert son parc." Un lieu idéal entre forêt, prairies et pièces d'eau, pour planter le décor de cette nuit d'horreur.

"On a installé des cercueils, des croix, des pierres tombales, des mannequins et des pendus sous les arbres, détaille Arnaud Lavrut. Il y a aussi des effets sonores et des jeux de lumière, un grand projecteur qui balaye le terrain, comme dans les prisons. C'est toute une ambiance. Je n'ai jamais regardé 'The Walking Dead', mais j'ai aussi travaillé avec des comédiens et des maquilleurs professionnels pour ne pas être à côté de la plaque et donner du relief à l'aventure."

Je voulais offrir une expérience inédite aux participants. Et là, c'est énorme ! Tu vois des gens de 14 à 60 ans qui arrivent entièrement déguisés, qui crient, qui courent, qui se dispersent et puis se retrouvent... Des gens qui s'éclatent tous ensemble, quoi !

Arnaud Lavrut, organisateur de la "Zomby Night".

Course-poursuite dans le noir

L'an dernier, on pouvait se mettre dans la peau d'un zombie. Mais, cette fois, pour renforcer l'intensité du jeu, ils feront tous partie de l'équipe d'organisation. Les participants, ou plutôt les "survivants", eux, auront droit un échauffement sportif assuré par des coachs de Centre aquatique de Dole (Jura). Après le briefing et la lecture du scénario, ils recevront un livret de survie. À partir de 20h15, ils s'élanceront ensuite, toutes les 15 minutes, par vagues de 30 à 40 participants, dans le noir, une lampe frontale vissée sur la tête.

Objectif : trouver une douzaine de balises où ils devront valider un indice ou résoudre une énigme. Tout un parcours ludique et cognitif, à réaliser sous la menace permanente des morts-vivants embusqués, qui surgiront pour les surprendre ou tenter de leur arracher des bâtons de vie accrochés à la ceinture. La course dure 1h30 en moyenne. À l'arrivée, ni classement, ni récompense. Juste le plaisir de s'être donné le grand frisson.

"Les gens viennent en famille, entre amis, explique Arnaud Lavrut. Certains viennent aussi pour faire du team building d'entreprise. Cette année, il y a un groupe d'employés d'une banque. Il y a aussi des joueurs du Grand Dole Rugby qui ont formé une équipe."

Le concept plaît visiblement. Le tarif est compris entre 29 et 40 euros suivant la date à laquelle on s'inscrit. Les réservations sont déjà très nombreuses sur le site internet. Une autre "Zomby Night" sera même organisée les 1er et 2 novembre 2024 au parc des expositions de Dole (Jura), dans un univers "plus urbain". Un camping de la région serait aussi intéressé. L'Université de Bourgogne pourrait accueillir une de ces folles nuits sur son campus à la rentrée prochaine. "C'est un thème qui plaît à beaucoup de monde", ajoute Jules Schmidt. À 22 ans, il a rejoint son cousin dans la société qui gère l'événement. "Il y a beaucoup de jeux vidéo, de films et de séries sur les zombies, mais là, c'est vraiment différent des écrans !"

Il était une fois les zombies

Il faut dire que les zombies ont déjà envahi depuis longtemps notre quotidien et nourri notre imaginaire. Comme en témoigne l'engouement incroyable pour la série télévisée d'horreur américaine The Walking Dead, tirée elle-même de célèbres comic books en noir et blanc, scénarisés par Robert Kirkman et dessinés par Tony Moore. Une série qui a battu des records d'audience dans le monde entier, pendant 11 saisons et 177 épisodes diffusés entre 2010 à 2022. Cette fiction (heureusement) raconte l'histoire d'un petit groupe de rescapés qui tentent de survivre dans un monde postapocalyptique en proie à une invasion de morts-vivants, qui sont ici surnommés "les rôdeurs".

Mais les "vrais" zombis (sans e) sont en fait originaires d'Haïti. On retrouve leurs premières traces aux XVIIe et XVIIIe siècles. Le mot "zonbi" signifie en créole "esprit" ou "revenant ". Il désigne également des dieux esprits de certaines tribus africaines. À l'époque, de nombreux Africains réduits en esclavages sont envoyés dans les plantations de canne à sucre de l'île, colonisée par les Français. Pour ces esclaves, la mort était synonyme de liberté et de retour à la terre natale dans l’au-delà, ce qui les encourageait souvent à s'ôter eux-mêmes la vie. Mais beaucoup craignaient néanmoins de se retrouver pris au piège pour toujours dans le corps de zombies sans âme. Des corps qui pouvaient mystérieusement revenir à la vie par le biais de rituels magiques. Selon la religion vaudoue, alors pratiquée par près de 90% des Haïtiens, les bokors (des sorciers) étaient en effet capables de créer et de contrôler ces zombies.

En 1791, après la révolte des esclaves, de nombreux Africains asservis fuient vers la Nouvelle-Orléans, sous contrôle des Espagnols. Ils emportent avec eux la pratique du vaudou et toutes leurs croyances autour des zombies, aujourd’hui encore, les prêtres vaudous sont toujours des éléments importants de la culture locale.

La nuit des morts-vivants

C'est cependant grâce au grand écran que les zombies vont devenir des vedettes. Avec le succès surprenant de La nuit des morts-vivants ((Night of the Living Dead), un film d'horreur américain à bas budget (114 000 $ seulement), réalisé par George A. Romero en 1968. Le film est sorti en salles en France deux ans plus tard en 1970. Le réalisateur tournera cinq suites : Zombie (1978), Le Jour des morts-vivants (1984), Le Territoire des morts (2005), Chronique des morts-vivants (2008) et Le Vestige des morts-vivants (2009). Sans compter les multiples remakes.

Cette saga culte a surtout donné naissance à tout un genre cinématographique : le film de zombies. Et bien au-delà, elle a contribué à en faire un véritable phénomène culturel. Chaque auteur enrichissant, au fil du temps, notre connaissance des "zombies modernes". Car le mal est contagieux dit-on. Max Brooks a même publié aux Etats-Unis, en 2003, un Guide de survie en territoire zombie (sous-titré Ce livre peut vous sauver la vie). C'est lui qui a également signé en 2006 le très remarqué World War Z, adapté à son tour au cinéma en 2013 par Marc Forster avec Brad Pitt dans le rôle principal.

Avis donc aux amateurs : le cinéma et tous ces livres spécialisés pourraient bien vous être fort utiles avant de vous risquer à Mont-sous-Vaudrey...

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