Jura : "sans le chien de protection, il y aurait peut-être eu plus de dégâts", première attaque du loup de l'année sur un troupeau de brebis

Quatre brebis ont été tuées à la suite d'une attaque de loup dans la nuit du 3 au 4 juin 2023 sur une exploitation de Montlainsia dans le Jura. La première attaque de l'année dans ce département.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

L'attaque a eu lieu dans la nuit du samedi au dimanche 4 juin dans le secteur de la Petite Montagne près d'Arinthod dans le Jura, à plus d'une soixantaine de kilomètres des lieux où ont été localisées les deux meutes de loup implantées dans la forêt du Risoux et au Marchairuz sur la frontière franco-suisse.

Les brebis attaquées se trouvaient dans un lot de 63 brebis et béliers avec un chien de protection. Au total, l'éleveuse a un troupeau de 240 bêtes. 

Les brebis ont cassé la clôture pour, je suppose , rentrer à la bergerie. Les brebis sont passées dans un grand parc avec beaucoup de murgers et de buissons. Elles se sont probablement éparpillées. Le chien a eu du mal à faire son travail. Mais, sans le chien il y aurait peut-être eu plus de dégâts.

Éleveuse des brebis attaquées par le loup

L'éleveuse a déjà eu des prédations sur son élevage, mais il s'agissait de lynx. Son élevage a été adapté : "une partie du troupeau ne dort jamais dehors", précise l'agricultrice. Le troupeau est protégé par des filets de protection et des chiens de type berger de Maremme et des Abruzzes.  Des grands chiens blancs d'origine italienne qui sont faits pour garder des troupeaux de moutons. L'éleveuse a eu l'autorisation de faire des tirs d'effarouchement, mais elle ne souhaite pas le faire. 

Il y a eu des attaques de loup sur des bovins dans le secteur l'été dernier. Sur ma commune et des villages à moins de 20 km.

Éleveuse des brebis attaquées par le loup

Son association professionnelle "Les éleveurs ovins francs-comtois" a réagi en publiant une lettre ouverte signée de son président Cyril Roussel.

La situation est devenue hors de contrôle, ne fermons plus les yeux ! L’objectif national du maintien de l’espèce est largement dépassé, la race lupine n’est plus en danger, notre métier l’est devenu avec chaque semaine de mauvaises nouvelles.

Cyril Roussel, président des éleveurs ovins francs-comtois

Combien de loups pour maintenir l'espèce ?

En France, d'après l'OFB (Office Français de la Biodiversité) il y aurait actuellement environ 1000 loups, des adultes, qu'ils soient devenus reproductibles ou pas encore. Selon l 'étude de 2017 publiée par l'Office National de la chasse et de la faune sauvage et le Muséum d'histoire naturelle, la "taille minimum de population viable" pour le loup est de 2 500 à 5 000 individus. Une estimation qui n'a pas été calculée pour la France, elle est valable pour des populations en général et isolées génétiquement, ce qui n'est pas forcément le cas en France. 

Le seuil de viabilité de l'espèce avec 500 loups en France a été cité dans le communiqué de la chambre régionale d'agriculture. Il est mentionné dans l'étude de l'ONCFS et du muséum d'histoire naturelle. Cela correspond à ce que les scientifiques appellent la "taille efficace". L'étude précise que "dans les populations naturelles, tous les individus ne participent pas forcément au processus reproductif : l’effectif efficace est composé des animaux potentiellement reproducteurs à un instant donné" d'où la différence entre "taille efficace" et "taille minimum de population viable". C'est pourquoi l'association Ferus estime que "l'objectif national du maintien de l'espèce n'est pas atteint".

L'association vient de cosigner le 6 juin un communiqué en réponse à celui de la chambre régionale d'agriculture publié le 26 mai et cosigné par les Éleveurs ovins francs-comtois. 

Fin mai, les représentants des agriculteurs demandaient au gouvernement de garantir le "zéro attaque" en assouplissant "la procédure de mise en place des tirs de défense qui restent le moyen le plus efficace pour assurer la protection des troupeaux". 

La vingtaine d'associations environnementalistes, signataires du communiqué du 6 juin, estime que "les tirs de défense ne sont pas "le moyen le plus efficace".  "Au contraire, écrivent-ils, des études ont montré que ces derniers, risquant de déstructurer les meutes, menaient souvent à plus d’attaques, soit l’effet inverse de celui escompté."

Une aide de Pastoraloup pour les éleveurs

Ce 7 juin, l'association Ferus publie un "appel aux éleveurs" pour leur rappeler que les éleveurs qui le souhaitent peuvent faire appel au programme Pastoraloup-Massif du Jura pour les aider à protéger leur troupeau. "Plus de 70 bénévoles, en majorité habitants du massif, peuvent intervenir de manière réactive et dans l’urgence, permettre une surveillance de nuit ponctuelle (quelques nuits) chez les éleveurs demandeurs suite à l’augmentation de la pression de prédation sur leur secteur ou si un loup est détecté à proximité."

Dans sa lettre ouverte, le représentant des éleveurs d'ovins Cyril Roussel, conclut en demandant "une régulation efficace, réglementée". Une lettre ouverte qu'approuve l'éleveuse de la Petite Montagne. Cet élevage de la Petite Montagne a eu 120 moutons attaqués par le lynx en 10 ans. Depuis que les chiens sont là, les attaques ont cessé. Mais, cette fois-ci, c'est le loup qui a attaqué. Cette famille d'éleveurs ne voit pas comment des bénévoles pourraient les aider.

Si les attaques deviennent trop importantes, ça remettra en cause la pérennité de mon élevage. Je m'inquiète aussi pour mon élevage de chevaux comtois. Ils ne sont pas protégés par les chiens. Je suis résignée, je subis.

Éleveuse victime d'une attaque de troupeau

La direction départementale des territoires du Jura a précisé que l'éleveuse allait être indemnisée puisque son élevage était protégé. On ne sait pas s'il s'agit d'un loup ou de plusieurs loups.

Cette première attaque de loup dans le Jura intervient alors que les grandes lignes du prochain Plan national d'actions du loup devraient être fixées début juillet. Le préfet coordinateur a déjà annoncé que des moyens supplémentaires seraient attribués pour améliorer la connaissance et le fonctionnement des meutes. 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information