"Comme si on leur redonnait vie" : cette ferme du Jura accueille et reconstruit des animaux victimes de maltraitance

C'est un havre de paix pour les animaux de ferme victimes de maltraitance. Dans le Haut-Jura, le refuge des Sabots du bonheur accueille une soixantaine d'animaux abandonnés ou victime de traumatisme. Avec un objectif simple : prendre soin d'eux et leur donner une vie meilleure.

Un petit coin de bonheur, après une vie difficile. Depuis 2019, Stéphanie Pernier a investi un petit coin du Jura qu'elle dédie aux animaux abandonnés, promis à l'abattoir ou victimes de maltraitance et de traumatisme. Un domaine de cinquante hectares sur la commune des Bouchoux, au nom évocateur : les Sabots du bonheur. 

"On est réellement actif depuis deux ans, car avant, on a eu le Covid" précise Stéphanie, co-fondatrice du refuge. "Depuis petite, m'occuper des animaux, c'est une passion. Donc cette activité prend vraiment tout son sens. On récupère des bêtes malheureuses. Et notre défi, c'est de, petit à petit, les soigner, les accompagner, pour qu'elles reprennent confiance en l'homme et finissent leur vie heureuse".

Une soixantaine d'animaux accueillis

Aujourd'hui, les Sabots du bonheur, c'est une soixantaine d'animaux. Beaucoup de chevaux (une trentaine) mais aussi des vaches, des poneys, des cochons, des chèvres et dernièrement, des lapins. "On accepte tous les animaux de la ferme" reprend Stéphanie Pernier. "Et nous ne nous limitons pas à la Franche-Comté. On a des bêtes venues des Pyrénées, de Normandie ou encore de Corrèze".

Un réseau large, que Stéphanie a bâti tout au long de sa vie professionnelle, et qui lui permet de recueillir les animaux de différentes manières. "On a parfois des animaux qui nous sont confiés après des alertes pour maltraitance, mais également des particuliers, qui se rendent compte qu'ils ne peuvent plus s'en occuper, qui nous contacte" confie Stéphanie Pernier.

D'autres associations de refuge pour animaux me transmettent aussi des bêtes. Et puis il y a les sauvetages plus rocambolesques. On fait le tour des boucheries chevalines pour racheter des chevaux, ou alors on fait la chasse aux annonces sur internet.

Stéphanie Pernier,

cofondatrice de l'association "Les sabots du bonheur"

Mojito, petit poney à la robe blanche et marron, a ainsi été racheté "après qu'on l'a vu sur une annonce Le Bon coin" révèle Adeline Goisset, bénévole et cofondatrice de l'association, au micro de nos journalistes Norbert Evangelista et Hugues Perret "C'était un animal de foire, qui tournait de marchand en marchand. Quand on est arrivé pour le prendre en charge, il était avec trois autres poneys. On les a tous pris".

Des bêtes rachetées juste avant l'abattoir

"Ils avaient le poil long, les yeux éteints. Il n'y avait plus rien dans leur regard" continue-t-elle. "On a dû les porter jusqu'à notre van, car ils n'avaient plus de force. Je suis persuadée qu'ils n'étaient jamais allés dehors, qu'ils n'avaient jamais vu un brin d'herbe".

Aujourd'hui, ils gambadent joyeusement dans la nature. Au côté de Bella, cochonne arrachée à des conditions d'élevage intensif, comme en témoigne sa queue coupée. Ou Dédée, un cochon vietnamien confié au refuge "car ses propriétaires ont été effrayés par sa prise de poids" raconte Stéphanie. "Ils pensaient qu'il resterait tout petit, comme lorsqu'ils l'avaient acheté. Mais ce n'est pas un cochon dinde".

Autre exemple, la jument Gipsy. En un coup d'œil, on peut se rendre compte de la souffrance de l'animal, les flancs creusés, et la démarche claudicante. "Ses anciens propriétaires l'avaient acheté pour leurs filles" nous explique-t-on. "Quand ils s'en sont lassés, ils s'en sont désintéressés. On l'a retrouvé à l'abattoir, et on l'a fait venir ici".

Elle reste très craintive et ne fais plus confiance à l'homme. Elle nous fuit, mais on essaye de changer cela. On essaye de transmettre une chose aux animaux : ce que vous avez vécu avant, c'était une exception. Mais cela prend du temps pour qu'il l'intègre.

Stéphanie Pernier

Une reconstruction également physique, puisqu'un vétérinaire, un dentiste et un ostéopathe interviennent régulièrement. Psychologique aussi, grâce à une équipe d'une quinzaine de bénévoles aux petits soins. "J'ai une équipe en or" s'exclame Stéphanie Pernier. "Avoir une présence humaine rassurante, c'est hyper important pour que l'animal se resociabilise. Aujourd'hui, beaucoup de monde peut m'aider, et je dois même refuser du monde car s'occuper d'animaux parfois traumatisés demande de l'expérience".

Une question nous taraude. Entre les sommes parfois élevées déboursées pour récupérer des bêtes, et les dépenses inhérentes au bon fonctionnement du refuge, comment fait l'association pour arriver à fonctionner ? "Je dois avouer qu'on vit surtout grâce à mes activités de gardiennage de chevaux" concède Stéphanie Pernier. "Mais on a aussi mis en place des journées portes ouvertes et un système de parrainage".

On propose à toutes les bonnes volontés de devenir parrain ou marraine d'un de nos animaux. Contre une somme minimum de 60 euros à l'année, on offre trois journées au parrain-marraine pour venir chouchouter son animal, et on lui envoie des nouvelles par mail avec des photos.

Adeline Goisset,

bénévole et cofondatrice de l'association

À l'heure actuelle, Les sabots du bonheur comptent une quinzaine de parrainages. L'association ne veut pas s'arrêter là. "On recherche des jeunes, car on veut aussi transmettre cette connaissance de la nature, des besoins de l'animal" pointe Stéphanie Pernier. "C'est grâce à cela qu'on arrivera à diminuer les cas de maltraitance".

Car la fondatrice l'admet. Si elle adore son activité professionnelle, "ce serait une bonne nouvelle si nous avions moins d'animaux à prendre en charge". "Les sauvetages qu'on fait, ce ne sont que des petites gouttes d'eau" conclut-elle. "Il y a énormément d'animaux qu'on ne peut pas sauver". 

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