Le ministre de la Santé François Braun est en visite à Lons-le-Saunier dans le Jura ce lundi 3 avril pour tenter de rassurer le secteur hospitalier, régulièrement confronté à des fermetures de service et inquiet de l'impact de la mise en place du plafonnement de la rémunération des médecins intérimaires.
François Braun était en visite à Lons-le-Saunier dans le Jura ce lundi. Le ministre de la Santé s'est rendu au centre hospitalier Jura Sud, où il a échangé avec le personnel, avant de s'entretenir plus tard avec une délégation de l'Agence régionale de santé.
Une visite qui survient dans un contexte de tension, alors que les hôpitaux publics connaissent des difficultés pour recruter des médecins. Le Jura a régulièrement été touché par des fermetures de services hospitaliers ces dernières années.
La récente fermeture de la ligne Smur et des consultations non programmées à Champagnole, de la maternité de Saint Claude il y a cinq ans, ou la suspension des urgences pendant la nuit l'été dernier à l'hôpital Pasteur de Dole, sont des symptômes emblématiques des difficultés rencontrées par les hôpitaux publics en zone rurale.
"Il faut réussir à combiner partout proximité, qualité et sécurité", a déclaré le ministre de la Santé ce lundi à Lons-le-Saunier. "Les Jurassiens comme le reste de nos concitoyens ne sont pas d'accord pour qu'on leur dise qu'on va tout régler. Nous n'avons pas les personnels et nous ne les aurons pas plus demain", a reconnu le ministre.
"Il faut donc s'organiser (...) Je veux que tous les Jurassiens aient une réponse, pas forcément à côté de chez eux, mais une réponse adaptée à leurs problèmes de santé", a-t-il ajouté.
Une loi qui inquiète
Autre motif d'inquiétude : la promulgation, ce lundi, de la loi Rist, qui vise à encadrer et contrôler le recours des intérimaires, en plafonnant la rémunération des médecins intérimaires à 1 390 euros bruts pour 24 heures de travail, soit 57 euros bruts par heure.
Une loi qui suscite l'inquiétude. Les médecins intérimaires sont très sollicités par les hôpitaux pour venir combler les besoins dans de nombreux services, comme les urgences, l'anesthésie ou la pédiatrie. Ils percevraient des salaires parfois supérieurs, même si les chiffres sont difficiles à vérifier.
Si certains refusent de travailler à ce tarif, ce sont des services entiers qui pourraient en pâtir. "Des services de maternité, de cardiologie, d'urgences, de gériatrie vont fermer", assure Eric Reboli, porte-parole du Syndicat national des médecins hospitaliers remplaçants.
Ce tour de vis sur l'intérim médical provoque d'ailleurs déjà quelques fermetures de services dans de petits hôpitaux dans le reste de la France. Au moins deux maternités ont ainsi suspendu depuis plusieurs jours leurs accouchements. Celle de Sarlat (Dordogne), qui fonctionnait avec 70% d'obstétriciens en intérim. Et celle de Sedan (Ardennes), "en l'absence d'anesthésistes réanimateurs", explique l'ARS Grand Est.
Le couperet est aussi tombé sur les urgences de Feurs (Loire), qui ont dû fermer
pour une durée indéterminée. Le service tournait avec dix médecins, dont cinq intérimaires, qui "n'acceptent pas le plafonnement de leur rémunération" selon le directeur Edmond Mackowiak.