La plateforme de livraison de repas Uber Eats a annoncé son implantation à Lons-le-Saunier dans le Jura à l'automne prochain.
C'est l'arrivée d'un mastodonte qui n'a pas très bonne réputation. La plateforme de livraison à domicile de repas Uber Eats a annoncé son arrivée à Lons-le Saunier pour l'automne "même s'il n'y a pas encore de date précise", nous précise Manon Guignard, responsable communication d'Uber Eats. Une nouvelle qui ravira ceux qui apprécient se faire livrer chez eux un plat de leur restaurant préféré, mais Uber Eats n'a pas très bonne réputation auprès de tout le monde.
Propriétaire du Leonz' Café à Lons-le-Saunier, Lionel Flatry ne voit pas d'un très bon oeil l'arrivée du géant américain. "Je suis opposé à cette forme d'asservissement du travail pour les livreurs. J'ai aussi peur que ça vide les salles de nos restaurants à Lons. On arrive à remplir nos salles donc je ne pense pas que nous ayons besoin de faire de la quantité au détriment de la qualité pour développer la vente à emporter", souligne t-il. Même discours du côté de l'établissement S.O.S Pizzas. "On a déjà notre propre service de livraison et par rapport à Uber Eats je ne suis pas vraiment convaincu par leur modèle. On a déjà assez de travail", nous dit la direction.
"Il y a toujours un petit truc qui ne va pas"
Les livreurs qui travaillent pour Uber Eats ont un statut très précaire. Ils sont auto-entrepreneurs, payés à la tâche et tous leurs déplacements sont géolocalisés par la plateforme de livraison. En Bourgogne-Franche-Comté, certains livreurs ou restaurateurs ont déjà observé les conséquences de ce modèle. À Dijon, où Uber Eats est déjà implanté, un coursier nous racontait gagner environ 1000 euros par mois pour 200 heures de travail, parfois sous la pluie ou la neige. En 2019, certains livreurs avaient manifesté à Dijon pour dénoncer leurs conditions de travail.
La multinationale américaine opère également à Dole dans le Jura. Le patron du restaurant Chez L'Atlas, qui est l'un des partenaires d'Uber Eats dans la ville, nous confie ses difficultés à travailler avec la plateforme. "C'est toujours la m... avec Uber. Il y a toujours un petit truc qui ne va pas. Parfois il n'y a pas assez de livreurs disponibles, alors le plat n'arrive que trois heures plus tard chez le client. Et puis là, ma tablette que j'utilise pour travailler avec eux ne fonctionne plus depuis 10 jours et personne n'est venu me la réparer", soupire t-il.
À Lons-le-Saunier, une plateforme de livraison de repas à domicile est déjà active. Il s'agit de Lyveat, une start-up lancée par deux jeunes entrepreneurs de l’Ain. Ils visent uniquement les villes moyennes de 10.000 à 70.000 habitants où les géants du secteur comme Uber Eats et Deliveroo sont moins présents. Enzo Chagny, co-fondateur de Lyveat, ne se dit pas inquiet face à l'arrivée d'Uber Eats. "Dans une petite ville comme Lons, si on paye mal les livreurs cela se sait très vite et vous ne trouverez plus de livreurs tout en ayant une image déplorable. C'est pour ça que chez Lyveat on a choisi de reverser intégralement les frais de livraison aux livreurs. C'était un sujet quand on a créé l'entreprise : comment faire différemment des grosses plateformes qui payent mal leurs livreurs", pointe Enzo Chagny."Dans une petite ville comme Lons, si on paye mal les livreurs cela se sait très vite".
Créé en février 2020, Lyveat a vu son activité bondir depuis le début de l'épidémie de Covid-19. "Nous avons multiplié notre chiffre d'affaires par neuf", affirme Enzo Chagny. Uber Eats devra réussir à se frayer une place à Lons-le-Saunier où Lyveat semble plutôt apprécié par les restaurants partenaires.