"Marche avec les loups", un film pour "démystifier l'image" de ces prédateurs

Le film "Marche avec les loups", sorti en salle mercredi 15 janvier, retrace le voyage de loups des Alpes vers le Jura. L'œuvre du réalisateur Jean-Michel Bertrand, saluée par les naturalistes, fait grincer des dents certains éleveurs.

Le cinéaste Jean-Michel Bertrand sera présent le 5 février au cinéma les Cordeliers à 20h00 pour parler de son film.

Ce dernier retrace le voyage des loups des Alpes vers de nouveaux territoires du Jura dans "Marche avec les loups". Dans cette aventure "brute", documentaire à la frontière de la fiction, le réalisateur témoigne de la reconquête progressive des massifs du Jura par les jeunes loups, où cet animal avait été chassé au siècle dernier.

Le film prolonge la quête débutée par Jean-Michel Bertrand avec "La vallée des loups", sorti en 2016 et qui avait fait près de 200 000 entrées. Il y relatait sa recherche du mythique loup gris pendant trois ans dans une vallée.

"Une place indispensable dans l'écosystème"

Après deux ans d'immersion pour retracer le voyage des jeunes individus, qui quittent la meute une fois devenus adultes, le réalisateur utilise dans "Marche avec les loups" des caméras camouflées qui se déclenchent sur leur passage, gardant toujours une distance respectueuse avec ces animaux sauvages.

Jean-Michel Bertrand partage l'intimité de son quotidien avec le spectateur, au gré du changement des saisons et des rencontres inattendues, s'interrogeant sur l'impact de l'homme sur son environnement. "Ce film montre la fabuleuse résilience d'une nature bafouée qui se reconstitue", se réjouit le réalisateur, originaire des Hautes-Alpes, qui a parcouru le monde pendant trente ans pour réaliser des documentaires et travaillé aussi sur le retour de l'aigle royal dans les Alpes en 2011.

"Jean-Michel Bertrand apporte un regard objectif sur les loups", se réjouit Patrice Raydelet, président du Pôle Grands Prédateurs Jura. Naturaliste et photographe animalier, le Jurassien se félicite de la sortie de ce film : "C'est un film qui démystifie l'image du loup. En France, le loup est victime d'une mauvaise réputation construite sur des siècles de contre-vérités", regrette Patrice Raydelet.

Le président du Pôle Grands Prédateurs du Jura voit de plus en plus de loups dans les zones de présence permanente (ZPP) du département : "Il y aurait six ou sept loups dans le Jura. C'est une bonne nouvelle, cela veut dire que la répartition ne se fait pas qu'en milieu alpin. L'espèce retrouve sa place. Une place indispensable dans l'écosystème."

Des menaces de mort

Mais la sortie du film a suscité la colère de certains éleveurs, pour qui le loup est un sujet sensible face à la recrudescence d'attaques de troupeaux dans les alpages. Accusé d'être "pro-loup", Jean-Michel Bertrand a indiqué avoir même reçu "trois menaces de mort" avant la sortie de son film. "Il faut aller vers un dialogue (...) et ne pas entretenir les fractures, car le retour du loup est une évidence".

Patrice Raydelet regrette également cette hostilité : "C'est un travail de longue haleine de sensibiliser sur l'importance du loup. Mais celui-ci fait face à l'opposition de grandes structures agricoles dont les syndicats."

La Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) des Hautes-Alpes avait appelé à une mobilisation contre le film en fin de semaine dernière à Gap (Hautes-Alpes), avant de finalement l'annuler face à des protestations d'internautes.
  
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