L’association One Voice a saisi en référé-suspension le tribunal administratif de Besançon (Doubs). Elle demande l’annulation des arrêtés pris par la préfecture du Jura autorisant six agriculteurs à procéder à des tirs sur les loups qui menaceraient leurs troupeaux. Ces recours sont examinés ce mercredi 8 février.
Après les attaques de l'été 2022, six arrêtés ont été pris par la préfecture du Jura pour autoriser six agriculteurs à procéder à des tirs de défense simple contre les loups dans le département du Jura. Selon l’association de défense des animaux, One Voice, ces arrêtés ont été pris « sans faire référence à la moindre analyse précise pour prouver la nécessité de ces mesures dans les élevages de vaches concernés, contrairement à ce qui est exigé par les textes » explique-t-elle dans son communiqué.
Aussi, selon One Voice, « ce texte contredirait un arrêté ministériel obligeant les éleveurs à établir la non-protégeabilité des troupeaux au cas par cas. Sans discrimination entre vaches et moutons ».
C’est pour ces raisons que l’association One Voice a déposé des référés-suspensions qui sont examinés ce mercredi 8 février par le tribunal administratif de Besançon.
Ces arrêtés n’ont pas pour but de protéger les animaux des troupeaux, mais bien de tuer le plus de loups possible ! L’État, veut-il les exterminer ? Ne peut-il pas trouver d’autres moyens pour aider les éleveurs et calmer la peur irrationnelle d’une population qui, dans sa très grande majorité, n’a jamais aperçu le moindre loup en liberté ?
One Voice, communiqué
Interrogé par une équipe de France 3 Franche-Comté, l'avocat de l'association One Voice, Me Olivier Vidal, précise "que pour pouvoir considérer que des bovins ne sont pas des animaux protégeables, il faut que le préfet démontre, et cela est une mesure issue du droit européen et du droit français, qu'il a procédé à une analyse technico-économique sur les troupeaux, au cas par cas, pour dire qu'ils ne sont pas protégeables du loup. Hors, la préfecture n'a pas apporté la preuve qu'elle l'a fait".
Toujours selon cet avocat, "un rapport du Ministère de l'environnement suggère même de mettre en place des mesures de protections parce que les bovins ne peuvent pas être suffisamment protégés. Ces protections pourraient être des chiens ou des gardiennages humains".
"C'est mon seul moyen de protéger mes bêtes"
Présent au tribunal ce matin, Nicolas Duriez, du GAEC du Rossignolet à Villers-Robert dans le Jura. Cet agriculteur possède deux exploitations, une spécialisée dans la viande, la deuxième dans le lait. Des attaques de loup, son troupeau de veaux en a subi quatre à l'automne dernier. "Mon tir de défense, je ne m'en suis jamais servi mais c'est le seul moyen que je possède pour protéger mes bêtes. Je n'ai pas d'autres moyens de défendre mon troupeau, ni avec des chiens, ni avec des clôtures électriques. Je ne peux pas mettre des chiens sur chacune de mes parcelles, j'en ai entre 15 et 20, financièrement, ce n'est pas possible"
Deux recours déjà déposés par One Voici dans le Doubs fin 2022
Fin 2022, One Voice accompagnée par les associations Ferus et le Pôle Grands Prédateurs, a déposé deux recours le mercredi 14 décembre 2022, également devant le tribunal administratif de Besançon. Les trois associations de défense du loup estimaient que les autorités mettaient en danger la population de loups dans le massif du Jura et que la notion de "troupeaux non protégeables" utilisée dans les arrêtés n'était pas légale. Dans le Doubs, depuis le début de l’été 2022, les agriculteurs avaient subi une vingtaine d’attaques, et perdu au moins 25 bêtes. Sur les exploitations concernées, le préfet du Doubs avait pris des arrêtés autorisant des tirs de défense permettant dans des conditions bien précises de tuer des loups. Les trois associations contestent deux de la vingtaine d’arrêtés pris par le Préfet du Doubs. “On aurait pu les attaquer tous, mais cela coûte de l’argent” avait précisait à l’époque Natacha Bigan, représentante de Ferus dans le Jura.
Les deux arrêtés attaqués concernent une exploitation de Chapelle-des-Bois et une autre située à Chapelle-d’Huin.
L’association One Voice
Créée en 1995 par Muriel Arnal, sous le nom d’Aequalis puis de Talis, l’association prend le nom de One Voice en 2000. Ses combats sont multiples : l’expérimentation animale, l’exploitation des animaux pour les spectacles, la fourrure, l’angora, le cuir, l’errance féline, la chasse, la faune sauvage, la corrida, l’élevage et l’alimentation.
One Voice est active en France, mais aussi à l’étranger. Elle a mis un terme à l’exploitation des ours danseurs en Inde. En Chine, elle a permis d’aboutir à une règlementation protégeant les animaux, notamment les chiens et les chats, sacrifiés pour leur viande et leur fourrure. Elle représente la France dans les principales coalitions internationales contre l’expérimentation animale, la fourrure, les cirques et les delphinariums.