Menace de faillite sur Twitter : l’inquiétude des artisans et des créateurs qui dépendent du réseau social

Alors que l’avenir du réseau social Twitter paraît bien incertain, depuis son rachat par le milliardaire Elon Musk, certains artisans et artistes s'inquiètent de celui de leur entreprise. Leur activité dépend principalement du site internet.

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C’est au cœur d’un village du Jura, près d’Arinthod, qu’il travaille le bois. Pourtant, dans les ruelles, vous n’y trouverez pas d’enseigne à son nom ou à celui de sa boutique. Martin B, alias « Bison », ne vend son travail que sur sa boutique en ligne. Des figurines d’animaux aux allures bonhommes et touchantes et des œuvres sculptées à la main qui lui permettent de vivre de son art depuis novembre 2020. « J’ai eu beaucoup de chance depuis le début » concède-t-il modestement.

Pourtant, depuis le rachat du réseau social Twitter par Elon Musk, il ne cache pas son inquiétude. « 100% de mon chiffre d’affaires vient de ma boutique en ligne, dont la visibilité passe quasi-exclusivement par Twitter, et un petit peu Instagram », explique le sculpteur sur bois. Sur son compte suivi par plus de 27.000 internautes, il présente son travail, la fabrication de ses œuvres, et partage son processus de création. Des postes qui lui permettent de faire la publicité de chacune de ses créations. « C’est surtout mon public Twitter qui fait mon activité ». Un public qu’il craint de perdre.

Je ne suis pas très serein

"Bison", artiste sculpteur jurassien

Depuis son arrivée aux manettes du réseau social américain, le milliardaire a enchaîné les annonces plus ou moins aberrantes, licencié une grande partie des salariés de l’entreprise, et provoqué plusieurs mouvements de panique sur les marchés boursiers outre-atlantique. Pas de quoi rassurer les artistes, dont les revenus dépendant du fonctionnement du réseau social. 

« Il y a plein de scénarios où ça peut mal se passer pour moi » confirme Bison. « Le fait qu’il veuille favoriser les gens qui payent, ça engendrerait des dépenses supplémentaires, si le site devient insécurisé, s’il buggue ou qu’il ferme ou qu’il se crashe » énumère le sculpteur. Lui qui fournit depuis deux ans beaucoup d’efforts pour être quotidiennement présent sur ce réseau, « c’est beaucoup de travail », craint de les voir réduits à néant. « J’ai peur que les gens n’aillent sur mon site internet ».

« J’ai instauré un rendez-vous mensuel, chaque 27 du mois, à 19 heures, je publie des créations sur mon site, mais voilà, quand on est plus sur les réseaux sociaux, qu’on ne vous voit plus, les gens oublient ». L'artiste est déjà présent sur Instagram, mais l'algorythme peut y être retors : "j'avoue que j'ai dû mal à comprendre le fonctionnement propre de ce réseau. Sur la même période, en postant les mêmes choses, j'ai eu 27.000 followers sur Twitter et seulement 3.000 abonnés sur Instagram". Quant à Tiktok, Bison avait bien débuté à y cultiver une présence, mais si ses vidéos y fonctionnaient très bien, elles débouchaient très rarement sur des commandes. "Je pense que le public de Tiktok est plus jeune, et a moins de moyens" s'explique l'artiste.

Alors, l’artisan a ouvert un nouveau compte sur Tumblr, une autre plateforme, et surtout sur Mastodon, alternative collaborative au géant Twitter. En espérant que son public Twitter s’y retrouve. « La question, c’est : ‘Est-ce que les gens vont y aller ? » s’interroge le Jurassien.

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