Il cherchait une région montagneuse qu’il ne connaissait pas. Le réalisateur français Sébastien Betbeder a choisi de tourner son prochain film, “l’Incroyable Femme des neiges” avec comme personnage principal Blanche Gardin, dans le Haut-Doubs. De quoi rendre fiers les Francs-Comtois.
“J’avais vraiment envie de grands espaces et ça me rappelle certains westerns qui ont bercé mon enfance”, explique Sébastien Betbeder à propos des paysages de montagnes du Jura et du Haut-Doubs, endroits où il tourne une grande partie de son dernier film en date : “l’Incroyable Femme des neiges”.
Le film raconte l’histoire de Coline Morel, exploratrice renommée, qui a subi une série d’échecs. Licenciée de son travail, quittée par son compagnon et souffrant de problèmes de santé, l’aventurière se retrouve obligée de retourner vivre dans sa maison familiale qui était celle de ses parents et où vit encore son frère, interprété par Philippe Katerine.
Sébastien Betbeder, un amoureux des montagnes
On suit son séjour jusqu’à un moment où elle va devoir retourner au Groenland. Les deux tiers du film se situent dans le Jura et la dernière partie au Groenland
Sébastien Betbeder, réalisation de l’Incroyable Femme des neiges
Natif des Pyrénées, le réalisateur a choisi la région du Jura parce qu’il la connaissait peu : “Pour des raisons scénaristes, c’était assez important que la région soit montagneuse, mais je n’avais pas envie de retourner sur des territoires que je connaissais, que j’avais déjà filmé”.
Il trouve que cette région possède une saveur particulière : “Dans l’idée que je me fais du Jura, et qui s’est confirmé lors des repérages, c’est cette ambiance presque western qu’on peut trouver dans les forêts de sapin, dans la présence de la montagne, mais pas aussi abrupte et vertigineuse que les Pyrénées”.
Des scènes tournées à la station de ski Métabief
“C’était important dans le scénario qu’il y ait la présence d’une station de ski. Au tout début, j’espérais un peu de neige, c’était comme un rappel vers le Groenland et au fur et à mesure des repérages, on s’est dit qu’on n'aurait certainement pas de neige au mois de mars”, raconte le quarantenaire au micro de notre journaliste Lilia Aoudia.
Mais il fait contre mauvaise fortune bon cœur et décide de filmer une station sans neige : “Au contraire, ça m’a vachement intéressé de montrer les stations de ski telles qu’elles sont aujourd’hui, à cette époque où le réchauffement climatique a des conséquences assez énormes pour ce genre de territoire”.
J’ai adapté le scénario et Métabief se prêtait complètement à cette idée de parler de quelque chose de très contemporain. Il y avait aussi l’idée de cette petite station de ski, un peu familiale.
Sébastien Betbeder, réalisateur de “l’Incroyable Femme des neiges”
Le réalisateur accorde une grande importance aux territoires sur lesquels il tourne ses films : “Quand j’écris un film, j’ai du mal à le concevoir sans penser au paysage, c’est très difficile d’imaginer une histoire sans imaginer ses personnes ancrées dans un territoire”. Il trouve peu d’intérêt à filmer ses personnes dans des huis clos, “même s’il y a évidemment des moments intérieurs dans mes films”, concède-t-il.
Cet amoureux du Groenland “aime confronter [ses personnages] aux éléments et c’est vrai que j’ai une prédilection pour les saisons automnales et hivernales. J’adore la lumière à cette époque de l’année, je trouve qu’elle est plus douce et plus complexe dans ce qu’elle renvoie”.
Blanche Gardin et Philippe Katerine
Pour le réalisateur, caster Blanche Gardin était “une évidence” : “Quand j’ai pensé à un personnage féminin pour personnage principal, j’ai vu Blanche Gardin immédiatement. J’ai écrit vraiment en pensant à elle et aussi une manière de la filmer pour ce qu’on connaît d’elle, mais également pour ce qu’on connaît beaucoup moins d’elle”.
Selon lui, cette comédie dramatique va se révéler “assez surprenante”. Blanche Gardin “m’épate beaucoup, moi, je la trouve formidable dans un registre connu, mais aussi à des endroits beaucoup plus mélancoliques”, révèle-t-il.
Sébastien Betbeder apprécie aussi Philippe Katerine : “Philippe est quelqu’un que j’adore et avec qui je veux travailler depuis très longtemps”. Le recruter ne faisait pas de doute : “Quand je cherchais un frère à Blanche Gardin, il m’est apparu comme une évidence, il y avait une sorte de ressemblance”.
Lorsque le réalisateur a demandé à Philippe Katerine de jouer dans son film, l’acteur a été séduit : “J’ai aimé le scénario, c’était tout de suite très intense et puis j’aime beaucoup Blanche Gardin, je suis même fan, donc je ne pouvais pas dire non”.
L’acteur n’a rien à redire au tournage : “Le réalisateur a une douceur communicative. L’humeur d’un réalisateur, c'est viral dans une équipe et l’ambiance est justement douce. Mais ça travaille, bien sûr. En plus, ça faisait longtemps que je n’avais pas tourné, je suis heureux de rencontrer de nouvelles personnes, c’est ça aussi un tournage”.
Les chevaux comtois à l'honneur
L’équipe a commencé à tourner il y a 15 jours à Métabief. Et avant de se délocaliser au Groenland, elle fait en ce moment escale dans le Haut-Doubs, près de Morteau. L’occasion pour les éleveurs du coin de faire de leurs chevaux comtois des stars du grand écran.
“Ils sont venus nous voir, car ils étaient intéressés pour avoir un cheval”, raconte Edouard Chollay, exploitant agricole et de reprendre : “On a préparé un parc où la jument est libre de déambuler et de passer sous les fenêtres, c’est ce qu’ils recherchaient : avoir un animal dans la propriété”. L’éleveur participe pour la première fois au tournage d’un film, pour lui “c’est plutôt une fierté”.
Diffusée en novembre 2023 sur Arte, la série Polar Park réalisée par Gérald Hustache-Mathieu avait aussi été tournée dans le Doubs. Ce feuilleton avait fait de Mouthe, Chaux-Neuve, les Fourgs, Les Longevilles-Mont d'Or, Pontarlier, Morteau, Besançon, Consolations-Maisonnettes... le théâtre d'un thriller qui oscille avec la comédie.
Le tournage de "l'Incroyable femme des neiges" dans le Haut-Doubs prendra fin le 28 mars 2024 pour rejoindre ensuite le Groenland. Il faudra attendre courant 2025 pour regarder le film sur grand écran.