Une prime Covid-19 a été versée aux aides soignantes et aides soignants dans 100 départements français, en raison de leur implication dans la lutte contre le coronavirus. Le Jura a refusé de verser cette prime aux professionnels de son territoire. Explications.
"Afin de reconnaitre la mobilisation sans faille des personnels des EHPAD et des SSIAD pendant la crise Covid, le Gouvernement a souhaité qu’une prime exceptionnelle, versée par l’assurance-maladie, non imposable et non soumise à prélèvements sociaux, puisse être versée aux professionnels concernés", a annoncé il y a quelques jours la ministre déléguée à l'Autonomie Brigitte Bourguignon.
Pourtant, deux départements n'ont pas accepté de verser cette prime. Il s'agit de la Loire et du Jura.
#COVID19 | 6 mois après l’accord de Toulon entre le @GouvernementFR et l’@ADepartementsF : 100 départements engagés dans le versement de la prime COVID aux salariés des services d’aide à domicile.
— Ministère des Solidarités et de la Santé (@MinSoliSante) December 17, 2020
Dans notre département jurassien, les aides soignantes et aides soignants ne comprennent pas cette décision et se disent écoeurés. Certains d'entre eux craignent que ce nouveau "coup de massue" ne vienne fragiliser encore un peu plus un secteur qui peine à attirer de nouveaux professionnels.
"Il n'y a pas de reconnaissance"
"Je pense à ceux et celles qui sont allés sur le terrain dès le premier jour et qui le sont encore pour la deuxième et peut-être même la troisième vague. Il n'y a pas de reconnaissance, mais je ne suis pas surprise par rapport à notre président du Conseil départemental, qui malheureusement nous soutient très peu, malgré notre qualité de travail... " nous a confié Séverine Martinet, déléguée syndicale CGT Abrapa et aide soignante oeuvrant sur ce département particulièrement touché par la crise sanitaire, notamment depuis le mois de novembre.
Et d'ajouter : "Il avait refusé un entretien avec nous à la fin de la première vague. Je suis très très déçue..."
Découvrez le reportage de Quentin Carudel, Stéphanie Schories et Xavier Brand :
Clément Pernot (LR), Président du Département du Jura, s'est exprimé via un communiqué. "Alors que l’Etat avait décidé lui-même une série de compensations économiques aux entreprises et services touchés par la COVID, cette prime « partagée » avec les Départements, si elle a été dûment négociée par l’Association des Départements de France, ne saurait engager l’ensemble des Conseils départementaux et restait une proposition" explique-t-il, tout en précisant que le Département du Jura a maintenu le niveau de recettes de tous les services d’aide à domicile "en leur rémunérant les plans d’aide même quand ils n’avaient pas été réalisés durant le premier confinement, pour un montant total de près de 800 000 €".
Des métiers recherchés
De son côté, l'opposition au conseil départemental pointe du doigt la politique de désendettement menée depuis 4 ans par la droite départementale dans le Jura. "Je trouve ça scandaleux qu'on ne verse pas ses sommes d'argent. Elles ont été en première ligne pendant cette période" nous a confié Françoise Barthoulot, présidente du groupe de gauche au conseil départemental (Génération S).
Selon une étude du ministère de la Santé, datant de 2019, de moins en moins de candidats se manifestent pour entrer en formation d'aides-soignants. Paradoxalement, ces profils font partie des plus recherchés en France.
Malheureusement, la dégradation des conditions de travail et l'extrême pression exercée sur ces salariés risquent de créer un déséquilibre certain, dans un secteur pourtant indispensable à nos vies.