Réchauffement climatique, pénurie de saisonniers : comment les stations de ski du Jura se préparent-elles pour l'ouverture de la saison ?

Plus que quelques semaines avant l'ouverture des pistes de ski dans le massif du Jura. Cette année encore, les stations doivent redoubler d'anticipation pour faire face au changement climatique et accueillir les vacanciers le plus longtemps possible.

Entretien des dameuses, dernières révisions des remontées mécaniques... Pas de doute, la saison hivernale va bientôt débuter dans les stations de ski. Depuis plusieurs semaines déjà, les 50 salariés de la station des Rousses (Jura) sont à pied d'œuvre pour entretenir les machines et les pistes.

Le mot d'ordre est l'anticipation. L'année dernière, faute de neige, la station n'est restée ouverte que 60 jours, sur 120 habituellement. Avant les premières neiges tombées le 2 novembre dernier, toutes les pistes ont été fauchées. "On coupe l'herbe au plus court. Cela permet sur une herbe très courte d'avoir une quantité de neige moindre et de maintenir le manteau neigeux le plus longtemps possible", explique Anthony Collet, directeur marketing de la Société de gestion de la station des Rousses (Sogestar). 

Une préparation essentielle pour tenter de conserver le précieux or blanc, amené à se raréfier. D'après une étude de Nature Climate Change, 90% des stations de ski européennes sont menacées par le manque de neige dû au réchauffement climatique. 

Se diversifier pour survivre 

Face à la variable aléatoire des chutes de neige, les stations de ski n'ont d'autres choix que de proposer des activités variées aux touristes et vacanciers. "On doit réfléchir à des offres d'activités hors neige, culturelles, touristiques et sportives. De toute façon, ici, on n'a pas attendu le changement climatique pour se diversifier", constate Anthony Collet. Musées, VTT, randonnées, toutes les activités sont bonnes pour se consoler d'un potentiel manque de neige dans les montagnes cet hiver. 

Car sans manteau blanc sur les pistes de ski, c'est tout un secteur économique qui se retrouve en danger. Restaurateurs, hôteliers et commerces dépendent aussi de ce changement climatique. La saison dernière a été marquée par une baisse du chiffre d'affaires en raison de la fermeture prématurée de la station. Conséquence : une augmentation de 7% cette saison sur les tarifs des forfaits et des remontées mécaniques. L'augmentation du coût de l'énergie entraîne également une inflation. "Nous sommes obligés d'en passer par là pour continuer de proposer un produit de qualité à nos clients, bien entretenir les pistes et ouvrir toutes nos remontées mécaniques", avoue Anthony Collet. 

Le difficile recrutement des saisonniers

Comme si le réchauffement climatique ne suffisait pas, les stations de ski sont aussi confrontées à une pénurie de main-d’œuvre pour la saison hivernale. Salaires peu élevés, difficulté de logement, les saisonniers ne sont plus autant attirés par l'activité. Dans les stations, on cherche alors des solutions. "On compte beaucoup sur le système reconduction inscrit dans la convention collective. Les saisonniers qui ont déjà effectué une saison ont la priorité de réembauche l'année suivante. Cela permet de les fidéliser", explique Philippe Alpy, président du syndicat mixte du Mont-d'Or en charge de la station de Métabief (Doubs). 

À la station des Rousses, ce système permet de limiter la casse et de proposer d'autres avantages. "On valorise aussi l'ancienneté au travers d'une prime à partir d'un certain seuil, donc plus les saisonniers s'investissent dans l'entreprise sur les saisons qui se suivent, plus ils sont reconnus", détaille Fabrice Lenoir, responsable administratif et des ressources humaines de la Sogestar. Située à proximité de la Suisse et ses salaires considérables, la station des Rousses doit redoubler d'efforts pour attirer les saisonniers. 

Malgré des difficultés, les stations de ski du Jura ouvriront leurs pistes aux adeptes de la glisse à partir du 9 décembre 2023.