Rentrée noire pour l'emploi dans le Jura : MBF Aluminium pourrait perdre 150 postes selon une étude commandée par la DGE

Les emplois sont menacés en masse dans le Jura cette année. Nouvelle entreprise dans le viseur pour une potentielle suppression d'emplois :  MBF Aluminium, entreprise de fonderie installée à Saint-Claude. Explications.

Nous vous parlions il y a quelques jours d'une rentrée cauchemardesque au niveau de l'emploi dans le Jura. La tendance semble se confirmer et une suppression d'emplois risque de toucher une nouvelle entreprise jurassienne dans les mois à venir : MBF Aluminium, installée à Saint-Claude. 

Après Jacob Delafon à Damparis, l’Amy à Morez, SKF à Lons-le-Saunier, l'entreprise MBF Aluminum, spécialisée dans les pièces en aluminium pour les moteurs de voiture, pourrait voir ses effectifs réduits de moitié, si l'on en croit les recommandations inscrites dans une étude de la fonderie automobile en France, diligentée par la Direction générale des entreprises (DGE), au service du ministère de l’Économie et des Finances. Ce rapport a été rendu en juin 2020 à tous les acteurs de la filière, mais également aux différents ministères chargés de l’industrie et de l’économie (aux Cabinets d’Agnès Pannier-Runacher et Bruno Lemaire).

Pour MBF le rapport pointe la possibilité de sauver l’entreprise, mais en sauvegardant moitié des effectifs seulement. Au total, 150 emplois pourraient disparaître. 

L'étude en question, réalisée par le cabinet allemand Roland Berger, est destinée à analyser le potentiel du secteur de la fonderie française, qui représente en Europe un marché d'environ 50 milliards d'euros. Les perspectives de production, les investissements mais aussi le sauvetage "d'emplois à risque" y sont analysés.
Des emplois à risque, il y en a selon les décideurs, du côté de MBF Saint-Claude, entreprise en difficulté. "Compte tenu de nouvelles perspectives de production et des engagements des constructeurs (Renault et PSA) sur les volumes de fabrication, la société a dû rapidement investir dans les infrastructures et dans de nouveaux moyens de production, mais également dans le maintien de son outil productif existant. Ces investissements réalisés ces dernières années ont créé une dette importante pour la société. Cette dette met l’entreprise en grosse difficulté aujourd’hui" précise Naïl Yalcin, délégué syndicat MBF Saint-Claude, confirmant la possibilité de voir 150 emplois disparaître à Saint-Claude.

"On se bat pour que d'autres choix soient faits"

Ce dernier dénonce "la stratégie mise en place depuis des décennies sur le secteur automobile". "On se retrouve aujourd'hui avec des sous-traitants qui subissent les décisions des constructeurs automobiles" analyse-t-il. Ce dernier pointe du doigt trois fautifs : la direction de MBF dans sa gestion de l'entreprise, les constructeurs qui ne respectent pas leurs engagements et l'État "qui ne vient pas en soutien des entreprises françaises du secteurs, comme il le prétend".

Le délégué syndical poursuit : "Le comble, c'est que la DGE, donc Bercy, a commandé une étude sur la restructuration de la filière fonderie pour consolider cette filière et éviter les redressements judiciaires...". Et d'ajouter : "Cette étude ne veut pas dire que les suppressions d'emplois sont actées chez MBF, mais c'est quand même une étude sur laquelle Bercy se penche beaucoup. On se bat pour que d'autres choix soient faits."

"C'est le petit village de gaulois contre César"

Contactée par nos soins, la direction de MBF Aluminium nous explique ne pas comprendre l'intérêt de cette étude et ne cache pas sa stupéfaction. "On a démontré que notre projet industriel était fiable. Il y a déjà eu un audit en novembre 2019 qui prouvait qu'on avait un avenir industriel dans la sous-traitance automobile en France. Les constructeurs s'étaient engagés sur des volumes, mais au même moment, mon interlocuteur à la DGE m'informe qu'il va y avoir une restructuration de la filière, d'ici fin 2020" explique Adeline Munarolo, directrice de l'entreprise franc-comtoise. 

Cette dernière dénonce l'attitude des constructeurs automobiles et celle de Bercy : "Bercy ne tape jamais du point sur la table pour obliger les constructeurs à remplir leurs engagements. Bercy ne dit rien. C'est inacceptable. Vous imaginez l'impact pour nos 300 salariés ? C'est le petit village de gaulois contre César."

"À l'heure où tous les ministres parlent de réindustrialisation de la France, on ne nous aide pas. On a aucune aide de l'état, on a le droit à rien" conclut Adeline Munarolo, tout en précisant sa volonté d'assigner Renault, l'un des principaux clients de MBF, en justice pour non respect de ces contrats et des engagements de volume.
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