Dans la petite commune de Montfleur dans le sud du Jura, les tensions sont vives depuis plusieurs années. Objet de la discorde ces derniers mois : l’aménagement d’un cheminement pour personnes à mobilité réduite dans l’emprise du cimetière
Ce sont des travaux à l’apparence très banale. Construire un petit chemin pour améliorer l’accessibilité du cimetière. Ces travaux viennent de se terminer, et ils divisent les 183 habitants, les Fleurimontains. Ces dernières semaines, le maire a même été menacé de mort, des tombes ont été profanées dans le cimetière avec l'inscription "Nevers, tu vas crever". Les élus ont reçu des courriers, messages vocaux insultants. Devant le cimetière, on peut lire sur un panneau “Nevers, ne touche pas à nos morts”.
Nevers, c’est Jean-Claude Nevers, le maire de la commune depuis 2014. L’homme ne cache pas que son village est en proie à des tensions depuis 2016, année où une partie du Conseil municipal en désaccord avec lui a présenté sa démission.
Des sépultures et des morts... sous le chemin
“Dans tous les cimetières de France, il y a une réorganisation qui doit être faite. Et nous, on s’est plié à la loi, on a fait les choses telles qu’on estimait qu’elles devaient être faites” précise l’élu au micro de notre journaliste Fleur de Boer.
Avant d’entamer les travaux pour redessiner une partie du cimetière, la commune a dressé des procès-verbaux pour concessions perpétuelles en état d’abandon, sur des tombes datant de plus de 30 ans et où la dernière inhumation remonte à plus de 10 ans.
Le maire de la commune explique avoir agi dans les règles. Ces concessions très anciennes pour la plupart n’étaient plus payées. Des tombes à l’abandon administrativement. Et un espace qui devient donc terrain municipal. Les travaux ont donc pu être réalisés.
Un collectif dénonce la façon dont s’est déroulée l’opération
“Le maire avait précisé qu’il ferait des exhumations avec une mise dans un ossuaire. Ça n'a jamais été fait. On a monté un collectif, on se sent perdus, car rien ne se fait, rien ne bouge, et nos défunts sont toujours sous terre” précise Sophie Ferrouillet, une habitante de la commune qui déplore que les restes d’anciens habitants du village disparaissent ainsi. Plus aucun nom, plus aucune sépulture. Cette habitante estime que le maire aurait du "s'excuser, ne pas persister", même si cette zone du cimetière était devenu terre communale. Elle souhaite que les restes des membres de sa famille rejoignent l'ossuaire et qu'une trace de ces défunts soit notifiée dans les registres.
Stop aux violences envers les élus
Le maire Jean-Claude Nevers estime avoir agi dans les règles, avec l’aide d’un avocat spécialisé dans le droit funéraire. “Nous avons fait notre boulot, nous avons informé, mais quand les gens ne veulent pas entendre, et veulent prétendre mieux connaître la loi que vous, on en arrive dans ces situations-là” déplore l’élu. “Rien ne nous imposait de faire des exhumations, on fait des exhumations quand on veut reprendre une concession” dit-il. Ce n’était pas le cas dans ce cimetière, juste un aménagement.
Quant aux menaces de mort et intimidations, l’élu les déplore. “On peut ne pas être d’accord, c’est la démocratie, mais en arriver à ne pas respecter les élus, menacer de mort, il faut des sanctions très sévères” estime-t-il. L’élu affirme avoir alerté les parlementaires du Jura.