Une mère de famille, de nationalité kosovare, a menacé de mettre fin à ses jours alors que les gendarmes étaient venus pour l'expulser, elle, son fils de 3 ans et son mari. De nombreux riverains se sont mobilisés pour empêcher cette expulsion.
La scène aurait pu tourner au drame à Levier, dans le Doubs, ce mercredi matin dès 7h. La famille Hysni, originaire du Kosovo, est sous le coup d'une expulsion après le durcissement des mesures d'accueil des étrangers en France. Cette dernière a reçu la visite d'une petite dizaine de gendarmes à son domicile, venus pour déloger les occupants et leur signifier leur expulsion du territoire. Prise de panique, en l'absence de son mari et seule avec son fils de 3 ans, madame Hysni a refusé d'ouvrir aux forces de l'ordre et a longuement menacé de se jeter par la fenêtre.
La détresse de cette femme installée en France depuis 5 ans, dont le mari avait obtenu un CDI au sein d'une entreprise installée à Levier, a entraîné la mobilisation des riverains qui ont entrepris d'ériger un barrage à l'aide d'engins agricoles, pour empêcher l'expulsion.
"Les aider, quoi que disent les textes"
Après 2h30 de négociations, les gendarmes ont décidé de faire demi-tour et de quitter les lieux. Madame Hysni a finalement accepté d'ouvrir la porte à la propriétaire du logement ainsi qu'à des amis, venus la soutenir dans cette difficile épreuve. "On a manifesté notre colère devant le logement, même si on sait que les gendarmes étaient là pour faire leur travail. C'est un dossier parmi tant d'autres, mais cette famille mérite sa place en France. Nous voulons tout mettre en oeuvre pour qu'ils puissent rester" nous a confié Marielle Coeurdevey, propriétaire du logement et amie de la famille Hysni.
Le maire du village Guy Magnin-Feysot était également sur place : "On est démoralisé. On a tout essayé, on a écrit à la préfecture de nombreuses fois. Le petit va à l'école, ils ont plein d'amis au village, ils veulent s'en sortir. Contrairement à l'affaire Leonarda, cette famille mérite de rester. Certains voient en ces personnes des profiteurs, mais ce n'est pas le cas des Hysni. Ils sont très intégrés dans notre commune, font du bénévolat, ont beaucoup d'amis ici et travaillent. Madame Hysni est dans une grande souffrance à cause de cette menace d'expulsion. On a envie de les aider, quoi que disent les textes."
Le cas de la famille Hysni vient s'ajouter à la longue liste des familles installées depuis plusieurs années sur le sol français, menacées d'expulsion face au refus de leur demande d'asile. À Arc-les-Gray, en Haute-Saône, des riverains se mobilisent également pour permettre à la famille Pervorfi de rester en Franche-Comté.
Ce mardi 1er août, l'Assemblée nationale aborde l'ultime lecture puis le vote du projet de loi "Asile et Immigration" du président de la République, Emmanuel Macron. Le texte est censé raccourcir les délais de traitement des demandes et les restreindre strictement à celles émanant de pays en guerre. Cette disposition exclut de fait les demandeurs des pays de l'Est.
L'Albanie était le premier pays d'origine des demandeurs d'asile en France en 2017. Le Kosovo est indépendant de l'Albanie depuis 10 ans. "Les Albanais fuient la pauvreté et le chômage", confirmait Nathalie Clayer, spécialiste de l'Albanie à l'EHESS, dans un article de L'Express. En effet, ce petit pays est l'un des plus pauvres en Europe, avec un salaire moyen de moins de 350 euros par mois.