Lutte contre l'alcool : pourquoi la Cour des Comptes critique-t-elle l’Etat ?

L’alcool est responsable de 49 000 décès par an en France. Pourtant, l'abus d'alcool bénéficie d'une "tolérance générale" et l'État ne se donne pas les moyens de lutter efficacement contre ce fléau. C’est ce que dénonce un rapport de la Cour des Comptes publié lundi 13 juin 2016.

Quel est le coût de l'alcool pour la société ?

L'alcool est la première cause d'hospitalisation (580 000 patients pour un coût estimé à 2,6 milliards d'euros), selon une étude publiée en 2015.

Il est également responsable, chaque année, de "25 à 30 % des accidents mortels" et "de 30% des morts violentes au sein des couples".

Sur 8,8 millions de buveurs réguliers en France, 3,4 millions sont à risque, dont 10% seulement seraient pris en charge, selon l'observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT).

C’est un constat sévère que dresse ce rapport de 262 pages.  "La place très particulière" de l'alcool dans l'histoire, la culture, l'économie et la vie sociale en France" explique la tolérance générale vis-à-vis de la consommation des boissons alcoolisées dont les effets négatifs sont largement sous-estimés".



Quel est le poids économique du secteur des boissons alcoolisées ?

"La consommation d’alcool est un sujet sensible en France, car l’alcool est associé aux évènements festifs, aux modes de vie et à la culture". Cet héritage social et culturel est renforcé par des enjeux économiques.
La Cour des Comptes rappelle que "le poids économique du secteur des boissons alcoolisées (22 milliards euros de chiffre d'affaires, 555 000 emplois directs et indirects) est particulièrement notable en France".

Certes, la consommation moyenne d'alcool baisse régulièrement depuis 1960 (de 1,7% par an). Elle a atteint environ 12 litres d'alcool par an et par habitant de plus de 15 ans en 2014.
Mais, la consommation reste nettement supérieure à la moyenne des pays européens membres de l'OCDE, en particulier à celle de l'Italie (six litres d'alcool pur par an et par habitant).

A côté de cette baisse de la consommation globale, le rapport souligne l'augmentation de comportements à risques, en particulier chez les jeunes, les femmes et les populations précaires. Il rappelle aussi qu'une consommation régulière, sans être excessive, peut aussi comporter des risques.



Que recommande la Cour des Comptes ?

La Cour des Comptes recommande notamment de "supprimer l'autorisation d'introduction et de consommation sur le lieu de travail", avec des possibilités de dérogation en nombre limité dans l'année. Le rapport préconise aussi d'augmenter "la fiscalité sur les boissons alcoolisées pour diminuer les consommations à risque". 

Par ailleurs, la limitation de la publicité devrait concerner tous les supports numériques (Internet, réseaux sociaux...) qui échappent actuellement à la réglementation, estime la Cour des comptes.

Enfin, la Cour note aussi que l’encadrement de la publicité des boissons alcooliques, mis en place par la loi Évin du 10 janvier 1991 et cité en exemple dans le monde, a connu des assouplissements successifs, en dernier lieu pour la défense des terroirs et de l’œnotourisme dans la loi de modernisation de notre système de santé du 26 janvier 2016.

Rapport de la Cour des Comptes sur les politiques de lutte contre les consommations nocives d'alcool (juin 2016)

 

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