Les maisons de santé sont-elles vraiment la solution aux déserts médicaux ?

Plusieurs régions de France manquent cruellement de professionnels de santé. Dans ces véritables déserts médicaux, le manque de praticiens oblige les habitants à se déplacer loin de leur domicile. En Bourgogne, l'une des solutions pratiquées est la création de maisons de santé.

Quelques chiffres sur les déserts médicaux en Bourgogne

Début 2017, l’Ordre des médecins soulignait les initiatives bourguignonnes pour lutter contre la désertification médicale.

En Côte-d’Or par exemple, plusieurs réunions informelles ont été mises en place pour montrer aux futurs médecins que leur carrière ne se limite pas nécessairement à l’hôpital, mais peut se faire dans d’autres structures.

En Saône-et-Loire, une cellule d’accompagnement aide les nouveaux médecins à s’installer dans les déserts médicaux : transport, gardes d’enfants ou offres éducatives et culturelles, tout est pris en charge.

La Bourgogne Franche-Comté n’est pas la région la mieux dotée concernant le nombre de médecins généralistes. Selon un rapport de l’Agence régionale de santé, les départements de la Nièvre, de Saône-et-Loire et de l’Yonne se contentent de 80 docteurs pour 100 000 habitants en moyenne. La moyenne française, quant à elle, est proche de 100 médecins.

De plus, dans ces trois départements la moyenne d’âge est plus élevée chez les médecins que la moyenne nationale. Le pourcentage de praticiens de plus de 55 ans est compris entre 56 et 60%, là où la moyenne nationale est de 50%. En octobre 2016, l’Agence régionale de santé alertait sur la situation préoccupante de l’Yonne, puisqu’elle ne possède que 77 médecins généralistes pour 100 000 habitants.


La situation de Guillon, dans l’Yonne, est symbolique de cette absence médicale


Pourtant, les maisons de santé semblent résoudre le problème de désert médical. La Bourgogne Franche-Comté est la région qui en compte le plus.
L’Yonne a vu disparaître un quart de ses généralistes ces dernières années. Les médecins partent en retraite, sans trouver de successeur.

Il y a 10 ans dans l’Yonne, Richard Champeaux, médecin généraliste, a failli se retrouver seul à exercer dans son canton. Avec une collègue, généraliste également, ils décident de créer une maison de santé pour attirer d’autres praticiens. Ouverte en 2008 à Guillon (170 habitants), elle réunit aujourd’hui une dizaine de professionnels de santé, dont un troisième médecin Audrey Tordoir.


Elle rêvait d’être médecin généraliste et de s’installer dans l’Yonne. Cette maison de santé était une aubaine pour elle :

« Lorsque j’étais interne et intéressée pour le poste de médecin généraliste, on était déjà dans l’idée que les maisons de santé amélioreraient l’avenir », raconte-elle.

Au fil du temps, des praticiens sont venus s’installer dans la maison de santé de Guillon. Dans ces structures, les malades retrouvent tous les praticiens dont ils ont besoin en priorité. A Guillon, les patients peuvent même consulter une psychologue.

Les praticiens se côtoient au quotidien et peuvent échanger. C’est un vrai plus des maisons de santé. Une proximité qui profite aux patients en priorité.

« Le travail en équipe permet une réactivité très intéressante. Quand quelque chose nous pose problème, comme un patient avec un dossier complexe, on passe très vite d’un cabinet à un autre. La réponse aux problématiques est immédiate et le traitement peut se faire la même journée », explique Audrey Tordoir.

Pour beaucoup de médecins, la maison de santé est le type de structure qui pourrait les faire s’installer en milieu rural.

« Maintenant, on ne se voit plus s’installer seul dans le cabinet. On ne va travailler qu’en association. Après, il faut quand même vouloir travailler à la campagne. Il faut que notre famille puisse être déménagée à la campagne, ce qui n’est pas toujours le cas », selon Amandine Farinot, médecin remplaçante.


Pour Richard Champeaux, il faut tout d’abord arrêter de parler de désertification médicale. Pour lui, ce sont des territoires en difficulté d’accès aux soins.

« C’est une histoire de vocabulaire et d’images qui n’engagent pas nos jeunes confrères à venir et s’intéresser à ces territoires. L’Yonne est à 1 heure de TGV de Paris et 1 heure en voiture de Dijon. Je ne suis pas sûr qu’on puisse parler de désert », décrit-il.

D’autres histoires…

Ce problème de désert médical n’est pas spécifique à la ville de Guillon. Les exemples de manque de personnels médicaux sont nombreux. Dans la Nièvre par exemple, l’université de Bourgogne a refusé d’ouvrir une première année de PACES. Le conseil départemental de la Nièvre considère que cela fait partir les jeunes médecins, qui ne reviendront plus.

A Saint-Léger-sur-Dheune, village de 1 600 habitants de Saône-et-Loire, le village recherchait un jeune médecin pour remplacer celui qui partait à la retraite. Un remplaçant a été trouvé grâce à la création d’une maison de santé de la commune.


A Nolay, en Côte-d’Or, l’inauguration d’un nouveau cabinet médical a pu être réalisée grâce au recrutement de médecins étrangers. Pourtant, la municipalité avait laissé des annonces sur des sites spécialisés, des hôpitaux et des universités françaises. Aujourd’hui, la ville tente d’attirer d’autres professions médicales, comme une pédicure, une orthophoniste et un deuxième médecin généraliste afin de créer une véritable maison de santé.

Des situations qui sont communes à de nombreux autres départements de France. Certains spécialistes pensent que la télémédecine serait une autre solution envisageable, quand il n'est pas possible d'installer une maison de santé.


Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité