Un éleveur de chiens de Côte-d’Or, qui n'avait jamais fait parler de lui, va comparaître devant la justice pour avoir laissé mourir de faim une partie de son cheptel. Comment a-t-il pu en arriver là ?
Dimanche 10 mars 2019 17 cadavres de chiens et 2 cadavres de chats ont été découverts dans les cages de l’élevage Lou Pantaï, situé au Hameau de Neuilly, à Maligny, à environ 60 kilomètres de Dijon. Il y avait aussi une trentaine de survivants, qui ont été pris en charge par plusieurs associations.
L’éleveur a été interpellé et placé sous contrôle judiciaire en attendant son procès. Cet homme, âgé de 58 ans, se dit dépassé par les événements familiaux qu’il a vécus ces derniers mois, et qui seraient à l’origine de ses manquements envers ses animaux.
C’est un homme perdu qui a répondu à France 3 Bourgogne. Le quinquagénaire, qui se dit handicapé physique, faisait marcher son élevage avec l’aide de deux apprentis. Tout a basculé il y a environ 10 mois, explique-t-il, quand sa femme a fait un AVC avec d’importantes séquelles. Ce grave accident de santé a coïncidé avec la naissance d’un enfant.
Conséquence : pendant plusieurs mois, il a enchaîné les allers-retours à l’hôpital pour s’occuper de son épouse et de son nourrisson. Il dit avoir été dépassé par l’entretien de ses nombreux chiens.
Le reportage de Fabienne Acosta, Antoine Laroche et Cécilia Ngoc avec Sylvie Boillot, présidente de l’association "Les amis des bêtes" et le propriétaire de l’élevage Lou Pantaï
Comment peut-on ne pas nourrir ses animaux ?
Le jour où des associations ont débarqué dans son élevage pour mettre les animaux survivants à l’abri, des sacs de croquettes ont été trouvés sur place.L’éleveur répond : "Je ne sais pas ce qui s’est passé. J’ai perdu pied. J’ai toujours acheté de bonnes croquettes pour mes chiens. Je n’ai jamais voulu faire de mal à mes bêtes. Je dépensais parfois jusqu’à 2 000 euros par mois en soins vétérinaires."
Du côté de la SPA, il s’agit bien de maltraitance animale, étant donné qu’il y avait de la nourriture pour les animaux dans les locaux. Plusieurs associations de protection animale ont annoncé qu’elles se portaient partie civile. Pour elles, aucune circonstance atténuante ne peut excuser le fait que l’homme n’ait pas donné à manger et à boire aux pensionnaires de son élevage.
Le reportage d’Anne Berger, Anthony Borlot et Chantal Gavignet avec :
-Sylvie Boillot, le Refuge de Jouvence
-Patrick Sacco, responsable de l’Association Respectons
-Me Pierre-Vincent Connault, avocat de l'éleveur
La justice a demandé une expertise psychiatrique
L’éleveur, qui devait être jugé en comparution immédiate par le TGI de Dijon mercredi 13 mars, a paru tellement fragilisé et absent que le juge a décidé de reporter l’audience au mardi 23 avril. D’ici là, l’éleveur devra subir une expertise psychiatrique et voir régulièrement un médecin.
"Je rêve de pouvoir récupérer quelques chiens, car je n’ai plus la force physique d’assumer un tel élevage", dit-il. Un souhait qui risque de rester lettre morte car l’élevage et la pension pour animaux Lou Pantaï pourrait bien fermer définitivement.
L’éleveur est accusé de mauvais traitements, détention de cadavres et privation de nourriture. Sa femme est soupçonnée de complicité pour maltraitance animale et détention de cadavres par les associations. Si cela est avéré, elle encourt elle aussi des poursuites et notamment l’interdiction d’exercer le métier d’éleveur canin.