La fusion entre Siemens et Alstom a été annoncée officiellement à la presse mardi soir. Depuis, les éditorialistes y vont bon train dans leurs analyses et n'hésitent pas à pointer du doigt le déséquilibre de cet accord, en défaveur de la France.
"Avec 50% du capital, Siemens serait l'actionnaire principal du nouveau groupe" détaille Damien Meslot, maire de Belfort, investit depuis le début dans la saga Alstom (voir notre article). Le PDG d'Alstom, Henri Poupart-Lafarge, qui prendra la tête du nouveau groupe après la fusion avec Siemens annoncée mardi soir, a évoqué mercredi un accord très attendu, leur "principale priorité". Siemens contrôlera le conseil d'administratio. En effet, sur les 11 membres qui composeront le conseil de l'entreprise combinée, six seront désignés par Siemens, et notamment le Président.
"Il faut être gros"
L'annonce de cette fusion fait couler l'encre et les éditorialistes y vont bon train dans leurs analyses. C'est le cas de David Barroux, rédacteur en chef du journal économique Les Echos. Ce dernier voit dans cette fusion historique le visage d'une mondialisation qui suppose, pour progresser toujours plus, qu'"il faut être gros". Il écrit : "Plus que jamais, le capitalisme redevient une guerre de mouvement dans laquelle la recherche de la taille critique est une obligation." Et d'ajouter que cet accord est incontestablement déséquilibré, en défaveur d'Alstom. "Paris aurait préféré que ce soit Alstom qui rachète Siemens, ou à tout le moins que leur alliance soit véritablement équilibrée, plutôt que de voir le conglomérat allemand devenir le premier actionnaire d'un champion du rail disposant, grâce à ce nouveau départ, de véritables perspectives."
François Lenglet, journaliste économique à RTL voit lui aussi dans cette fusion un aveu de faiblesse du côté d'Alstom : "la réalité est qu'une entreprise française de premier plan passe sous contrôle étranger."
La fin "du capitalisme industriel français d'après-guerre"
Pour nos confrères du Monde.fr, le fusion Alstom Siemens met fin au "capitalisme industriel français d'après-guerre". C'est en tout cas ce qu'écrit Philippe Escande, dans un article publié mardi. "Le recentrage de la firme sur les télécoms, mené à coups d’acquisitions hors de prix d’entreprises jamais bien intégrées, a été financé en partie par un alourdissement de la dette d’Alstom lors de sa séparation du groupe en 1998. Un boulet qui a fragilisé l’entreprise définitivement et l’a empêchée de négocier les évolutions de son métier" détaille-t-il.
Le journal Challenges, concentré sur la bourse, annonce que le titre du groupe Alstom a pris plus de 8% ce mercredi à la Bourse de Paris, dopé par l'annonce de sa fusion avec l'Allemand Siemens.