Un arrêté de protection des Grands Tétras dans le massif du Jura a été révisé en mai 2019. De nouvelles lois s'appliquent dès cet hiver afin de protéger cet imposant volatile considéré comme menacé.
"C'est globalement un arrêté positif. Il n'est pas parfait à 100 % mais il est le fruit d'une concertation entre plusieurs parties qui ont logiquement des intérêts différents", explique Alexandra Depraz, coordinatrice du groupe Tétras Jura, suite à l'entrée en vigueur du nouvel arrêté de protection du Grand Tétras en décembre dernier.Le dernier arrêté sur ce rare et imposant volatile datait de 1992 et devenait complétement obsolète : "Le précédent texte était beaucoup trop vague. Désormais, l'arrêté est favorable à un ensemble d'espèces."
Autre point positif : les dates sont maintenant beaucoup plus claires. "Le nouvel arrêté affiche une période précise du 15 décembre au 30 juin. Dans cet intervalle, les Grands Tétras sont en période hivernale et restent très fragiles. Puis après, ils entrent en période de reproduction à la fin de l'hiver."
Des restrictions contre les nouvelles pratiques
Le nouveau texte aborde également de nombreuses pratiques qui n'existaient pas il y a 28 ans comme : l'usage de drones ou de vélos tout-terrain avec assistance électrique... "Les raquettes ainsi que le ski de fond se sont développés ces dernières années. Il fallait également agir dessus", poursuit Alexandra Depraz.Il y a une vingtaine d'années, l'enneigement plus conséquent formait une première barrière naturelle. Désormais, les lieux d'habitat de ces gallinacés sont devenus plus accessibles. Notamment, pour les visiteurs... et leurs chiens. "C'est un vrai problème dans la préservation des espèces sauvages. Ils sont tenus d'être en laisse. Mais très peu de personnes respectent cette obligation. Le nouvel arrêté interdit purement et simplement les chiens lors de la période du 15 décembre au 30 juin. Le reste du temps, ils devront toujours être tenus en laisse", affirme la spécialiste.
L'arrêté révisé fin mai dernier prévoit également la création d'une nouvelle zone de protection située à Prémanon : "La présence du Grand Tétras sur ces lieux était déjà avérée. Cette zone aurait dû être protégée dès le début. C'est à mon sens une erreur de ne pas l'avoir fait plus tôt."
La Transjurassienne, compatible ?
Plusieurs événements sportifs sont organisés chaque hiver dans le massif jurassien. A commencer par la Transjurassienne, course de ski de fond qui rassemble près de 4 000 participants tous les ans. Dès 2011, un conflit oppose la mythique course de ski de fond et le Parc naturel régional (PNR) du Haut-Jura, appuyé par des associations de protection de l'environnement, sur un parcours qui doit emprunter une zone protégée par un arrêté préfectoral.Après consultation, les deux parties se sont entendues sur une série de mesures qui permettent à la course de traverser la forêt du Massacre, qui n'est qu'une solution de repli : interdiction des spectateurs, panneaux "zone de silence" pour les coureurs, limitation au strict minimum des motos-neige (une à l'avant, une à l'arrière de la course), aide par la "Transju" au comptage des espèces...
"Dans un monde idéal, il faudrait qu'il n'y ait aucune activité humaine dans ces zones. Personne ne devrait y rentrer", regrette Alexandra Depraz qui explique tout de même que l'organisation de la course est "compatible" : "Nous sommes obligés de trouver des compromis. C'est donc indispensable qu'il y ait une discussion entre toutes les parties prenantes avant l'événement." La course de la Transjurassienne devrait se tenir les 8 et 9 février prochains autour de la forêt du Massacre.
De moins en moins de Grand Tétras ?
Selon le dernier comptage réalisé en 2015, entre 280 et 300 Grands Tétras vivraient encore dans le massif jurassien.Mais un nouveau relevé doit être réalisé courant 2020 et Alexandra Depraz, coordinatrice de Tétras Jura, se montre pessimiste : "La dynamique est à la baisse. La situation est alarmante. Ce n'est pas impossible que la population soit tombée aux alentours de 250."