Dans le Doubs, plusieurs communes ont connu l'apocalypse avant le début de l'été. Samedi 18 juin, les grêlons se sont invités dans les jardins, sur les maisons ou sur les voitures. Conséquence : des gros impacts et parfois de la casse. C'est un phénomène météo régulier, de mai à septembre.
Avez-vous vu ces trous dans les toitures ou sur les pare-brises de la commune du Valdahon dans le Doubs ? Les coupables, ce sont les grêlons. Ils se sont abattus le 18 juin, en plusieurs endroits de la région. Ces billes de glace parfois aussi grandes qu’une balle de tennis suffisent à causer de gros dégâts. Mais au fait, savez-vous comment se forment ces projectiles naturels ? Pour le savoir, France 3 Franche-Comté a mené sa petite enquête.
Cumulo-nimbus et grêlons
Robin Métrailler a 19 ans. Depuis son plus jeune âge, ce Suisse est un fondu de météo. Cette passion, il la fait vivre au quotidien sur sa page Facebook. Lorsqu’il n’est pas dessus, il guette les moindres caprices du temps. Depuis la mi-juin, il est donc particulièrement servi : “Tous les jours depuis dimanche dernier, on constate des orages assez violents accompagnés de grêle, qui touchent à chaque fois les mêmes zones du Jura suisse, et le côté français. Le fait que ce soit sur une même zone géographique, ça m’interpelle”.
Le jeune homme a son explication : “L’air des plaines se réchauffe encore plus avec l’arrivée d’un vent chaud venant de Méditerranée. Dans le même temps, l’air plus humide est arrivé du nord-ouest de la France, de la façade Atlantique. La réunion de ces deux facteurs explique la survenue de ces orages d’une telle intensité”, selon le fan de météo.
Une goutte d'eau en frappe une autre, ainsi naît un grêlon
L’explication est un peu plus complexe : pour former de la grêle, il faut d’abord des gouttes d’eau. “Des gouttes d’eau qui se sont formées à la base des nuages”, précise Bruno Vermot-Desroches. Le délégué départemental de Météo-France Besançon ajoute qu’il faut aussi un cumulo-nimbus. Vous le connaissez sans doute déjà. Il s’agit du seul nuage “capable de donner du tonnerre ou de l’orage”, selon le spécialiste. “Il s’agit d’un nuage convectif, qui génère des courants ascendants très forts”, expose le prévisionniste météo.
Ces nuages résultent de l’instabilité des masses d’air. En temps normal, l’air chaud reste dans les basses couches, alors que l’air froid se trouve en altitude. Lorsqu’il y a trop d’air chaud ou trop d’air froid dans chacun de ces espaces, il y a une “ instabilité de la masse d’air”. Ce déséquilibre est alors favorable aux convections, et donc à la formation de ces nuages convectifs.
Revenons à nos gouttes d’eau. Elles continuent leur chemin et montent dans ces courants verticaux forts. Au cours de cette ascension, il se produit un “grossissement” de ces gouttes de “5 à 6 millimètres de diamètre”. “Une goutte d’eau va en frapper une autre. Cela se fait dans un milieu où les températures sont très négatives. Les courants verticaux vont donc être suffisants pour congeler l’eau, formant ainsi les grêlons”, décrit Bruno Vermot-Desroches. Est-ce suffisant pour former un grêlon ? Non, car ils peuvent encore grossir.
Ce qui était le cas à Valdahon, le 18 juin. Une grosse averse de grêlons a touché plusieurs parties du Doubs, dont cette commune. Il faut mettre cela sur le compte “d’agglomérats de billes de grêlons”, explique le météorologiste. “L’eau qui est autour du grêlon peut encore être liquide. Lorsque le choc avec un autre grêlon se produit, ils gèlent et se collent entre eux. C’est ce que l’on appelle « la solidification instantanée »”, indique le prévisionniste météo.
La grêle, un phénomène régulier
Il n’est pas anormal de voir autant de grêlons tomber, en cette saison. “C’est assez fréquent : on peut constater cela de la fin mai, jusqu’à la fin septembre. On est susceptible d’avoir des orages violents, à l’origine de ce phénomène, dans cette période”, relève le spécialiste météo. Ce sont ces orages violents qui expliquent aussi les grandes quantités de grêle au sol.
Dans certaines communes, jusqu'à 50 centimètres de grêle ont pu être retrouvés par endroits. Attention tout de même : si les grêlons sont toujours causés par les orages, l’inverse n’est pas forcément vrai. “Un orage n’est pas toujours accompagné de grêlons. Il peut être suivi de fortes averses”, rappelle Bruno Vermot-Desroches.
Quant à la taille des billes, elles ne sont heureusement pas aussi grosses que celles tombées cette troisième semaine de juin. “Des boules de plus de 5 cm de diamètre sont peu fréquentes. Il est plus facile pour le nuage de fabriquer des petits grêlons. Pour avoir des plus grosses billes, il faut vraiment qu’il y ait un concours de circonstances particulier dans les nuages”, ajoute le scientifique.
La Franche-Comté fait partie des endroits les plus touchés en France continentale, au même titre que le Nord. En revanche, inutile de chercher à savoir si un endroit de Franche-Comté est plus touché qu’un autre. “Ça peut être très localisé, donc balayer toute la région, ou à l’inverse localisé. Seuls quelques secteurs peuvent alors être concernés : des endroits où il y a assez d’air chaud dans les basses couches”, justifie le spécialiste de Météo-France.
Au final : c'est donc un événement météo régulier puisqu'il est de saison, mais qui reste heureusement rare. Il faut donc s'attendre à la survenue de ce phénomène impressionnant, même s'il peut parfois être à l'origine de sérieux dommages.