L'année 2018 a vu la situation des éleveurs s'aggraver : confrontés à la baisse des prix, ils subissent aussi les conséquences de la sécheresse de l'été. Dans la Nièvre, plusieurs d'entre eux lancent un cri d'alarme.
• Travailler pour 300 euros par mois
Mathieu Haugoubart, 25 ans, est installé à Cervon dans la Nièvre. Il travaille avec son épouse sur l'exploitation qu'il a reprise après le décès de son père en 2011. Son cheptel compte 50 vaches allaitantes et une centaine de brebis. Son quotidien, ce sont des journées de travail de 12, parfois 14 heures, 7 jours sur 7. Comme d'autres agriculteurs, il lance un cri d'alarme et s'interroge sur les perspectives d'avenir pour les éleveurs.Selon lui, 38 % d'entre eux vivent avec moins de 350 euros par mois, une situation qu'ils n'acceptent plus. Trop de frais d'entretien, trop de charges, des revenus en chute libre : les éleveurs ne parviennent plus à vivre décemment de leur métier. Ils estiment que les décisions sont toujours prises contre eux et dans l'intérêt des lobbies et de l'industrie. Les prix de vente auxquels ils sont contraints de céder leur bêtes ne couvrent plus les coûts d'engraissement.
Reportage : Rémy Chidaine, Tania Gomès
Avec : Mathieu Haugoubart, éleveur
Amandine Martin, éleveuse
Martial Beaudequin, éleveur
Cédric Colas, éleveur
• Pas d'avenir pour les jeunes ?
La plupart des éleveurs sont, comme Mathieu Haugoubart, passionnés par leur métier. Mais en Bourgogne, ils font face en 2018 à une accumulation des difficultés : la baisse des prix et la sécheresse.La baisse des prix est confirmée par la DRAAF dans son bulletin mensuel de conjoncture : "les vaches inondent toujours le marché, plus que d'autres années, alors qu'aucun signe de regain de consommation n'est perceptible. Leur prix est au plus bas dans toutes les catégories".
La sécheresse : Mathieu Haugoubart estime qu'elle va lui coûter environ 15 000 euros cette année et que l'aide de la région va s'élever à... 450 euros. Les éleveurs dénoncent de vaines promesses et s'alarment des conséquences psychologiques que la dégradation continue de la situation peut entraîner chez certains éleveurs.
Les responsables agricoles sont également pessimistes pour l'avenir des jeunes. Mathieu Haugoubart paie encore aujourd'hui les 68 000 euros de droits de succession engagés au moment du décès de son père et ceux qui souhaitent s'installer aujourd'hui s'endettent souvent pour 25 ans.
Beaucoup pensent que si les aides ne sont pas mieux réparties et que les prix ne remontent pas, leur situation ne sera pas viable.