Le couvre-feu avancé à 18 heures pénalise la vente à emporter depuis son entrée en vigueur. Pour les vendeurs de pizzas qui ne proposent pas de livraison, il est difficile de conserver sa clientèle.
La fin d'après-midi est une course contre la montre au kiosque à pizzas Pizza Del Ponte, installé à Nevers. Serge Poirier et son employé n'ont que deux heures pour servir leurs clients fidèles. Le couvre-feu fixé à 18h force les habitués à prendre de nouveaux réflexes pour ne pas renoncer à leur petit plaisir.
Le pizzaïolo propose des pizzas prêtes à déguster, ou à réchauffer quelques minutes au four une fois arrivé chez soi. "On l'a prise à réchauffer. Donc on va rentrer tranquillement, se poser chez nous, et on va la manger par la suite d'ici une heure ou deux. On fait nos courses pendant qu'on a le droit et quand on est confinés, on a le temps de manger", confie un client. "Je trouve que c'est important de les faire travailler. Il faut bien être là pour eux aussi", ajoute une autre.
Il ne reste plus qu'une très courte période pour faire le chiffre d'affaire de la journée. Ce n'est pas facile de garder le moral dans ces conditions, d'autant qu'il faut faire sans une grande partie de la clientèle. "On fait à peine 20% du chiffre d'affaires habituel", précise le pizzaïolo Serge Poirier. "On fera des petits calculs en fin de mois. On verra si c'est intéressant vraiment d'ouvrir ou pas. Mais dans un premier temps, il faut respecter la clientèle donc j'ai fait le choix d'ouvrir."
Aujourd'hui pas de miracle. À 18h, après seulement une dizaine de pizzas vendues, il est déjà l'heure de baisser le rideau.
L'État prend en charge une partie des pertes
À quelques kilomètres de là, à Varennes-Vauzelles, Éric Cheminade a fait un autre choix. En temps normal, son camion-pizza dessert cinq villages, du mardi au samedi. Mais face aux coûts de déplacement et au risque de gâcher de la marchandise, il ne sort plus du toute depuis deux semaines.
"On arrive sur place à 16h30, le temps de se mettre en place jusqu'à 17h20. Ouvrir une demi-heure pour envoyer cinq, six ou sept pizzas, ce n'est du travail. Je me sens un peu inutile en ce moment par rapport au premier confinement où tout le monde était arrêté. Parce que je vois des industries travailler, je vois des gens travailler le midi, l'après-midi. Et nous, on ne fait plus rien", regrette-t-il.
L'État prend en charge en partie la perte de chiffre d'affaires grâce au fonds de solidarité. Mais Serge et Éric souhaitent avant tout pouvoir retravailler normalement et retrouver chaque jour leurs clients.