Dans la Nièvre, Jules Cyprès nourrit un rêve : une participation aux Jeux olympiques de Tokyo ou Paris. Le jeune perchiste s'entraîne dur pour franchir les étapes. Mais à côté, il mène une autre vie, celle d'agriculteur. Et pas question de délaisser un monde pour l'autre.
À 23 ans, Jules Cyprès est un grand espoir de la perche française. Pour lui, tout a débuté au gymnase de Cercy-la-Tour, dans la Nièvre. Depuis l'enfance, il progresse centimètre après centimètre pour atteindre aujourd'hui un record à 5 m 55, la sixième performance nationale en 2020. "C'est par palier. Des fois, pendant deux ans, on ne va pas progresser mais on va fournir un travail pour pouvoir progresser dans les deux ans qui vont suivre, explique le jeune homme. C'est surtout de la patience et du travail, ne rien lâcher."
Perturbé dans son ascension par une grave blessure après une chute l'an dernier, le jeune perchiste s'est accroché, l'esprit fixé sur ses objectifs. "Aujourd'hui, je pense que Jules sait pourquoi il va aller chercher des centimètres. Ce garçon est méritant, tous les autres perchistes de son niveau paraissent nantis par rapport à son activité professionnelle et sa capacité à s'entraîner tout en travaillant", détaille Jean-François Raffalli, son entraîneur.
Une deuxième vie à la ferme
En effet, Jules Cyprès a deux vies. Quand il n'est pas sur les sautoirs, son quotidien est celui de l'exploitation familiale à Montigny-sur-Canne, au plus près des animaux et notamment des chevaux de course. "C'est complètement différent de l'entraînement, des compétitions. Mais c'est comme si j'en avais besoin. C'est un équilibre pour moi, affirme-t-il. Beaucoup diront que je me fatigue à la ferme, mais j'en ai besoin. Parce que manger perche, dormir perche, faire de la perche tout le temps… je pense que je ne pourrais pas tenir. Donc ça me fait du bien."
Fils, petit-fils, arrière-petit-fils d'agriculteur, l'élevage est son autre passion et une façon d'assurer son avenir. "Pour moi, la perche est une parenthèse. Donc je fais tout pour la vivre à fond. Après, je sais que je vais revenir ici, ma vie sera ici."
"Ce n'est pas anodin de voir des perchistes qui sont agriculteurs. Donc j'ai envie de faire découvrir mon monde, de montrer vraiment la vraie image de l'agriculture", ajoute-t-il.
Malgré cette vie bien remplie, Jules Cyprès côtoie déjà le plus haut niveau. Il revient tout juste de dix jours de stage avec l'équipe de France. Cette année, il a intégré le groupe de Renaud Lavillenie et de son mentor, Philippe d'Encausse, à Clermont-Ferrand. "Je suis vraiment dans le bain, je suis entouré de haut niveau, où on a vraiment une complicité mais aussi une adversité dans les séances. C'est ce que je recherche avant tout quand je vais à Clermont-Ferrand."
Les Jeux olympiques en ligne de mire
Un environnement tourné vers la performance et un but : la sélection olympique à Tokyo ou Paris. "Une expérience olympique serait sans doute immanquablement une somme de souvenirs inoubliables qu'il pourrait raconter à ses enfants ou petits-enfants plus tard, ou au moins aux jeunes perchistes du club. C'est tout le mal qu'on lui souhaite parce qu'une expérience olympique, ça ne se raconte pas, ça se vit", confie son entraîneur qui est aussi speaker officiel francophone des JO depuis Atlanta en 1996.
"C'est le graal, c'est la compétition que tout athlète aimerait faire. Après, il n'y a pas que celle-ci, ce n'est pas une fin en soi non plus. C'est un objectif, on va tout faire pour le réaliser", explique Jules Cyprès. Pour prétendre faire le voyage au Japon, le perchiste doit viser 5 m 85 et un podium aux championnats de France. Il lui reste encore six mois de travail, avant de toucher du doigt son rêve olympique.