Dans la Nièvre, la RN 151 est fermée pour travaux pendant 3 mois. Une déviation est en place. Conséquence : à Moulot, qui fait partie de Clamecy, les riverains excédés voient les véhicules défiler à vive allure dans leur hameau. Ils ont installé des panneaux pour dénoncer les risques d'accident.
La déviation de la colère
Paula Maréchal n’en peut plus. Cela fait des années qu’elle habite le hameau de Moulot, dans la Nièvre. "La route départementale 977 qui traverse notre village est déjà dangereuse au quotidien, mais depuis que la RD 151 a été déviée par chez nous, c’est pire, car c’est sans arrêt."
"Les conducteurs ne respectent pas la limitation de vitesse. Donc, on a du bruit sans arrêt. Par moments, on est même obligés de fermer les volets, car on ne s’entend pas.
De plus, il n’y a pas de trottoirs, parfois on est obligés de raser les murs.
Et quand on fait signe aux gens de ralentir, parce qu’on sort de chez nous avec nos petits-enfants, souvent des conducteurs s’arrêtent et nous disent des mots pas très sympas."
C’est un chantier routier qui a transformé la vie des riverains en véritable cauchemar. Depuis quelques jours, des centaines de voitures et de camions passent sous leurs fenêtres du matin au soir, pratiquement sans interruption.
Des nuisances qui ne sont pas près de s’arrêter, vu le panneau routier installé à l’entrée du village. Il signale que la route nationale 151 entre Varzy à Clamecy sera barrée du 24 août au 20 novembre 2020 et qu'il faut suivre la déviation qui passe par Moulot.
"Les camions qui passent créent une onde de choc sur la maison. Ça commence tôt le matin. Ça ralentit à certains moments et puis ça reprend", explique Yves Bière, un autre riverain.
Des voisins se sont concertés et ils ont fabriqué des panneaux pour alerter les conducteurs de passage. Des silhouettes de piétons notamment ont été posées ici et là.
Ce n’est pas pour les embêter qu’on leur demande de ralentir en traversant le hameau, c’est parce qu’il y a une vie, il y a des enfants et c’est dangereux. Il n’y a pas de trottoirs, parfois on est obligés de raser les murs. Il va peut-être falloir qu’il y ait un mort pour que les gens se rendent compte et roulent simplement à 50 km/heure comme la loi le prévoit.
Voir des camions et des voitures passer à plus de 80 km/heure ou regarder un camion qui double un tracteur en plein village, "ça ne peut pas le faire, il faut qu’on trouve une solution" déclarent les habitants.
A la mairie, on se dit "conscient des problèmes" et "on y travaille".
"Depuis l’an dernier, on avait anticipé pour aménager un chemin piétonnier qui va de l’entrée de Moulot jusqu’à l’arrêt de bus", déclare Alain Dedianne, adjoint au maire de Clamecy en charge des travaux et de l'urbanisme.
"On a aussi fait installer deux radars pédagogiques pour rappeler aux conducteurs qui traversent le hameau que la vitesse est limitée à 50 km/heure."
Mais, pour certains habitants, ces aménagements ne servent pas à grand chose.
"Au début, le radar pédagogique a peut-être marqué un peu, mais maintenant, il ne fait plus rien du tout", estime François Maréchal.
"J’ai suggéré une zone 30 comme il y en a dans beaucoup de villages avec des ralentisseurs. Cela permettrait d’améliorer la situation. Aujourd’hui, la circulation est limitée à 50 km/heure et les gens roulent à 80 km/h. Alors que si on passe à 30 km/heure, ils rouleraient à 50 à cause de la peur du gendarme", assure le riverain.
Si les gendarmes venaient trois à quatre fois dans la semaine pendant un mois et restaient 20 minutes, je pense qu’il y aurait un impact.
Suite à la demande de quelques habitants de Moulot et d’élus de l’opposition, une réunion est prévue le 2 septembre avec les services techniques municipaux et ceux de l’Etat et du Département de la Nièvre.
"On va tous discuter pour voir ce qu’on peut mettre en place", indique l’adjoint au maire chargé des travaux et de l'urbanisme. "Ce n’est pas moi personnellement qui vais décider", ajoute-t-il.
"J’ai moi-même des enfants et des petits-enfants et la sécurité des piétons est une question primordiale", conclut l’élu.