Du 24 au 26 mars, les professionnels européens de la laine sont réunis à Bazolles, dans la Nièvre. Ils rêvent de renouer des liens pour recréer une filière de qualité.
Qu'est-ce qui lie un berger, une chapelière et un tondeur professionnel ? La laine évidemment !
Pour recréer une véritable filière entre les professionnels de l'élevage, les entreprises de traitement de la laine et les artisans, l'atelier Laines d'Europe et le collectif Morvanlaine organisent un rassemblement à Bazolles dans la Nièvre entre le 24 et le 26 mars 2022.
Tous ces passionnés font face à une difficulté : même si la France compte 7.7 millions de moutons, il n'est pas évident de vendre sa laine ou d'en acheter. Le circuit de tonte et de lavage est peu adapté aux petites exploitations. Chaque transformation nécessite une préparation différente comme l'explique Nathalie Pinault, du collectif Morvanlaine : "Il faut carder, laver la laine, mais aussi la filer si on veut du fil, la tisser." Elle ajoute : "Si on veut des tapis, c'est une autre façon de travailler; si on veut du feutre, c'est une autre façon de travailler; si on veut des matelas, c'est encore une autre façon de travailler."
Tous ces gens-là ont besoin de se parler pour pouvoir travailler de manière vraiment professionnelle, faire des produits de qualité et répondre à la demande.
Nathalie Pinault, collectif Morvanlaine
La laine, matière noble sous-exploitée
Entreprises de lavage, filature, teinture, tricotage, tissage, artisans-matelassiers, tisserands, feutriers… La liste des travailleurs amenés à utiliser de la laine est longue. Pourtant, les éleveurs de moutons jettent souvent la précieuse tignasse par manque d'interlocuteurs.
Alexandrine Parmentier, qui préside un groupement d'éleveurs ovins de Sologne, reconnaît : "Que ce soient des éleveurs en lait ou en viande, la laine est à l'heure actuelle jetée ou vendue à très bas coût, alors que c'est une matière noble."
Avec la baisse des débouchés chinois depuis la crise sanitaire, les professionnels semblent plus intéressés par le projet de reconstitution d'une filière complète, projet pour lequel militent depuis longtemps les artisanes lainières du collectif Morvanlaine. Avec la vague de "l'acheter local", Christine Delbove installée à Rouy, dans la Nièvre, depuis une dizaine d'années, constate que "la laine a repris du poil de la bête".
Je pense qu'il y a des débouchés riches et variés.
Alexandrine Parmentier Présidente d'un groupement d'éleveurs de Sologne
Lors de ces trois jours de rencontre, des ateliers de démonstration et d'échanges ont permis aux différents acteurs de partager leurs contraintes et leurs besoins techniques.