Le boîtier E-Boo, imaginé par un secouriste du SAMU, se développe en Bourgogne-Franche-Comté. Il permet aux secours en hélicoptère de se poser plus rapidement et plus sûrement au plus près de leurs zones d'intervention. À la clé, un précieux gain de temps pour les victimes.
C'est un petit boîtier qui peut sauver des vies, ou du moins faire gagner un temps précieux aux secours d'urgence. En Bourgogne, depuis l'an dernier, 40 communes se sont équipées de E-Boo, un dispositif imaginé par un urgentiste du SAMU de Saint-Etienne.
Une solution pour éviter des "blocages tout bêtes"
En pratique, ce boîtier est équipé de deux fonctions : il peut allumer à distance les lumières des stades de foot, et il possède une caméra qui donne la météo en temps réel.
Pourquoi les stades de foot ? "Parce que de nuit, les hélicoptères du SAMU ont besoin de 30 x 60 mètres pour se poser, ce qui correspond à la taille d'un stade de foot", explique Juliette Delion, de la société HIS qui commercialise E-Boo. Pour se poser, les engins ont aussi besoin que le stade soit allumé. Or pour cela, jusqu'à présent, la procédure était fastidieuse : "Il faut trouver le portable du maire, l'appeler, lui demander d'aller allumer les lumières au stade. Ce qui donne parfois lieu à des blocages tout bêtes : le club de foot a changé les serrures, donc il faut appeler l'entraîneur en pleine nuit pour qu'il vienne ouvrir... Ça peut faire perdre facilement 20 à 30 minutes aux équipages."
"Avec E-Boo, l'application est reliée à la planche de vol des équipages, qui peuvent allumer les lumières à distance et vérifier la météo sur place."
Juliette Delion
Quant à la caméra qui donne accès à la météo sur place en temps réel, elle représente aussi un avantage pour les équipiers du SAMU. "Quand on est basé à Dijon, il ne fait pas le même temps dans l'Yonne ou dans la Nièvre... Et cela peut aussi varier à quelques kilomètres près. Il peut y avoir du brouillard dans une commune et pas dans une autre", note Juliette Delion. Grâce à la caméra en temps réel, les équipes du SAMU peuvent, depuis leur base, vérifier quel temps il fait à l'endroit où elles souhaitent poser l'hélicoptère. "En cas de mauvais temps, grâce aux caméras, on peut voir les trous de beau temps dans les basses-couches. Ce niveau de précision, on ne l'avait pas avec les données de Météo France", précise Juliette Delion.
Les secours "ne perdent plus une seule seconde"
Le temps ainsi gagné est particulièrement utile aux communes les plus éloignées des "gros" centres hospitaliers. Ouroux-en-Morvan, par exemple, où les quelque 700 habitants mettent plus de 45 minutes à se rendre aux urgences les plus proches, selon cette carte de l'ARS. Le village est le premier de la Nièvre à s'être équipé d'E-Boo, en juin dernier. "Les élus n'ont pas hésité", note Lydie Amiot, secrétaire de mairie et sapeure-pompier. Ici, le boîtier n'a pas encore servi. Mais le cas échéant, "ce sera un gain de temps certain", affirme Lydie Amiot.
"En secours terrestre, le centre hospitalier le plus proche est à Autun, à trois quarts d'heures de route. L'hélicoptère de Dijon, lui, ne met qu'une vingtaine de minutes..."
Lydie Amiot
Même chose dans l'ouest de l'Yonne, à Charny-Orée-de-Puisaye, commune proche du Loiret. La mairie a installé E-Boo il y a à peine deux semaines. "Ça nous tenait à cœur", confirme la maire Elodie Ménard. Avant, de nuit, les hélicoptères ne pouvaient pas se poser à Charny et pour toute intervention nocturne, il fallait passer par la route. "C'était a minima 30 minutes de route depuis Joigny, et entre 45 minutes et une heure pour Auxerre. Sans compter les risques d'accidents avec des animaux, nos routes parfois rurales, avec beaucoup de virages..."
"Aujourd'hui, c'est rassurant pour nous qui sommes éloignés des centres d'urgences d'avoir ce délai d'intervention réduit."
Elodie Ménard
"Rassurant" pour les habitants, mais aussi pour les élus de ces communes, souligne Juliette Delion de la société HIS. "Ça enlève cette responsabilité qui pèse sur les épaules des maires. Désormais, les équipes de secours sont 100% autonomes, elles ne perdent plus une seule seconde." Dans la région, trois hélicoptères tournent 24 heures sur 24 : ceux de Dijon, Châlon-sur-Saône et Besançon, et deux hélicoptères sont habilités à voler en journée seulement : ceux de Nevers et d'Auxerre.
► Découvrez la carte des communes équipées de E-Boo
L'installation d'E-Boo coûte environ 3 000 euros aux communes, qui paient par la suite un abonnement. Le coût peut être pris en charge, totalement ou partiellement, par les Départements. C'est le cas de l'Yonne, qui a validé il y a trois mois un financement à 80% du prix d'installation du dispositif pour une trentaine de communes.