Ils dénoncent un "management brutal" : grève reconduite chez Jacquet à Clamecy, "on veut que ces gens-là s'en aillent"

La grève, débutée ce jeudi 14 décembre sur le site Jacquet 2000 de Clamecy (Nièvre), a été reconduite. Les salariés dénoncent une "situation intenable" et déplorent le décès d'un ex-salarié. La direction répond.

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MISE À JOUR VENDREDI 15 DÉCEMBRE : Un accord a été trouvé dans la journée de vendredi afin d'améliorer "le dialogue social". Le travail reprendra samedi 16 décembre. 

Le mouvement de grève de 24 heures a été reconduit à l'usine Jacquet 2000 de Clamecy (Nièvre), spécialiste des pains spéciaux comme les toasts ou les burgers. Le syndicat CGT dénonce un "management brutal" à l'encontre des salariés. Ils sont 330 salariés sur deux sites à Clamecy, Jacquet 2000 et Le Helder, ce qui fait de Jacquet-Brossard le plus gros employeur du secteur.

"La situation couvait, et là, ça explose !"

Les grévistes occupent le parking de l'entreprise et le mouvement est très suivi d'après le syndicat (95% selon la CGT, 10% selon la direction). Toutes les fabrications sont arrêtées, et la partie logistique est également à l'arrêt depuis 6 heures du matin ce jeudi : "rien ne sortira aujourd'hui [jeudi, NDLR]" assure Hervé Rivière, délégué syndical CGT et secrétaire du CSE.

Il dénonce la situation "intenable" dans l'entreprise : "on sent la pression de plein de choses depuis un moment déjà, la situation couvait et là, ça explose."

L'explication, selon le syndicaliste :"c'est lié à l'arrivée de notre directeur, Jérôme Werner. Il n'y a pas de dialogue du tout."

Avec ce mouvement social, le syndicat "veut mettre la pression sur la haute direction, on veut que ces gens-là s'en aillent, on a eu des gens avec des paies à zéro euro. Il y a eu des erreurs de paie." Le syndicaliste pointe du doigt également un ensemble de dysfonctionnements liés à l'arrivée de l'équipe actuelle.

Troubles RPS

Le syndicaliste dénonce de même des troubles psychosociaux dans l'entreprise, une demande d'enquête était voulue par le syndicat depuis plusieurs années. "On a des cadres qui pleurent devant leurs écrans. On leur met la pression, il faut des résultats !"

Durant cette journée de grève, les salariés vont se rendre à la Collégiale de Clamecy à 15 heures pour rendre hommage à un ancien collègue décédé. Un salarié qui avait 19 ans d'ancienneté dans l'entreprise, et licencié pour des motifs contestés par le syndicat, "pour être soi-disant sorti en tenue le soir".

"il n'y a pas eu de mise à pied, il a été licencié directement pour faute grave, accuse Hervé Rivière. Il avait des doutes, des incertitudes et ça l'a rongé, on l'a vu dépérir jour après jour. Un jour, sa femme l'a retrouvé chez lui inanimé, il a été emmené à l'hôpital de Dijon il y a un mois, il a été opéré à plusieurs reprises. C'est quelqu'un qui était passé par deux burn-outs. La direction l'a mis sur un piédestal pendant des années, il était manager. Et du jour au lendemain ils l'ont descendu, ils l'ont broyé."

Ce salarié avait 41 ans, son décès est consécutif à une hospitalisation. Il était marié et avait un enfant. 

"Il y a une volonté de développer la proximité entre les manageurs et les salariés" pour la direction

La direction de Jacquet-Brossard souhaite apaiser la situation. "Nous avons la volonté de beaucoup investir sur les deux sites de Clamecy l’année prochaine : 2,9 millions d’euros. Un nouveau directeur d’usine a été recruté pour accompagner ce développement. Dès que le malaise est apparu avec le préavis de grève, le directeur industriel (l’encadrant des directeurs d’usines) et le DRH national du groupe, sont venus sur le site pour rencontrer les employés. Aujourd’hui, il y a une vraie volonté d’accompagner la transformation du site par une proximité entre les manageurs et les salariés."

Concernant le décès de l'ex-employé, " nous sommes évidemment très tristes du décès d’un ancien salarié de Jacquet-Brossard, c’est une situation terrible. Nous comprenons que l’ensemble des salariés soient touchés par le décès d’un de leur ancien collègue. Cet ancien salarié a été licencié en septembre 2023 pour faute grave, manquements répétés des règles en lien avec l’hygiène et la sécurité du site. Aucun élément n’a été porté à notre connaissance d’un lien entre son décès et son licenciement."

La CGT devait rencontrer la direction de Jacquet-Brossard en fin de matinée ce jeudi. À l'issue de la réunion, le mouvement a donc été reconduit.

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